Hugo, l'âne du pélerinage Lauzerte-Lourdes, nous raconte son périple...

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... sous la plume de Sophie

Nous vous parlions la semaine dernière de la randonnée-pélerinage de Lauzerte à Lourdes organisée par l’association Adodâne fondée par Jean-Michel Leroux, une association située à Lauzerte dans le Tarn et Garonne sur le chemin de St Jacques de Compostelle qui organise des randonnées avec un âne pour personnes à mobilité réduite, pour les familles ou les pélerins.

https://lejournaldugers.fr/article/51724-la-randonnee-pelerinage-lauzerte-lourdes-fait-escale-a-montesquiou

L'équipage avait fait escale à Montesquiou.

Sophie, accompagnatrice, fait un beau cadeau au Journal du Gers : le beau récit qu'elle a écrit au nom de l'âne Hugo.

Elle, c'est Sophie, Il, Jean-Michel.

Le Pèlerinage d’Hugo

Bonjour, je m’appelle Hugo, je suis l’âne que IL et ELLE ont choisi pour partir sur les chemins de Compostelle et c’est moi qui vais conter l’histoire de ce pèlerinage de près de 300 km et 16 jours.

IL est une âme qui aime les ânes depuis qu’une Elle qu’il rencontra autrefois lui transmit sa passion pour les braves équidés que nous sommes.

IL nous récupère avant l’abattoir ou lorsque nous ne sommes plus utiles à nos propriétaires.

IL nous rééduque pour que nous puissions marcher tranquillement sur les chemins ou les routes, dans le calme ou l’agitation, le silence ou le bruit en tirant avec courage une petite carriole dans laquelle sont installés des humains qui ne peuvent utiliser leurs jambes pour se déplacer…

Nos pattes rendent ces humains immobiles mobiles… Nous sommes une vingtaine d’équidés à partager cette passion des autres avec lui.

ELLE est arrivée la veille du grand départ, tout sourire et toute colorée, vibrant de joie pour cette nouvelle aventure, un rêve qu’elle avait depuis longtemps, très longtemps… : marcher avec un âne. Je l’ai senti de suite, elle n’avait aucune autorité, elle voulait juste m’embrasser et me caresser… ELLE allait devoir apprendre à me mener.

IL lui expliqua qu’un âne est comme un petit enfant et a besoin d’un cadre sinon il n’en fera qu’à sa tête… c’est-à-dire aller où il veut et manger sans cesse.

ELLE regarda IL, sa barbe et sa carrure, son chapeau noir à larges bords et écouta sa voix forte et son rire joyeux en se disant que ça allait être un chouette voyage avec ce cow boy.

IL et ELLE allaient apprendre à se connaître durant le voyage, et moi, Hugo, j’allais en être le témoin silencieux.

Nous partimes donc, ce beau jour d’automne, sous le soleil, avec la bénédiction d’un prêtre, vers « Qui nous sommes », nous étions nombreux pour cette première journée et moi j’emmenais ce petit bonhomme un peu plié. C’est un voisin qui m’aime beaucoup et que j’aime beaucoup parce qu’il m’apporte toujours des carottes dans son fauteuil roulant.

C’est à travers les collines et les vallées du Tarn et Garonne que nous marchâmes les premiers jours…

Je ne vais pas conter le périple tout entier car il faudrait tant de temps et tant de papier…

Mais je peux dire qu’en quelques jours ELLE m’apprivoisa et put me mener droit…

Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs pour qu’elle apprenne à être autoritaire dans la douceur, et puis je l’ai fait parce qu’elle adore les arcs en ciel.

Les 3 premiers jours furent les plus difficiles pour ELLE, la fatigue de dormir sur le sol et quelques ampoules dans ses chaussures.

IL était lui très solide et marchait très bien, il lui laissa donc le soin de me mener les premiers jours pour qu’elle donne le rythme de la marche et ne soit pas trop fatiguée, elle marchait doucement et nos pas s’accordaient bien.

J’aime les humains, ils sont marrants parce qu’ils ont beaucoup d’émotions, ils peuvent être joyeux, tristes ou en colère avec un tas de nuances que je ne connais pas. Alors je les observe et parfois je viens poser ma tête contre leur corps quand je sens que c’est un temps difficile pour eux.

Parce que c’est arrivé… il y eut des moments vraiment compliqués où il y eut des cris, des larmes et un peu de désespoir mais ça n’a jamais duré très longtemps, juste le temps de défroisser ce qui était chiffonné en chacun d’eux.

Parce qu’il sont comme ça les humains… comme du papier de soie, ils se chiffonnent parfois.

IL et ELLE s’amusaient la plupart du temps, parlaient beaucoup ou pas du tout, prenaient le temps et riaient de ce qu’elle voyait partout… parce qu’elle voyait des esprits en tout, dans les arbres, les fleurs ou les cailloux.

ELLE ramassait sur le chemin nombre de plumes de toutes couleurs et avait dans le dos, en plus de son sac à dos, un « truc rond » dont je me suis demandé ce que c’était…

...jusqu’à ce qu’elle le déballe, c’était un tambour, et ELLE aimait en jouer, chaque fois qu’une pause le lui permettait et que le soleil était là, ELLE le faisait chanter et son visage s’illuminait… 

Le son du tambour ne heurte pas mes oreilles, c’est un son doux et naturel et ELLE ça la transporte vers d’autres plans… et pas qu’ELLE d’ailleurs… ceux qui l’entendent aussi.

Ils sont marrants les humains, ils ont oublié leur véritable nature, le lien avec leur mère la Terre et leur responsabilité : prendre soin les uns des autres et du monde.

C’est vrai quoi il n’y a qu’à se coucher sur la Terre ou se rouler dans l’herbe pour être heureux, manger les baies du bord du chemin ou les fruits dans les arbres et boire dans la rivière pour se nourrir et rester à l’ombre d’un arbre ou sous la pluie pour se rafraichir.

IL et ELLE essayaient de se souvenir… Ils y mettaient beaucoup de cœur, à chaque instant, car chacun d’eux savait que tout leur est donné et que tout ce qui est demandé est accordé. Un sourire, un mot gentil, un regard doux et on repart malgré les embuches.

Notre trio a eu chaud et a frissonné parfois, a traversé des orages, monté des côtes interminables et descendu des ravins, marché le long de rivières dans des vallées verdoyantes, dans la boue ou sur les cailloux, traversé nombre de villages et quelques villes aussi.

Notre trio mit les pieds dans la rosée du matin, vit des levers de soleil lumineux, la lune pleine rendre la nuit comme le jour, vit des couchers de soleil resplendissants qui réchauffent les cœurs tristes ou fatigués.

Et toutes ces rencontres… celles et ceux qui ont partagé la marche pendant une journée ou plus… celles et ceux qui ont dormi en notre compagnie, celles et ceux que j’ai promené(e)s dans ma carriole, qui parfois ne pouvaient communiquer qu’avec leurs yeux…

Alors je venais mettre me tête tout contre eux…

Que dire de celles et ceux qui semblaient être des anges envoyés du ciel, présents au bord du chemin avec leur sourire et un mot gentil pour nous encourager. Tous ces partages d’histoires humaines rendaient IL et ELLE chaque fois plus doux, des histoires extraordinaires, comme ces humains qui cherchent à retrouver le souvenir de qui ils sont vraiment…

Oh je pourrais vous raconter pendant des heures ce qui leur est arrivé mais finalement l’important c’est juste de retrouver la mémoire… un peu plus à chaque pas…

Alors au prochain départ, serez-vous là ?

Rendez-vous au printemps prochain pour repartir sur le Chemin…

Texte et photos : Sophie

Contact Adodâne : 

https://adodane.jimdofree.com/

https://www.facebook.com/profile.php?id=100063611767993

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