"Le petit monde de Vic", le retour avec "Vic vaut bien une messe" !


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En ce début d'année, nous retrouvons Le petit monde de Vic né sous la plume de notre écrivain local François Macé.

Pour les nouveaux lecteurs, il ne s’agit ni de chronique historique ni de chronique locale mais de pure fiction que la vie locale lui inspire.

Selon la formule consacrée, "toute ressemblance avec des faits et des personnages actuels ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence..."

Même si les différents épisodes sont indépendants, vous y retrouverez des personnages récurrents...et truculents !

Retrouvez les liens des premiers épisodes ci-dessous :

Le curé aux chaussettes pourpres :  Partie 1 et Partie 2

Atout coeur :  Partie 1 et Partie 2

La chanteuse qui n'est plus en formes : Partie 1  et Partie 2

 

Vic vaut bien une messe 


Avant-propos : Ce récit est totalement sorti de l’imagination de l’auteur.

Première partie

Posons le décor de cette sombre et lugubre histoire...

Nous sommes en décembre 2020. Une semaine avant Noël. On est vendredi, c'est le jour du marché (restreint).

C’est l’hiver de la Covid19. Tout le monde a peur de l’ennemi invisible : le virus. La vie sociale n’existe pratiquement plus en raison de la peur de son voisin qui régnait. Le voisin est soupçonné d’être porteur d’une maladie inconnue. Comme chacun est le voisin tout un chacun, nous voilà bien.

Des files d'attente se forment devant les boulangeries et les boucheries. Il faut entrer un par un ou presque avec un masque de chirurgien sur le visage. Certains appliquent les consignes qui consistent à porter en plus d’épaisses lunettes de soleil pour se protéger d’une contamination.

Les concerts de Noël, les offices religieux, on oublie pour cette année. Les politiques parlent d’année blanche, c’est plutôt une année noire.

Tous les jours, une poignée d’irréductibles se retrouve à la terrasse fermée du café faisant face à la mairie.

Les premiers temps, le café n’avait plus le droit de proposer de café à l’intérieur au chaud de l’établissement. Tout était bouclé.

Puis est venu l’époque du café proposé derrière un guichet improvisé. Parfois la police passait pour disperser un début d’attroupement.

Seule restait une inégalable bonne humeur face à l’adversité du moment.

La plupart se retrouvaient en face sur les bancs de la mairie en tenant à la main le gobelet de café brûlant.

Se trouvait un groupe de retraités qui se surnommaient « les survivants ». Une douzaine tout au plus. La plupart avaient côtoyé la mort à diverses reprises. Soit dans leur jeunesse ou dans la vie active. Le maire était de ceux-ci, Falkoviac, le demi-centre de l’équipe de France de 98, double commotion cérébrale avec six mois de coma lors de son dernier match en équipe nationale.

Le curé Simonsen, qui passait de temps à autre, lui préférait un verre de vin blanc.

Ce dernier, cycliste amateur, avait fait une chute qui lui avait fait percuter une borne kilométrique comme il en existait alors, énorme et en ciment.

Cela remontait à l’époque de ses études au séminaire d’Auch.
Pour lui, ce furent  six mois d’hospitalisation et une courte période de coma en raison d’une fracture du crâne avec des complications. Il ne se souvenait de rien. Beaucoup l'ont interrogé pour savoir s’il avait rencontré Dieu durant cette période.

Une autre, un ouvrier de cinquante ans arborant moustache et casquette grise. Ce dernier avait eu un accident du travail. Il avait chuté d’un échafaudage, il n’avait pas attaché son harnais de sécurité. Aux dires des spécialistes de la Sécurité Sociale, il devrait être mort. Ce n’était pas le cas, il s’était relevé autour de plusieurs témoins et en titubant avait murmuré « J’ai l’air d’être vivant ! » tout en ôtant la poussière de son bleu de travail. Sa chute avait été amortie par une pile de laine de verre posée là par un paresseux.

Pierre, qui a chuté de l'échafaudage, préfère le vin rouge

Le propos était de savoir ce que tout un chacun ferait pour le soir Noël.
Tous avaient en commun un célibat assumé. Ils étaient réfractaires à la vie conjugale et au compteur électrique Linky et à bien d’autres choses obligatoires. Les années précédentes ils se retrouvaient dans l’arrière salle du café à l’issue de la messe de Noël qui se déroulait dans l’église toute proche.

Le « patron » leur laissait la clé en ayant confiance dans ses vieux clients. Il retrouvait la vaisselle rangée dans le lave-vaisselle et la salle balayée. Ils apportaient tout, victuailles et alcool et rentraient à pied car habitant en ville, les moins alcoolisés accompagnant ceux qui avaient le plus de mal.

Ils entraient par la porte de service donnant sur une petite rue discrète. Personne n’y trouvait à redire. Cette année, c’était rigoureusement interdit.



Le patron ne voulait rien entendre. Il avait trop peur d’un contrôle de gendarmerie attirée par les effluves paillardes des lascars.

Il leur fallait trouver une solution et rapidement.

Le maire fut sollicité pour utiliser la mairie clandestinement. Le même refus très ferme fut donné.

« Je n’ai pas envie de passer Noël en garde à vue ! »

On entend murmuré par un inconnu : « C’est bien la peine d’être maire ! ».

Le maire s'arrache les cheveux : ses copains sont capables de tout !

L’abbé Simonsen, très corpulent, en imposait. Ce dernier est toujours vêtu de sa soutane noir. Il s’arrête pour saluer l’attroupement.

Le maire lui pose la main sur l’épaule : « C’est triste, une église vide le soir de Noël »

-Vous ne me le faite pas dire... J’y serai tout de même pour prier. Je dirai la messe, seul devant la caméra et elle sera retransmise sur les réseaux sociaux. J’ai même invité un correspondant de presse de mes amis. Il devra se tenir seul au fond »

Regard ahuri du maire. Ce dernier poursuit : « Vous avez donc la clé !

- Manquerait plus que cela ! Que le curé de la paroisse n’ait pas la clé de l’église dans sa poche ! »

Quelques regards s’échangent. La plupart arrivent à tenir une conversation et à écouter celle d’à côté.

De retour du café, l'abbé Simonsen punaise une feuille sur la porte en bois de l’église. Il y est indiqué que la messe de minuit est dite à 20h30. Il est précisé qu’il s’agit de la veillée de Noël. En gros il est inscrit que les fidèles ne sont pas admis et que l’office sera retransmis sur les réseaux sociaux.

« Quelle misère ! » soupire-t-il.

A suivre... 

Texte et illustrations : François Macé 

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