Collège Gabriel Séailles : une restitution forte en émotions

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Jeudi 4 avril, en partenariat avec l'Astrada-Marciac, le collège Gabriel Séailles et les artistes Sophie BERNADO, Marie DELMARES et Margot CHAMBERLIN avaient invité le public à la restitution-spectacle des élèves de 4ème.

Pour rappel, depuis 3 ans, l'établissement accueille chaque année un artiste en résidence avec le soutien de la DRAC et de partenaires culturels gersois : Chemins d'Art en Armagnac avec l'artiste Ana Vorgan en 2021, Memento avec l'artiste Liis Lillo en 2022, Circa avec l'artiste circassien Philippe Ribeiro en 2023.

Pour la dernière année de ce cycle, c'est l'Astrada de Marciac qui est intervenue avec non plus un artiste mais trois et quatre semaines de résidence au lieu de deux puis trois les années précédentes.

Nous avions rencontré en décembre les différents protagonistes du projet, les trois artistes, Fanny Pagès, la directrice de l'Astrada, Manuel Henon le principal du collège, Sophie Maatougui, professeur d'arts plastiques et porteuse du projet de résidence d'artiste.

Les trois artistes représentant trois disciplines différentes n'avaient jamais travaillé ensemble jusque-là.

Margot Chamberlin est plasticienne pour le spectacle vivant et scénographe, elle réalise des décors, fabrique des marionnettes de théâtre d'ombre...

Marie Delmares est comédienne, metteuse en scène et autrice. Elle est la directrice artistique de la compagnie Les Attracteurs Etranges.

Sophie Bernado est musicienne, elle joue du basson, chante et compose. Sa compagnie s'appelle « L'avis des rêves ».

C'est Fanny Pagès la directrice de l'Astrada qui les a réunies : connaissant leur travail, elles savaient qu'elles pouvaient mettre en dialogue leurs compétences.

Les trois artistes nous avaient présenté leur thématique plutôt déroutante au premier abord : un banquet participatif autour de la thématique de la mort !

S'inspirant du concept du café mortel né en Suisse à l'initiative de Bernard Crettaz, sociologue et anthropologue suisse qui souhaitait ainsi renouer avec la tradition païenne des repas de funérailles, les trois artistes ont croisé leurs disciplines autour d'une thématique de la mort abordée sous l'angle d'une ode à la vie !

Et c'est en effet une ode à la vie que nous ont présentée les élèves de 4e dans la salle du gymnase où ils ont fait vivre au public très nombreux un moment suspendu empreint d'émotions plus fortes les unes que les autres qui sont allées crescendo tout au long du spectacle.

Le public était accueilli à l'entrée du collège par le chant "Remains of the day" extrait du film Noces Funèbres de Tim Burton interprété par la chorale du collège accompagnée au piano par le professeur de musique.

Les élèves entraînaient ensuite derrière eux le public dans une déambulation inspirée de The  Nelken Line de Pina Bausch et orchestrée par leur professeur de sport jusqu'au gymnase. S'étaient ajoutés aux élèves de 6e et de 3e ceux de l'école primaire de Riguepeu.

On pouvait admirer au passage des totems célébrant la divinité géométrie et nature réalisés en cours de mathématiques par les élèves de 5e. 

Quand le public très nombreux a été installé dans le gymnase, l'orchestre du collège a ouvert le bal en posant l'ambiance avec une composition réalisée sous la houlette de la musicienne du trio, Sophie Bernardo chargée de l'habillage musical du spectacle et des interludes musicaux

Au fond de la scène, une table richement décorée grâce aux réalisations des élèves sous la houlette de Margot Chamberlin  attendait les convives de ce café mortel.

Marie Delmares a expliqué au public le principe du café mortel inventé pour sortir la mort du tabou.

« On va parler de nos peurs, peur de la mort, peur de l'absence, peur de la perte de ceux qui nous sont chers mais aussi rendre hommage à nos chers disparus sans oublier de célébrer la vie comme dans d'autres cultures » a-t-elle précisé.

Et c'est sur le mode de l'humour que le spectacle a commencé avec des devinettes ou anecdotes décalées sur la mort énoncées par les élèves-acteurs.

« Pourquoi le cercueil d'un homme mort de rire est-il petit ? Parce qu'il est plié en quatre... »

«  Comment appelle-t-on des chaussures d'enterrement ? Ce sont des pompes funèbres... »

Le ton est donné et les élève enchaînent en présentant les façons de mourir les plus « stylées » possible !

On va rapidement glisser de l'humour à l'émotion avec l'énoncé des peurs de chacun.

Mais un câlin collectif vient apporter du réconfort à ceux qui ont eu le courage d'avouer leurs angoisses.

Puis on passe derrière la table pour porter un toast à nos chers disparus.

Des noms sont cités, les noms d'êtres chers aux élèves aujourd'hui disparus.

L'émotion est à son comble quand chacun vient dire un mot d'hommage à celui qui lui manque et qui n'est plus là, un père, une mère, un frère, une sœur, un ami, un grand-père, une grand-mère, un animal de compagnie...

Quelques mots choisis suffisent pour exprimer le manque et la peine. Des mots qui sont ceux des élèves qui ont été laissés libres dans leur travail par les artistes.

L'atmosphère est lourde...Le temps s'est arrêté...Le silence règne dans la salle suspendue aux mots d'une grande intensité...

C'est le moment des offrandes aux défunts dont l'âme est revenue parmi nous.

Un travail important autour des masques inspirés des cultures d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud avait été réalisé par les élèves guidés par Margot Chamberlin.

Le spectacle s'achève dans la joie d'une folle danse.

La boucle est bouclée.... Le spectacle qui a commencé sur un mode léger s'achève dans la joie après des moments forts pour tous, acteurs et spectateurs.

Le principal, Manuel Henon,  a salué le travail et le courage des élèves qui ont fait vivre au public « un moment exceptionnel » avant de remercier tous ceux qui ont permis la réalisation de ce beau projet, la DRAC qui le finance, l'Astrada, le rectorat, la direction académique, la municipalité, tout le personnel du collège qui de près ou de loin s'est investi dans cette aventure.

Sophie Maatougui, professeur d'arts plastiques et référente du projet de résidence d'artiste, a adressé ses remerciements avant tout aux artistes, les élèves, « qui ont assuré » puis aux trois artistes professionnelles qui ont fait vivre une parenthèse extraordinaire au collège.

Elle a salué Nathalie Di Giusto, ancienne principale présente dans le public, qui a fait naître ce projet il y a 4 ans.

Le public a pu ensuite se diriger vers le rez de chaussée du collège transformé pour l'occasion en galerie artistique.

« Ce collège où je viens tous les jours, je ne le reconnais plus aujourd'hui ! » a plaisanté Manuel Henon.

En effet, si la résidence est plus particulièrement dirigée vers les élèves de 4e, tous les élèves en sont les acteurs par le biais de réalisations dans toutes les disciplines.

C'est ainsi que le public était invité à un voyage dans le temps et dans l'espace parfois déroutant mais d'une extrême richesse.

Nous y reviendrons dans un prochain article.

L'objectif de ces résidences est d'ouvrir l'école sur le monde : un objectif atteint de belle manière !

Félicitations aux élèves et à toute l'équipe du collège pour cette magnifique soirée comme on espère en vivre d'autres dans les années à venir !

Crédit photos : François MACE 

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