Gignan, le château des débuts de Maïté
Devenue célèbre grâce à l’inoubliable émission télévisée « La cuisine des Mousquetaires », l’iconique Maïté qui vient de s’éteindre à 86 ans et dont les médias viennent de rappeler l’extraordinaire et truculente personnalité qui a tant fait pour la renommée de la gastronomie du Sud-Ouest, avait participé aux premiers tournages, de 1983 à 1986, dans le Gers, précisément à Lupiac, au pays de d’Artagnan.
Et pas n’importe où : dans la cuisine majestueuse à l’imposante cheminée du château de Gignan, propriété de la famille de Marion de Brézillac par l’épouse, née de Pardailhan.
Leur fils, un avenant octogénaire, se souvient encore de ces séances de tournage : une semaine par an, les caméras de la télé enregistraient une série d’émissions où Maïté et sa complice Micheline Banzet-Lawton offraient aux Français des scènes pittoresques restées dans les mémoires : c’est là qu’a été tournée, devant la cheminée allumée comme aujourd’hui, la célèbre scène où la Landaise déguste un ortolan ruisselant de graisse (on peut voir encore aujourd’hui la vidéo de cette scène d’anthologie sur le net).
La cuisine n’a pas changé et on dirait que Maïté va franchir, tonitruante, la porte de la vaste pièce où devaient jadis se préparer, au cours des siècles écoulés, de fastueux festins pour invités de marque.
Mais ces mêmes murs abriteront sous l’Occupation d’autres aventures, discrètes et bien plus risquées, puisque le châtelain comte et son épouse cacheront durant plusieurs mois, le recevant quotidiennement à leur table comme un parent et au risque d’y perdre leur liberté, un Juif traqué tentant d’échapper à une funeste destinée, un homme déjà célèbre qui le sera encore plus après la Libération et qui disposait là d’une chambre confortable en lieu sûr : l’historien, biographe, écrivain, journaliste et critique d’art Philippe Erlanger, le créateur du Festival de Cannes en 1939. Mais c’est une autre histoire qui pourrait prochainement revenir dans l’actualité…
Henri Calhiol