Il faut bien l’admettre, personne ne s’extasie lorsque les rues sont déblayées de bon matin. Par contre, on a plus facilement tendance à se rendre compte, à la vue de sacs poubelles entassés sur les trottoirs, que le boulot n’a pas été fait. Trois jours de grève chez les éboueurs, ça vous change une ville.
Même en restant confinés dans nos propres habitations, nous continuons à produire autant de déchets – si ce n’est plus – qu’en période d’activité normale. Trop contents ensuite de pouvoir les déposer devant nos portes ou les jeter au fond d’un container, au lieu d’être obligés de les stocker.
Car depuis le début de la crise sanitaire, les éboueurs poursuivent leurs collectes régulières d’ordures ménagères au domicile des particuliers, bien que les conditions diffèrent. Tournées modifiées, respect des règles et des consignes, monoripage (un seul collecteur au lieu de deux), désinfection de la cabine du camion…
La fermeture, jusqu’à nouvel ordre, des commerces et restaurants limite l’intensité des ramassages. Reste malgré tout l’angoisse légitime d’être au contact de l’ennemi numéro 1 du moment. Alors, les équipes, réduites au minimum, doivent s’armer de masques, gants et gel hydro-alcoolique, lorsqu’elles en sont pourvues.
D’autant que les microbes prolifèrent sur nos détritus, et qu’il est difficile de savoir si certains d’entre eux, comme les mouchoirs abandonnés, ne sont pas porteurs du virus.
Il semble que cette crise ait modifié la perception que nous avions de ces ripeurs (autre terme pour éboueurs), qui doivent faire preuve d’une bonne résistance physique. Longtemps déconsidéré, leur travail revêt soudain tout son caractère indispensable au maintien de l’hygiène publique.
Ainsi, de petits messages de soutien, accompagnés parfois de dessins d’enfants, fleurissent sur les containers : « Merci beaucoup pour votre travail», « Bon courage ! », « Sans vous la planète serait polluée »… Tous exprimant une gratitude collective, jusqu’ici plutôt discrète, à ces travailleurs souvent oubliés.
« Nous ne sommes pas des héros sur le front face aux malades, comme les personnels hospitaliers que j’applaudis tous les soirs, explique l’un d’entre eux. Mais cela fait chaud au cœur de voir ces remerciements. »
Certaines municipalités, comme Paris, ont décidé de leur allouer, comme à tous les agents sur le terrain, une prime nette de 35 € par jour. Mais en l’absence de dispositifs d’urgence mis rapidement à disposition par l’État pour protéger ces agents, la continuité du service de nettoyage ne pourra peut-être plus être assurée.
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