Dans la continuité de nos chroniques dédiées aux personnages célèbres de la ville dont le nom a été attribué à des rues, lieux ou monuments, intéressons-nous à Jean Reynal.
La rue située entre la place Crespin et les allées Gabarrot porte son nom.
Un honneur qui lui a été rendu en raison d'un legs important pour sa ville, un legs qui participa à l'aménagement de la desserte en eau potable dans la ville.
Jacques Couzinet a consacré à ce personnage un long article très documenté sur sa vie dans le bulletin du 2e trimestre 2005 de la société archéologique du Gers.
Qui était Jean Reynal ?
Né à Vic-Fezensac le 31 octobre 1816, il était fils de Pierre Reynal, originaire d'Agen et de Marguerite de Capmartin de Vic.
Il entre à l'école vétérinaire d'Alfort en 1834 à l'âge de 15 ans.
Il devient vétérinaire à l'âge de 18 ans en 1838 avec un premier prix.
Il mène ensuite une carrière de vétérinaire dans l'armée de 1838 à 1847.
Puis il démissionne et devient enseignant à l'école d'Alfort de 1847 à 1871.
Il voyage beaucoup pour ses recherches et est l'auteur de nombreux écrits qui lui confèrent une importante notoriété scientifique.
Comme à l'armée, il est gratifié de nombreuses promotions - certaines posant question chez ses pairs- et de 1871 à 1879, il occupe le poste de directeur de l'école d'Alfort.
S'il a des amis très bien placés dans les ministères, il est mal jugé par ses pairs qui le qualifient de "l'homme de l'intrigue", "un homme de caractère astucieux que n'embarrassent point les scrupules".
Malgré sa notoriété, suite à des scandales, il sera abandonné par ses soutiens et il sera poussé à démissionner en 1879.
Il se retire en Seine et Marne
Sans descendance directe, il rédige un testament en 1892 et décède en 1893.
La ville de Vic reçoit un legs de 70 000 francs pour améliorer la desserte en eau potable, une somme importante pour l'époque correspondant à 9 années de salaire de Reynal.
L'eau était en effet un problème à Vic et aucune solution n'était apportée par les maires successifs. La population se débrouillait comme elle pouvait en puisant l'eau dans les sources, les puits.
Grâce à une souscription publique, en 1858, des travaux vont permettre la captation des deux sources de Las Bourbonnes et l'eau sera amenée jusqu'au réservoir de Tivoli puis des prises d'eau seront réalisées et les canalisations prolongées à l'aide du legs de Reynal.
Nous citerons la conclusion de Jacques Couzinet qui nous semble bien résumer la vie de ce personnage aux multiples facettes :
« Reynal, homme intelligent, fier, ambitieux, a fréquenté toutes les grandes personnalités de l'époque, manifestement, il ne laissait pas indifférent ses collègues.
Malheureusement, emporté par son tempérament, il finit sa carrière professionnelle d'une manière peu glorieuse.
Souvenons-nous qu'il légua une somme rondelette à sa ville natale pour contribuer à résoudre le problème de desserte d'eau potable : cela valait bien une rue à son nom »
Pierre DUPOUY
d'après l'article de Jacques Couzinet "Un Vicois, vétérinaire et Directeur de Maisons Alfort Jean Reynal 1816-1893) in Bulletin de la société archéologique du Gers 2e trimestre 2005