Les Thermes de Castéra Verduzan font la une des journaux avec leur reprise récente par un kiné ostéopathe.
L'occasion de revenir sur nos pas à l'époque de la révolution...
Depuis l'époque romaine, la station thermale de Castéra a connu des fortunes diverses
Elle connut son âge d'or au XVIIIe siècle.
Dès le mois de mai, les diligences y déposaient chaque jour un nombre important d'étrangers de toutes conditions : nobles, bourgeois, ecclésiastiques, artisans et propriétaires campagnards.
Ils venaient de loin, on pouvait même y croiser des Parisiens.
C'est sur les conseils de son médecin, Raulin, que le roi Louis XV fit construire en 1760 à Castéra un confortable établissement thermal qui coûta 60 000 livres prises sur la cassette privée du monarque.
La prospérité se maintint pendant la période révolutionnaire. Le public continuait d'affluer.
A côté de vrais malades qui venaient là se soigner, on trouvait des personnes bien portantes, oisifs fêtards venus là se distraire.
On y rencontrait des hommes appartenant à la politique et à l'administration, des militaires s'y délassant, des jeunes dames et des moins jeunes...
Pendant ce temps, les prisons du département s'emplissaient chaque jour d'une foule de détenus et la guillotine fonctionnait sur la place d'Auch.
Même si les médecins considéraient que les plaisirs des relations mondaines, de la danse et du jeu comme des remèdes moraux susceptibles de faciliter les cures, à Castéra, la dissipation ne connaissait aucun frein en particulier chez les adeptes du jeu.
Sur le tapis vert, en une nuit, des familles se retrouvaient ruinées. On rapporte qu'un homme y perdit la dot de sa femme.
Cette situation parvint aux oreilles du citoyen Dartigoeyte représentant du peuple en mission dans le Gers, un impitoyable conventionnel qui tenait la Gascogne entière sous sa main de fer.
Il adressa sur le champ une lettre à l'agent national près le district de Condom dans laquelle il dénonçait « un abus qui doit indigner tous les patriotes »
« Les bains du Castera sont devenus le centre d'un tripot scandaleux » disait-il.
Il demandait que ce désordre fût immédiatement réprimé.
Moins de 24 heures après la réception de cette lettre, le conseil du district de Condom déléguait trois de ses membres pour aller enquêter sur place et prendre les mesures qui s'imposaient.
Il s'avéra que dans l'auberge du citoyen Cridel, avaient été joués des jeux de hasard qui avaient entraîné des pertes considérables.
Un arrêté fut immédiatement pris pour faire appliquer la loi empêchant les jeux de hasard prohibés par la loi du 22 juillet 1791.
Dans cet arrêté, il était demandé aussi à la municipalité de visiter les auberges et autres lieux pour s'assurer de ce qui s'y passait.
La municipalité devait également distinguer parmi les étrangers qui fréquentaient les auberges ceux venus pour cause de maladie de ceux qui s'y rendaient pour s'y amuser et dilapider leur fortune.
Les ordres de Dartigoeyte furent donc suivis d'une prompte exécution.
Le citoyen Cridel sera dénoncé au juge de paix.
Pierre DUPOUY
D'après un texte de G. Brégail Société archéologique du Gers 1918
Illustration : carte postale ancienne Castera années 1900