Fêtes de village : et si on revenait aux jeux d'antan?

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Quand on lit la presse locale en ce moment, on peut être surpris par le phénomène des fêtes de village : le moindre petit village a sa fête, qu'il s'agisse de vénérer un saint Pierre, Joseph ou André ou de fêter tel ou tel événement.

Autrefois, la fête de village donnait lieu à des fêtes de famille et c'était l'occasion de rassembler, cousins, oncles et neveux autour d'une table.

Aujourd'hui, ce sont les habitants de la commune qui se retrouvent autour de la table. En effet, les repas sont l'élément essentiel de ces fêtes qui souvent durent deux jours. Au menu, paëlla, couscous, moules frites et en dessert, pastis, tourteau, merveilles...

Autre composante de ces fêtes, le bal en soirée.

Mais il faut meubler les après-midis souvent par des concours de pétanque.

Autrefois, tout un éventail de jeux par équipes ou indivuduels animait les fêtes.

Revenons sur nos pas : en voici quelques-uns...

Il y avait tout d'abord les courses en tous genres.

La course à la grenouille était très prisée.

On récupérait toutes les brouettes du village et les concurrents s'alignaient sur la ligne de départ pour un parcours d'une cinquantaine de mètres.

Mais la grenouille n'était pas une partenaire très coopérative, elle s'empressait de sauter de la brouette dans le fossé et c'était une course folle pour la récupérer !

Chaque grenouille avait un numéro en blanc sur le dos de façon à ce qu'on ne s'empare pas de la grenouille du concurrent.

Le gagnant était bien entendu le premier arrivé avec sa grenouille à bord !

Peu de concurrents avaient conservé leurs grenouilles, celles-ci ayant gagné la mare la plus proche en se moquant certainement de ceux qui les avaient poursuivies en vain !

C'était une course très suivie par les spectateurs, les concurrents à la poursuite de leurs grenouilles offrant un spectacle très amusant.

Plus classique, la course au sac.

Les concurrents étaient enfermés dans des sacs de toile à grains solidement ficelés à la taille.

Ils progressaient à pieds joints sur un itinéraire précis encouragés par le public.

Autre course, la course à l'oeuf que tous les comités ne mettaient pas au programme craignant la phase finale de la compétition où les œufs servaient de projectiles. Bien des costumes ou des robes du dimanche se retrouvaient alors tachés !

La course consistait à parcourir un circuit souvent accidenté avec passage de bottes de paille ou de fossés, un œuf placé dans une cuillère à soupe.

Des contrôles très stricts étaient effectués par les organisateurs pour vérifier qu'aucun produit adhésif n'était utilisé !

Après les courses, les jeux individuels.

Le jeu de la pièce faisait partie des jeux très appréciés.

Toute la cuisine s'effectuant sur le feu, le fond des poêles à longue queue était recouvert de suie.

On collait une pièce de monnaie dans la poêle à l'aide de graisse d'oie. Le but était de récupérer la pièce avec les dents.

Vous pouvez imaginer comment on ressortait de l'épreuve.

Quand on n'utilisait pas une poêle, c'était une bassine remplie de farine dans laquelle on déposait la pièce. Il fallait la trouver puis la sortir entre les dents.

Quant au jeu des cruches, c'était un jeu tellement prisé que même le jeu de palets était interrompu pour permettre aux gens d'assister au casse-cruches.

Les villageois apportaient leurs pots de terre ébréchés ou fendus.

On mettait à l'intérieur un petit lot mais surtout on les remplissait d'eau, de terre fine, de cendre, de suie ou de farine.

Le concurrent les yeux bandés était équipé d'un gourdin et, guidé par les public, il finissait par briser une cruche et prendre une douche sous les rires du public.

Le mât de cocagne avait ses adeptes.

Dans la semaine, le charpentier du coin avait repéré un tronc d'arbre très droit et très haut, il enlevait les branches et l'écorce et le plantait sur la place du village.

Au sommet, étaient accrochés les lots – plus importants que pour les courses car c'était une épreuve difficile -, des saucissons, des paquets de gâteaux, de bonbons.

Dans mon groupe, nous avions un bon grimpeur, Gilbert, que l'on appelait « le singe ».

Il grimpait avec facilité et une fois au sommet, il avait le temps d'arracher tous les lots, ce qui avait l'art d'agacer les autres concurrents.

Quand Gilbert n'était pas là, nous hésitions à participer car si Gilbert n'y laissait jamais son fond de pantalon, ce n'était pas notre cas et pour nous, la fête était alors finie.

Quand nous rentrions à la maison, nous subissions la colère de la mère qui nous menaçait de raccommoder l'accroc en « cul de sac », c'est-à-dire qu'elle rapprochait les deux bords de tissu et cousait, ce qui faisait un bourrelet !

Les communes qui avaient un budget plus conséquent organisaient un lâcher de mongolfière.

Ce n'était pas les gens du village qui s'occupaient de cela.

Arrivaient au village en vélo trois « spécialistes ». Il se murmurait qu'ils prenaient une jolie somme pour s'occuper de cela.

Le ballon de papier était soigneusement déplié et accroché à une perche que tenait un homme monté sur un toit. Dessous, on préparait le foyer pour produire l'air chaud. Une tâche délicate car il s'agissait de paille plus ou moins humidifiée, une flammèche trop haute et le ballon prenait feu.

Quand le ballon s'envolait, c'était un tonnerre d'applaudissements.

Les agriculteurs n'aimaient pas beaucoup cette animation, car la flamme maintenant l'air chaud dans le ballon était une menace pour les gerbières ou les fermes.

En revanche, les enfants adoraient suivre le ballon en vélo pour le retrouver à son atterrissage car s'ils le ramenaient en bon état, le comité des fêtes les récompensait.

En soirée, l'orchestre composé de musiciens du coin – guitare, clarinette, accordéon- et d'un chanteur était installé sur une estrade et il animait la soirée jusque tard dans la nuit tandis qu'à la buvette se vidaient les bouteilles de vin limé.

Pourquoi ne pas revenir à ces jeux d'antan lors des fêtes de village?

Sans doute les jeunes ne s'y adonneraient pas avec autant d'enthousiasme que le nôtre à l'époque !

Mais pourquoi pas ?

On retrouverait peut-être cette joie collective qui poussait les paysans à terminer à l'avance leurs travaux pour profiter de la fête jusqu'au soir.

Pierre DUPOUY

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