Cinéma une séance exceptionnelle l'affaire Viguier

MICHEL HAMON

Ce mercredi, à 18 heures

Une intime conviction

 Au plus près de la réalité judiciaire, Antoine Raimbault retrace le procès en appel de Jacques Viguier, qui a eu lieu à Albi, en 2010. En présence du réalisateur Antoine Raimbault

« Antoine Raimbault redessine les contours flous de l’affaire Suzanne Viguier et plonge Olivier Gourmet et Marina Foïs dans un film de procès implacable. Pour son premier long métrage, Antoine Raimbault revient sur l’affaire Suzanne Viguier, du nom de cette mère de trois enfants dont le corps a disparu en février 2000. On accusera très vite le mari Jacques, professeur de droit, à commencer par l’amant de cette dernière qui n’hésitera pas à se substituer aux enquêteurs pour mettre à jour les contours du crime. D’abord acquitté, Jacques Viguier devra néanmoins se défendre pour son procès en appel. Un procès dominé par la personnalité du charismatique avocat pénaliste Éric Dupond-Moretti, aussi emphatique que son client (Jacques Viguier), emmuré dans sa douleur intime, est mutique. Ce n’est pas tant cette étude de caractère ou la vérité des faits uniquement discutés pour faire avancer la machine de son récit que la façon dont il peut représenter une justice à plusieurs visages qui intéresse le jeune cinéaste. Car si les procès, aussi difficiles qu’ils soient à restituer, plaisent tant aux cinéastes, c’est pour leur aspect « petit théâtre » où le protocole, les lois, les faits, les personnalités, les drames, invitent à singer le réel en le dramatisant à l’extrême pour faire admettre une chimère : la vérité.
Cette vérité, Raimbault la recrée d’ailleurs de toutes pièces et lui donne même une identité. Elle s’appelle Nora (Marina Foïs, formidable), personnage de fiction, qui va remuer ciel et terre pour « sauver » Jacques Viguier dont elle est persuadée de l’innocence. C’est elle qui convainc Dupond-Moretti de prendre en charge ce dossier. Cet écart avec la réalité indique d’emblée les préoccupations d’un cinéaste, sûrement biberonné au cinéma paranoïaque US des seventies (Les Hommes du président et consorts), qui entend démonter les rouages d’un monde qui, si on n’y prend pas garde, engloutit les plus fragiles. Et puisque c’est toujours dans les détails (ce que le commun des mortels n’a pas su voir ou entendre) que le faux-semblant est mis à jour, Dupond-Moretti pressent que ce sont dans ces heures et ces heures d’écoutes téléphoniques des différents protagonistes du drame que la différence peut se faire. Le film suit donc Nora, petit bout de femme issue d’un milieu modeste, qui va délaisser sa vie de famille et professionnelle pour devenir les oreilles du grand avocat. La quête vire au sacrifice mais surtout à l’obsession. Et même si, en bon garde-fou, son « maître » le lui rappelle à diverses reprises, Nora ne dévie pas sa route d’un iota.
l’intime conviction qu’affiche le titre, est bien celle de Nora. C’est elle et elle seule que le film entend préserver. "PREMIERE"
 

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