Ce qui est très sympathique avec le retour des beaux jours, c’est de pouvoir étendre les draps dehors, les regarder jouer avec la légère brise venue les chatouiller. Vous sentez comme ils sont heureux, et nous avec ? Il flotte alors comme un sentiment de bonheur, de « bon air »…
Mais au fait, pourquoi a-t-on l’habitude de dire que l’on est « dans de beaux draps », alors que justement, lorsque nous utilisons cette expression, nous sommes loin d’y être ?…
Cette antiphrase (manière d’exprimer avec ironie ou euphémisme le contraire de ce que l’on pense) remonte au XVIII ème siècle, où l’on avait l’habitude de dire « être dans de beaux draps blancs ». Il faut savoir que depuis le Moyen-âge, les draps désignaient les vêtements et non pas les parures de lit actuelles.
Mais lorsqu’on se retrouvait alors dans de beaux draps blancs, il n’y avait pas vraiment de quoi fanfaronner. Car si le blanc symbolise aujourd’hui dans notre société la pureté, il était utilisé à l’époque pour désigner les personnes accusées de luxure ou d’adultère. Elles étaient tenues alors de se présenter à la messe vêtues de blanc, sorte de pénitence qui était censée faire ressortir la noirceur de leurs actes, et les exposer ainsi aux railleries et moqueries.
On a donc gardé cette expression aujourd’hui pour parler d’une personne en fâcheuse posture, un peu comme si on disait « Ben dis-donc, t’es dans un chouette costume offert par un pote hyper sympa ! ». Par exemple.
Alors si au fil du temps, les beaux draps ont perdu leur blancheur pour devenir tout simplement de beaux draps, le problème reste que parfois, on a tendance à s’y empêtrer.