Le Gers compte quelques fleurons de l’aéronautique, tels Latécoère à Gimont (éléments de structure), Lauak à L’isle-Jourdain (Usinage pièces jusqu’à 4m), Cousso à Nogaro (mécanique de précision), JCB Aero à Auch (aménagement intérieur) ou eXcent à Pujaudran (bureau d’études). En tout, ce sont 25 entreprises qui produisent pour le secteur aéronautique, essentiellement des PME (Petites et Moyennes Entreprises). Il s’agit de la deuxième industrie du département, juste derrière l’agroalimentaire. Pour l’ensemble de la filière, l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 se fera ressentir jusqu’en 2022.
Remi Branet, président de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) du Gers confirme les chiffres déjà avancés par la CCI d’Occitanie : « il faut s’attendre à une baisse moyenne de 50 % de l’activité de ces entreprises cette année, 33 % l’année prochaine et 25 % en 2022 ».
Des chiffres à mettre en relation avec la chute des activités de transport aérien. Ainsi, les reports de commande des compagnies aériennes, voire les plans sociaux chez ces dernières, comme Easyjet qui prévoit de supprimer 4500 postes, ont sérieusement entamé la vitalité de la filière aéronautique du bassin toulousain. Les cadences d’Airbus ont baissé de près de 33 %. Et les répercussions sur les fournisseurs et sous-traitants sont déjà ressenties.
Le plan de soutien à 1 milliard d’euros en ligne de mire
Remi Branet explique : « Cela a commencé par des renégociations de prix pour les fournisseurs d’airbus ou les rangs 2 (fournisseur du fournisseur), puis des reports de commandes, et pour finir par des annulations pures et simples de commandes ».
Les acteurs de l’aéronautique gersois espèrent que le plan de soutien à 1 milliard annoncé par le gouvernement se montrera à la hauteur. Parmi les mesures attendues, la subvention à 100 % du chômage partiel des salariés du secteur. Mais aussi un plan de relance du trafic passager. « Rien en effet ne pourrait véritablement s’améliorer sans une reprise solide de la fréquentation des aéroports par les usagers » rappelle le président de la CCI. Bien d’autres mesures sont espérées de ce plan. Certains entrepreneurs de la région sont d’ailleurs consultés par le gouvernement afin de contribuer à sa rédaction.
La diversification, une clé pour amortir la crise
Certaines entreprises comme Erme, située à Montégut-Arros, ont misé depuis plusieurs années sur la diversification. La PME de 46 salariés réalise 4,5 millions d’euros de CA.
Son PDG, Gérard Cayzac explique : « Les crises nous en avons connu d’autres. Et à force de subir les variations de tel ou tel secteur, nous avons décidé de nous diversifier ». La part de l’aéronautique chez ce fabricant d’outillages a été réduite à 20 %. Ainsi, Erme s’est doté d’un Bureau d’études important pour innover et investir d’autres secteurs ; par exemple, l’Ail ; l’entreprise propose des outillages visant à faciliter les récoltes. Et, ça tombe bien, cette année, le secteur de l’Ail devrait être exceptionnellement bon. Erme exporte ses fabrications qui séduisent un peu partout dans le monde. Gérard Cayzac se réjouit également de la renaissance de l’Ail de Lomagne dont la production est en train d’être relancée. Il pourra ainsi favoriser, avec ses produits, une production locale et de qualité ; et ça, c’est aussi dans l’air du temps. Erme semble avoir flairé le remède anti-crise. L’entreprise ne connaît pas de chômage partiel. Elle a même dû élargir ses horaires de travail afin de pouvoir honorer toutes ses commandes.