Toussaint, c’est l’époque de se rendre dans les cimetières pour honorer ses disparus, entretenir et fleurir les tombes. Cà peut être aussi le moment de parcourir les allées des cimetières en regardant les pierres tombales, les plaques nominatives.
A Miélan, dans le cimetière du bourg, on longe la tombe des frères Léglise, généraux d’Empire, dont la plaque métallique a disparu. Pour certains, cette plaque aurait été stockée dans un entrepôt en attente de restauration ; pour d’autres, elle aurait fait l’affaire de vandales attirés par le poids de métal et la spéculation. Puis on verra l’imposante chapelle de la famille de l’ancien maire François Douat dont le nom est aussi au fronton de la salle des fêtes, marché Douat. Après avoir contourné le cénotaphe, premier monument aux Morts de Miélan, édifié en 1924, au centre du cimetière, on aperçoit une chapelle avec en façade une imposante sculpture.
Il s’agit de la concession de la famille Dubin. Ce nom de famille a disparu avec le décès de Mme Augustine Dubin née Labarrère. C’est une chapelle dont l’accès se trouve à l’arrière grâce à une porte métallique ouvrant sur un petit autel garni de deux coupes et une urne. Sur la façade principale, au fronton, on peut lire « Famille DUBIN ». Sur une marche du socle, une épitaphe a été gravée sur deux lignes « Je me tiens à la porte et je veille, Bientôt ressuscitera celui que la mort a rappelé ». Sur une autre marche, une signature : « A. de Rinièri Statuaire Paris ».
Le monument funéraire est orné d’un ange aux traits et visage féminins, les ailes déployées et bras ouverts. C’est l’œuvre du sculpteur Aristide de Raniéri.
Aristide de Ranieri, formé dans l'atelier marbrier familial de Pietrasanta, en Italie, près de la célèbre carrière de marbre blanc de Carrare, il s’installe à Paris pour créer une succursale de l’entreprise familiale et ouvre un atelier de sculpture où il crée ses propres œuvres dans le style Art nouveau. Trop âgé pour être mobilisé en 1914, il se tourne vers le dessin et la caricature alors qu’il n’arrive plus à écouler ses œuvres auprès de la population d’avantage préoccupée par des besoins vitaux que des soucis artistiques. Après le conflit, le style Art nouveau disparait. Aristide de Raniéri décide de fermer son atelier. Il débute alors, comme d’autres sculpteurs de l'époque, une carrière dans la statuaire académique et intervient dans des commandes d'État pour orner des monuments aux Morts ou des ouvrages commémoratifs.
Sa dernière œuvre connue, un médaillon commémoratif de la traversée de l'Atlantique par les aviateurs Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, date de 1929.
Plus d’information à propos d'Aristide de Ranieri à partir de cette date. Est-il resté en France ou est-il reparti auprès des siens dans sa Toscane natale ? Les date et lieu de son décès sont inconnus.
Le monument funéraire commandé par Dominique Dubin et son épouse Augustine, est arrivé à Miélan par le train vers 1910, en pièces détachées, emballé dans plusieurs caisses de bois. C’est Jules Claverie, compagnon tailleur de pierre et artisan maçon reconnu localement pour ses chantiers méticuleux, qui est sollicité pour édifier la chapelle.
Cette tombe et son ange ont un sosie. En effet, dans le cimetière Christophe Colomb, à la Havane, dans l’ile de Cuba, un même monument a été édifié. Il porte également la signature d’Aristide de Raniéri. La Necropolis de Cristobal Colon est une nécropole fondée en 1876. Classée monument national, elle renferme un grand nombre d'œuvres architecturales et sculpturales.
En 2009, André Chabot publia un dictionnaire illustré de symbolique funéraire. La couverture de ce livre comporte la photo de l’ange de Raniéni, celui de La Havane. Les images d'architecture et de sculpture présentées sont le reflet d'une sensibilité funéraire et décodent les symboles tant religieux que profanes.