Ce n'est plus la saison de la cueillette des champignons mais à l'occasion d'une dégustation d'omelette aux cèpes – congelés bien entendu ! - me sont revenues ces deux petits histoires.
Aujourd'hui, c'est repas de fête chez Marie et Jean-Louis à l'occasion de la fête locale.
On a invité les cousins et les cousines et on fait frire des champignons.
Cette année, la récolte a été fabuleuse. Les gens se sont précipités dans les bois et personne n'est rentré bredouille.
En dégustant les champignons, le grand-père se souvient de deux mésaventures liées à cette période automnale souvent fébrile pour les amateurs de champignons !
« Je me souviens d'une famille de cousins de Pierre et Madeleine venue avec leurs cinq enfants dans la voiture familiale.
Pierre et Madeleine étaient heureux de les revoir même s'il s'agissait de cousins éloignés qu'ils fréquentaient peu.
De bonne grâce, ils leur donnent quelques conseils sur les lieux à privilégier pour trouver la denrée recherchée.
Ils partent tous les sept, paniers en main, et au bout de deux heures de promenade reviennent sur leurs pas, les paniers remplis à ras bord.
Quelle n'est pas leur surprise de retrouver leur voiture isolée sur un « îlot » délimité par un fossé de un mètre de profondeur et d'autant de large !
« Tu as vu des panneaux indiquant des travaux en cours quand on est arrivé ? » demande l'épouse à son mari. « Non, il n'y avait rien de signalé ! Comment va-t-on se sortir de là ? »
Après les avoir laissés quelques instants s'interroger sur les solutions s'offrant à eux, Ernest, un paysan du coin surgit : « Ouh la, vous voilà en bien mauvaise posture ! » rigole-t-il.
« Je suis le propriétaire des bois dans lesquels vous avez fait votre belle collecte et j'ai voulu vous faire une blague...et vous donner aussi une petite leçon ! »
Bien heureusement, Ernest n'est pas rancunier, sa pelleteuse n'est pas loin et il a vite fait de créer un passage pour que la voiture puisse repartir avec ses passagers... et leurs champignons !
D'autres ont eu moins de chance, poursuit le grand-père.
Une famille de Parisiens néogersois était partie chercher des champignons dans un bois qu'on leur avait recommandé.
Parfaitement équipés, ils se rendent chez un paysan du coin : « Nous sommes les nouveaux venus qui avons acheté la maison du conte. On nous a dit que vous pourriez nous conseiller sur les meilleurs coins à champignons »
Voulant se montrer complaisante envers les nouveaux venus, sans trop se faire prier, la famille leur donne quelques tuyaux.
Les voilà partis. De retour après une bonne heure de cueillette, ils vont montrer à leurs hôtes trois paniers remplis de magnifiques champignons.
Ceux-ci leur proposent de prendre un café « pour faire connaissance ». On s'installe et on discute.
A un moment, Maurice le grand-père se lève : « Je vais vérifier si le bétail ne s'est pas échappé. Parfois des promeneurs ouvrent des barrières et oublient de les refermer. »
Les Parisiens finissent par prendre congé et regagnent leur véhicule.
Quelle n'est pas leur surprise en ouvrant la malle pour y poser leurs bottes de retrouver des paniers vides.
Maurice n'est pas loin : « Quand une terre est propriété privée, ce qui pousse dessus l'est aussi, j'ai donc récupéré mon bien ! Gardez cet adage en mémoire quand vous repartirez aux champignons ! »
Pierre DUPOUY