Le petit monde de Vic, le retour !

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La chanteuse qui n’est plus en formes (le S est important)

François Macé nous revient avec un nouvel épisode du Petit Monde de Vic!

Après Le Curé aux chaussettes pourpres Partie 1 et Partie 2 )  puis Atout coeur Partie 1 et Partie 2 ), voici "La chanteuse qui n'est plus en formes" (le S est important)!

Avant propos :

Ce récit est totalement sorti de l’imagination de l’auteur.

Tous les ans depuis plusieurs années, le festival de danse Country réunit les amateurs de tout le Sud-Ouest voire de plus loin parfois. Il sert de toile de fond à cette histoire.

Il reste une vérité : la bonne ambiance et l’amitié indéfectible des danseurs.

Chapitre 1

Posons le décor

Nous sommes en juillet 2018. Le marché du vendredi du 20 juillet s’achève. Les camelots rangent et plient leurs marchandises dans les remorques.

Posons le décor et étudions les acteurs de cette affaire qui n’en est pas une mais un peu tout de même. Cela dépend du point de vue de chacun.

C’est le week-end de la Country. Comprendre le 1er festival du genre.

Le principe même de ce festival ou grand-bal qui serait le terme le plus juste repose sur la bonne volonté de chacun. On y croise des cow-boys et leurs dames.

C’est une époque révolue qui revit.

L’association « Western Country » est toute jeune et composée d’ étrangers (comprendre des Vicois arrivés fraîchement).

A Vic, la fête est une seconde nature. Beaucoup ont deux casquettes, l’une professionnelle (sérieuse) et l’autre de festayre (comprendre de fêtard). On est jugé sur les deux aspects. Localement, c’est une qualité que d’être assimilé à un festayre. Tout cela pour dire que les nouveaux venus sont observés et attendus sur leur propension à faire la fête.

L’histoire commence à la terrasse d’été du Café des Sports. Un petit groupe se forme et s’installe autour de Jeff le professeur de danse et président de l’association.

Mince, le regard vif, le cheveu coupé court, il est vêtu d’un vieux t-shirt blanc et d’un jean solide pour bricoler et, ce qui n’est pas dans ses habitudes, il porte de vieux baskets maculés de peinture rouge et blanche. Il vient de terminer la décoration de grands tonneaux.

Ils se sont installés sur la moitié de la terrasse donnant sous le balcon du maire. Ce dernier est penché contre la rambarde et invective ses copains du foot. Pas grand-chose à voir avec les problèmes municipaux. La dernière feria est encore dans tous les esprits.

Si Noël marque la vie d’une église, Vic est marquée par la féria de la Pentecôte. Chacun possède ses dates. En réalité, le maire observe et jauge toute cette équipe qui ose organiser une fête. La curiosité vient de la nature du public attendu. Il porte un Stenson comme celui de John Wayne à la grande époque des westerns. On parle même de bikers et de voitures américaines des années 60.

Jeff pose la même question aux hommes de tous âges :

«  Tu as pensé à la visseuse ? »

C’est le rendez-vous de l’équipe chargée des décors. Ils sont réalisés avec du matériel de récupération : palettes, fûts de 200 litres en métal, tonneaux récupérés chez les viticulteurs.

La douzaine d’hommes assis détendus sous l’ombre des parasols commence à somnoler doucement. Quelques femmes se sont jointes au groupe pour passer une après-midi dans la bonne humeur. Elles se chargent des éléments décoratifs comme les drapeaux et les nombreuses guirlandes. C’est l’heure de la sieste.

Jeff s’en aperçoit. Il donne le signe du départ. Josy une petite blonde, la cinquantaine commençait à se moquer du groupe :

« Bah dis donc, c’est pas fini !  Hé, ho, amigos on a du boulot ! ».

L’équipe se lève et se dirige vers la salle polyvalente sous le soleil qui brûle la peau.

Vingt minutes plus tard et de nombreuses plaisanteries, la terrasse de la salle polyvalente retrouve la vie du matin. Certains sont là depuis très tôt. Une camionnette blanche a rapatrié les décors réalisés par les uns et les autres. On y trouve un cercueil resté posé, faute d’emploi, contre un mur de la salle polyvalente.

« Je doute que quelqu’un nous le vole ! » avait affirmé Henri un sémillant sexagénaire portant une chemise à carreaux bleue et un vieux jean de bricoleur.

Une femme passe en portant un Lucky Luke plus vrai que nature.

Une autre suit en soutenant un des frères Dalton de la célèbre bande dessinée.

Jeff qui vissait le plancher de danse soulève à peine la tête :

« Devant la scène comme d’habitude ! »

Il faut dire qu’il y a eu des galops d’essais avant ce grand jour.

Peu à peu, la salle polyvalente ressemble plus à une grange des années 1900 qu’à une salle collective des années « formica » .

Le samedi matin, tout était fini. Vers 10 h, autour d’un café chaud, tous admiraient le résultat. Les tabourets étaient remplacés par des ballots de pailles, prêtés pas donnés !

Les vaches d’un agriculteur s’en régaleront la fête terminée.

Hubert, commercial dans la vie, prenait possession de la buvette. Il avait soigneusement établi le prix des bières. Il sortait les canettes pour les installer dans différents réfrigérateurs.

La pompe à bière retenait toute son attention. Le changement de fût est tout un art.

Bilan prévisionnel avait été présenté à la dernière réunion de bureau. Une feuille Excel de calcul réalisée avec l’ordinateur permettait d’automatiser les résultats.

Les danseurs étaient restés coi. C’était très simple... Racine carrée du prix d’achat, plus 1 ,50 euro, auquel il soustrait soit 50 centimes ou offre un autre verre pour les consommateurs revenant plus de trois fois dans la soirée. Lesquels devaient s’acquitter d’une contribution de 1,25 euro pour l’association. Il est impossible de rendre la monnaie. Donc, la contribution est en réalité de 1,50 euro. Cette variable était laissée à son seul jugement.

Personne n’avait compris ce calcul, mais tous avaient noté une augmentation substantielle de la recette de la buvette.

Tous attendaient la prestation de la chanteuse Crazy Ladywest. La dernière fois, elle était venue accompagnée d’une bassiste et d’un batteur particulièrement efficace. Sa voix roque avait surpris mais enthousiasmé les countrywomen. Les hommes étaient plus réservés. Son arrivée était prévue pour 16h.

Le minibus bleu du groupe arrive avec une demi-heure de retard. Jeff commençait à être inquiet. La chanteuse Crazy Ladywest est assise à la place passager à l’avant du véhicule.

Elle fait coulisser la portière. Elle se bloque dans un bruit sec et métallique. Elle tend la jambe, la pose au sol et se tord la cheville. Elle grommelle. Josy n’en perdait pas une miette.

La femme a cinquante ans environ. Maquillée mais sans excès, son chemisier blanc fermé jusqu’au cou laisse deviner une poitrine relativement abondante tenue fermement dans un soutien-gorge d’un autre âge.

« Quand on sait pas marcher avec des talons, on ne porte pas des talons de 10 cm ».

Elle observe la chanteuse qui s’éloigne les fesses moulées dans un blue jeans. La démarche est largement chaloupée mais mal assurée.

Jeff avec politesse va saluer les membres du groupe.

« Bonne route ? Les loges sont au fond derrière la scène. Tout est prêt. On vous a préparé des sandwichs et un verre de rouge »

Il s’éloigne pris par l’organisation et les questions.

Josy le suit :

« T'as vu ses mollets ? »

- Jalouse ! C’est une danseuse. Elle s’entraîne tous les jours.»

Josy boude.

« Elle a fait de la musculation depuis la dernière fois ! »

Jeff s’éloigne la laissant à ses réflexions.

« Bob mon mari à les mêmes ! En plus il a des poils ! » Cette fois, elle ronchonne toute seule.

Après une rapide collation, les musiciens s’installent sur la scène. La bassiste s’entraîne. Une grande brune, les cheveux longs, des tatouages ésotériques ornent ses bras nus.

Elle porte une chemisier rouge à volant du plus bel effet. Son blue jean moule ses forme agréablement. Ses doigts courent sur les cordes, le rythme est endiablé.

Certains commencent à envahir le centre de la salle pour quelques pas d’échauffement. La soirée promet d’être bonne.

L’équipe chargée des décorations vient d’achever son œuvre. Les crêpières sont à leur poste. Les enfants font déjà la queue.

Fin du chapitre 1

Texte et illustrations : François Macé

La deuxième partie, demain !

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