RugbItalia : un public au cœur ovale pour cette célébration franco-italienne !

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Dès la création de l'association Folgolâr Furlan Vuascogne en 2016, son président, Italo Scaravetti, avait imaginé cette journée célébrant l'apport italien dans le rugby français.

Pouvait-on imaginer meilleur préambule au match France-Italie que cette journée de communion franco-italienne autour du rugby ?

Une partie de la fratrie Spanghero était au rendez-vous, Laurent, Claude, Jean-Marie et Gilbert - Walter et Guy n'avaient pu se rendre disponibles - accompagnés de quelques grands noms du rugby français d'origine italienne.

Des noms qui résonneront d'autant d'exploits rugbystiques pour les amateurs : José Artero, Alain Bermagasco, Antoine Bertoldo, Roger Bonaldo, Vincent Cettolo, Marc Dal Maso, Dominique Erbani, Jcques Ferron, René Gallo, Jacques Gratton, Philippe Marocco, leon Morelatto, Diego Peccolo, Victor Saltarei, Ercole Trainini.

La moitié des joueurs invités avaient répondu présents, "ce qui n'est pas mal compte-tenu de l’âge,de l’indisponibilité physique et des contraintes de chacun" comme le souligne Laurent Spanghero. Les autres ont pris la peine de s’excuser de leur absence et ont promis qu'ils seraient présents pour une éventuelle seconde édition.

L'objectif de cette journée était de partager, échanger autour de l'apport de l'immigration italienne dans le rugby français au 20e siècle.

Les échanges furent nombreux, riches, empreints d'émotion mais aussi d'humour.

On fit signer de nombreux ballons !

Pour reprendre le titre du livre de mémoires du rugbyman auscitain Marcel Laurent, Mon cœur est ovale, le cœur de tous les participants à cette belle journée était sans conteste ovale !

Des participants qui avaient répondu nombreux à l'invitation d'Italo Scaravetti et de l'UAV Rugby, partenaire de la journée.

Un petit film sur la vie des Spanghero à la ferme de Bram commenté par Roger Couderc ouvrit la journée.

Les Spanghero sont arrivés en France en 1951, leurs parents avaient 40 ans.

Le film montre Walter et son frère aîné Laurent en train de charger des bestiaux dans une bétaillère pour aider leur père. Le ton est donné...

Après les présentations d'usage, place aux échanges et surtout au partage de savoureuses anecotes génératrices de rires dans la salle mais aussi d'émotion parfois.

Des anecdotes, les frères Spanghero pourraient en raconter pendant des heures.

On retiendra celle de ce premier match que Laurent Spanghero jouera en souliers des champs car c'était là qu'on était venu chercher un matin celui qui ne connaissait pas grand-chose au rugby.

Mais il fallait être 15 et peu importe s'il n'y avait pas de crampons en pointure 47 !

Ou celle de cette montée directement de catégorie Honneur en première division, montée impossible aujourd'hui pour un joueur !

Laurent Spanghero raconta qu'il avait signé avec une poignée de main «car on était à l'époque amateur de chez amateur, c'est tout juste s'il ne fallait pas se payer l'eau qu'on buvait ! »

Il y eut aussi des anecdotes dans la salle, des histoires de matchs épiques, un participant qui reprocha aux frères Spanghero de lui avoir fait rater plusieurs heures de cours de français !

En effet, en classe de première au lycée d'Auch, avec quelques compères, ils séchaient les cours de français du samedi après-midi pour aller voir les matchs internationaux des Spanghero sur un écran de télévision qu'installait à l'extérieur pour se faire un peu de publicité un marchand d'audiovisuel !

Ils parvinrent même à convertir au rugby le proviseur du lycée, un gars du Nord qui ne connaissait que le ballon rond !

La parole fut ensuite donnée à Pascal Geneste, président des Archives Départementales qui mettent cette année le rugby à l'honneur.

Dans la continuité d'une exposition itinérante adaptée à La Gascogne « Ciao Italia, ces immigrés italiens qui ont fait la France » - une immigration massive et rapide d'Italiens qui se sont intégrés grâce au sport notamment au rugby -  les Archives Départementales dévoilent cette semaine une exposition intitulée « Du coq à l'âme » concernant l'histoire du rugby gersois au XXe siècle de 1897 en 2005, année du décès de Jacques Fouroux.

Cette exposition visible jusqu'à fin janvier sera accompagnée de manifestations dont une soirée hommage à Jacques Fouroux au Ciné 32 le 1er décembre, Jacques Fouroux dont la soeur Raymonde Bonaldo-Fouroux était présente dans la salle.

Il fut rappelé lors des échanges que 26 millions d'Italiens ont émigré en 100 ans entre 1862 et 1962 et que seuls 10 % sont revenus au pays.

La France était le 2e pays d'accueil après les Etats Unis.

Après les discussions, place à l'apéritif offert à l'ombre des arbres du parc derrière le Clos des Acacias.

Un apéritif qui lançait, comme l'a expliqué Italo Scaravetti, le prototype d'un breuvage nommé « Friûl » créé par le Fogolâr Furlan de Vuascogne.

Les convives l'ayant plébiscité, la création en série de la boisson devrait être lancée !

Retour dans la salle pour un « pranzo italiano » concocté par un traiteur qui ne pouvait avoir été mieux choisi puisqu'il s'agissait d'Alain Icher d'Eurêka, ancien cuisinier au restaurant « Le Grand Venise » dans le Paris Xvème.

Au menu, prosciutto di Parma con melone, Lasagne, Gorgonzola, Radicchio con la roquetta et Tiramissù, sans oublier la tranche de citron à la mi-temps et le Limoncello, du vin du château Viella de la famille Bortolussi originaire du Frioul, Prosecco, Caffè, Grappa.

Après un passage dans le parc pour prendre le café et se dégourdir les jambes, retour dans la salle du Clos pour la diffusion avec commentaires du magnifique France-Angleterre 1972 match dans lequel brilla Walter Spanghero.

Une pause fut ménagée pendant le match pour remettre un prix à la fratrie Spanghero.

Comme l'a expliqué Italo Scaravetti, traditionnellement depuis 2016, l'association remet un prix au responsable d'une œuvre qui raconte le Frioul, écrivain, sculpteur ou autre.

En présence de David Taupiac, député et de Barbara Neto, maire, Italo Scaravetti a remis à Laurent Spanghero une œuvre représentant le Frioul dédicacée à la famille, « une récompense à une fratrie qui a écrit une page unique au monde concernant le Frioul non pas avec une plume mais avec des ballons de rugby »

Laurent Spanghero, ému de cette attention, a remercié l'association par quelques mots empreints d'humilité :

« Nous savons d'où nous venons, nous sommes des immigrés qui avons rencontré des barrières énormes, la langue, le manque d'argent, des barrières que nous avons renversées par la volonté, le goût de l'effort, du travail et si notre jeunesse comprend notre message, nous aurons à peu près fait ce que nous devions faire »

Une "cena" était proposée avant d'assister ensemble au match France-Italie.

Les pronostics allaient bon train avec des avis partagés même au sein de la famille Spanghero !

La France l'a finalement largement emporté mais la victoire à la fin de cette journée était surtout celle de belles valeurs partagées.

Bravo à Italo Scaravetti et à son association pour avoir organisé cette mémorable journée.

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