Nogaro – Les guerres de religion en Gascogne

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Conférence de Danielle Marseillan

Danielle Marseillan (1) a prononcé le 14 février une conférence sur Les années sanglantes du XVIe siècle, c’est-à-dire sur les guerres de religion, en éclairant particulièrement les événements de Gascogne. Ceci pas seulement parce que nous sommes en Gascogne, mais parce que les possessions de Jeanne d’Albret, protestante convaincue, puis de son fils, le futur Henri IV, étaient situées en Gascogne. De plus, de nombreuses péripéties des huit guerres qui ont eu lieu de 1562 à 1598, se sont déroulées en Gascogne (2). Cette conférence est la synthèse d’un ouvrage, dense, détaillé et agréable à lire. Il apprend une foule choses intéressantes sur les hommes et les femmes de ce temps, sur les événements et sur le « bon roi Henri ».

Des guerres civiles autant politiques que religieuses

Les contemporains ne parlaient pas de « guerres de religion », mais de « troubles ». De fait, « ce sont des guerres civiles autant, voire plus politiques que religieuses ». Trois tendances se partagent la scène politique française :

  • les ultra-catholiques, la future Ligue, avec les Guise, ducs de Lorraine,

  • le parti protestant (calviniste) avec les Bourbon et les Albret,

  • la royauté (qui essaie le plus souvent de concilier catholiques et protestants) : la régente Catherine de Médicis, secondée par le chancelier Michel de l’Hospital, chef du parti modéré qui regroupe des catholiques et des protestants.

Les événements

La Gascogne reste à l’écart des deux premières guerres d’avril 1562 à mars 1568, car le célèbre Blaise de Montluc, au service du roi, « tient le pays rien qu’avec braveries et menaces » (et) rien n’ose bouger en Gascogne ».

Cela ne va pas durer, du fait de deux explosions : la 3e guerre de religion (1568 – 1576) et la Saint-Barthélémy. La Gascogne est le principal terrain d’affrontement lors de la 3e guerre de religion : massacres, dévastations, brigandage sont permanents et les trêves ou « paix » ne les arrêtent guère. La mésentente entre Montluc et deux autres chefs catholiques paralyse en partie les forces royales qui perdent le Béarn face aux protestants de Montgomery. Noter qu’en 1569, Nogaro est devenu la base arrière de Montluc. Mais dès le départ de Montluc, à la fin de 1569, Montgomery envahit et ravage l’Armagnac y compris Nogaro.

Dans la période de 1577 à 1584, la Gascogne devient le théâtre des exploits d’Henri de Navarre, futur Henri IV. La conférencière souligne que c’est au cours de cette période qu’il se forge une expérience politique : « depuis sa capitale de Nérac, il acquiert une stature d’homme d’État et met en œuvre une cohabitation religieuse et politique entre catholiques et protestants ». Et la cour du roi de Navarre à Nérac n’a rien à envier à la Cour du roi de France.

De 1585 à 1595, Henri de Navarre quitte la Gascogne où les troubles s’accentuent et conquiert peu à peu le trône de France par des moyens militaires et des moyens politiques.

Conséquences de la Saint-Barthélémy

Le culte de la « religion prétendue réformée » est interdit et le catholicisme doit être rétabli dans les possessions d’Henri de Navarre. D’où des troubles en Béarn.

Par ailleurs, l’Union protestante du Midi est créée : elle comprend le Grand Sud-Ouest et le Languedoc, avec La Rochelle, Montauban, Toulouse etc. C’est une république de bourgeois qui assurent la relève des nobles massacrés à la Sain-Barthélémy.

En Gascogne, la situation est confuse. Les villes et les bourgs sont sans arrêt pris et repris. Cependant, Henri de Navarre fait la démonstration de son courage et de son sens politique.

Le tournant de 1584

À la mort de François d’Alençon, dernier fils de Catherine de Médicis et d’Henri II, Henri de Navarre devient l’héritier présomptif du royaume quand Henri III mourra : la donne est changée. Malgré les difficultés qui l’attendent encore, Henri de Navarre va devenir roi de France, après avoir abjuré la « religion prétendue réformée ».

Épilogue

Bien que la paix s’installe officiellement à la fin du XVIe siècle, Henri IV ne veut d’abord pas faire entrer ses possessions gasconnes dans la couronne de France. Il résiste jusqu’en 1607 et finit par accepter avec une plaisanterie : « La France est intégrée à la Gascogne ! ».

Au bout de ces 40 ans de guerres,le pays, y compris la Gascogne, est ravagé. En Armagnac, la population a beaucoup baissé. Reconstruction et reprise économique fleurissent dans le royaume, mais pas en Bas-Armagnac : 40 ans après la fin des guerres, la reconstruction se fait encore attendre et la population est encore peu nombreuse.

(1) Agrégée d’histoire et membre de l’atelier-histoire du Centre social et culturel le Clan. (2) Cette conférence est la substantifique moelle de son ouvrage édité par le Centre social et culturel le Clan (À la Recherche de Nogaro -Le XVIe siècle : Les années sanglantes).

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A Intro A 4 C de M et enfants.jpg
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B B 2 carte-possessions Albr.jpg
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C C 2 Monluc Terraube.jpg
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E E 2 H gouverne la Gasc ts ses pw.jpg
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