Après quelques semaines d'absence pour laisser la place du dimanche à notre stagiaire journaliste Neyla Darrhouch, retour de la rubrique "Revenons sur nos pas".
Revenons sur nos pas aujourd'hui au temps des austères maisons de campagne.
Notons tout d'abord que l'habitat est dispersé dans la campagne et se concentre autour des points d'eau.
Chaque ferme a sa mare à proximité de l'étable et de la basse-cour.
La maison est orientée en fonction du vent dominant, le vent d'ouest aux fortes bourrasques. L'arrière de la maison est adossée à l'ouest, cette façade ne comporte pas d'ouvertures et le toit descend très bas à 1 m du sol pour ne pas offrir de prise au vent. Les ouvertures sont à l'est et au midi.
La porte d'entrée souvent en chêne est surmontée d'une vigne grimpante ou de glycine.
Les murs sont en pisé, c'est-à-dire une sorte de mortier constitué d'un mélange de boue et de paille pris entre des barres de bois. Les maisons « bourgeoises » sont en pierre de taille.
Les tuiles utilisées sont des tuiles canal qui résistent mieux aux vents d'ouest que les tuiles plates.
La pièce principale, parfois la pièce unique, est le cauhadé (le chauffoir) où trône la cheminée.
Le sol est en terre battue ; lors des soirées de destanadé (dépouillage) ou d'escouesso (repas de fin de vendanges), les anciens étaient ravis de voir les jeunes tasser le sol en dansant dessus ! Plus tard, on recouvrira le sol de carreaux en terre réalisés par les tuileries.
Le cheminée est immense. Parfois une plaque de fonte est placée au fond de la cheminée. Chez moi, elle avait été fabriquée par le forgeron et décorée d'un clocher et d'un attelage de bœufs. « C'est joli mais ça a coûté cher ! » disait mon grand-père. En effet, on n'en trouvait pas dans les demeures modestes.
La marmite est suspendue au crochet à crémaillère, la chaîne à contrepoids retient la poêle à longue queue, ce qui évite à la cuisinière de se brûler.
Dans un angle, on trouve l'évier, un bassin encadré de murettes sur lesquelles on pose les cruches en terre que l'on incline pour faire couler l'eau.
La longue table très épaisse souvent en hêtre ou en chêne occupe un côté de la salle. Quand elle est salie ou abîmée, on passe un coup de rabot pour la remettre à neuf !
Elle est dotée de tiroirs encombrés d'objets divers.
Plutôt qu'un buffet, on va trouver une lourde armoire haute et large à deux battants.
Un meuble incontournable est le vaisselier, sorte de dressoir qui expose aux regards et à la poussière les assiettes et les couverts posés sur des étagères.
Dans un angle, la pendule comtoise majestueuse qui égrène les heures.
Quand la pièce n'est pas unique, on trouve une ou deux chambres dans le prolongement de cette pièce.
Au-dessus de la pièce principale, se trouve le grenier à grain.
Le fenil se trouve au-dessus de l'étable le plus souvent séparée de la maison. On fait tomber le foin par des trous creusés dans le sol.
Dans le prolongement de l'étable, existait parfois un hangar pour abriter tout le matériel en bois qui ne devait pas rester à la pluie:charrettes, tombereaux, rouleaux, herse...
Face à l'étable, dans un coin de la cour, le tas de fumier. Comme il fallait curer l'étable régulièrement, cette proximité était nécessaire pour éviter trop de main d'oeuvre.
Du côté des champs, la cour se prolonge en terrain vague, le pâtus planté d'arbres fruitiers, pêchers, abricotiers, poiriers, pommiers.
Pierre DUPOUY
Photo : Pierre Delinière