Rugby Coeur de Lomagne (10e) – Montréal-du-Gers (9e)
Le dernier qui accueille l’avant-dernier. Cette affiche de bas de tableau, 100 % gersoise, ne laisse pas indifférente. Voilà deux clubs de village qui luttent pour leur survie à ce niveau. Il peut sembler être prématuré de parler de rencontre décisive alors que nous abordons tout juste l’hiver. Mais au vu des chiffres affichés par les deux protagonistes, il y a urgence à commencer à glaner quelques points. Chose qu’ont réussi à faire les Montréalais la semaine dernière, à la maison, en dominant Carbonne Longages (26-17). Une victoire qui a permis à Montréal-du-Gers de se débarrasser de la lanterne rouge dont a hérité le RCL sévèrement battu (54-14) à Eauze.
« À Eauze, ça a été un non match », regrette Bernard Molé, co-entraîneur du RC Lomagne, avec Raphaël Bastide. « On ne sait pas ce qui s’est passé. On a pris un coup de masse… On a passé un mois où on a vu des choses intéressantes, avec des bonus défensifs contre de belles équipes. Mais on a pris du retard qu’il est difficile de combler. » Effectivement, le RCL (entente entre Saint-Clar et Tournecoupe) avaient posé de sérieux problèmes à Montréjeau (journée 7) et à Val XV (journée 6), obtenant des bonus défensifs. Mais avec seulement trois points au classement, le RCL attend toujours sa première victoire.
« Sincèrement, vu comment ça se passe en ce moment, on ne sait pas ce que l’on va devenir. C’est un match qu’il faut gagner pour se remettre le moral au beau fixe », s’inquiète le coach de Saint-Clar et Tournecoupe. « Un match décisif ? C’est surtout moralement… Montréal a réussi à gagner contre Carbonne. Eux ont déjà gagné une fois ; nous, pour l’instant, on court après. »
L’inquiétude est aussi de mise pour l’USM dont l’entraîneur Alexis Ponsart ne veut pas que ses troupes s’endorment sur leurs lauriers après leur premier succès tant attendu : « On va aborder ce match avec le couteau entre les dents. C’est le duel des mals classés. Avec le RCL, on se retrouve dans cette situation, mais on va tous, surtout, vouloir faire un beau match. Personne ne veut finir à la dernière place. Avec notre première victoire obtenue contre Carbonne, on est un petit peu mieux ; mais une défaite à Saint-Clar anéantirait cet avantage. Oui, c’est sûr qu’on respire un peu, mais ce n’est pas une finalité de gagner un match, ça doit être le commencement. »
UN RUGBY RURAL QUI NE VEUT PAS MOURIR
Que ce soit au RCL, comme à Montréal-du-Gers, ou bien comme dans tant d’autres clubs encore, ces petites structures souffrent sur le terrain, mais elles doivent continuer à vivre. L’entraîneur du RCL n’est pas du genre à pleurer. Mais il souligne la dureté de la tâche : « La compétiton (Régionale 2) qu’il y a est intéressante. Mais elle est difficile dans la mesure où, les clubs relégués de Régionale 1 sont nettement supérieurs, bien structurés, avec plus de moyens. Car la Régionale 1, c’est du costaud. Nous, un petit village de 1 200 habitants, il faut faire avec les moyens du bord… c’est super difficile, il faut avoir le moral… Ici, les joueurs sont pris par leur métier, rappelle Bernard Molé. Le côté professionnel passe avant le rugby. On ne peut pas leur en vouloir. Beaucoup d’entre eux sont agriculteurs et ne peuvent se libérer facilement. »
Des propos que ne renierait pas l’entraîneur de Montréal-du-Gers. Car de son côté, Alexis Ponsart doit régulièrement lancer ses grands filets dan l’équipe réserve pour avoir une équipe fanion compétitive. « Notre équipe B est fortement pénalisée. Les pauvres, ils se battent comme ils peuvent… Chez nous,naucun joueur n’est payé, il n’y a pas de prime de match. Si on gagne, la récompense, c’est d’avoir la bière gratuite le vendredi soir… c’est sûr que c’est dur ; mais on en est très fiers. Mes joueurs, je sais pourquoi ils répondent présents le week-end, c’est pour l’amour du maillot, pour l’amour du clocher. Et c’est un rugby qui me tient à coeur aussi. Nous sommes fiers de faire partie de ces petits clubs qui survivent, comme ils le peuvent. »
Ce dimanche 1er décembre (coup d’envoi à 15 heures), ce match qui sent bon le rugby de clocher – n’ayons pas peur du terme dans un monde où tout cela doit disparaître – d’antan, doit être l’occasion pour les quelques habitants de Saint-Clar, Tournecoupe et Montréal-du-Gers de se réunir autour du pré, pour parler rugby, parler palombes, parler champignons… parler vrai (clichés ? On s’en fiche. C’est tellement bon, tellement nous). Des rendez-vous dominicaux qui ne sont pas prêts de disparaître, du moins tant que ces amoureux auront l’envie d’entretenir la flamme. Le labeur fini, le tracteur garé, les outils rangés, le bétail soigné, ces Paysans de l’Ovalie se rendent à une autre mission, celle qui donne pour salaire de la boue, des coups, des morsures du froid…
Pour le RCL, des Benoît Broch, Théo Darparens, Philippe Carrère, Dorian Caubet, Lucas Destarac, Florian Delprat, Julien et Adrien Bastide et tant d’autres, tout comme pour l’USM, des Julien Roirand, Kevin Pujolle, Corentin Dupuy, Vincent Meste, Sylvain Ducasi, Rémy Moretto, Paul Mauriet, Jean Druillet et tous les autres, le rugby est l’occasion de partager, de donner. Partager l’amour du village, du club. Donner de son temps et de soi. Messieurs… chapeau! Et bon match !
Jean-Marc RAMEL
Régionale 2 (poule 5)
Classement avant la journée 9 :
1. Montréjeau 33 points
2. Val XV 26 pts
3. Masseube 24 pts
4. Eauze 23 pts
5. Auterive 22 pts
6. Hers Lauragais 17 pts
7. Labarthe-sur-Lèze 17 pts
8. Carbonne 12 pts
9. Montréal-du-Gers 6 pts
10. RC de Lomagne 3 pts
Le programme de la 9e journée :
Carbonne – Masseube
RCL – USM
Labarthe-sur-Lèze – Eauze
Hers Lauragais – Montréjeau
Auterive – Val XV