Histoires d'autrefois : les mousserons au pétrole...

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Les mousserons, ce sont ces champignons blancs qui ressemblent aux champignons de Paris.

Ils poussaient autrefois dans les haies quand il y en avait encore et quand elles faisaient 2 mètres de large et dans les champs qui n'étaient pas travaillés « lous prats campes », c'est-à-dire les prés qui servaient seulement de pacage pour le bétail.

On repérait une mousseronnière aux grands cercles d'un vert foncé qui contrastait avec celui du pré.

On appelait cela des ronds de sorcière qui se poursuivaient parfois par des langues d'herbe du même vert foncé.

On racontait que les sorcières avaient uriné dans ces ronds et que, poursuivies, elles s'étaient enfuies tout en continuant à uriner d'où les bandes verdâtres !

Mon grand-père repérait les mousserons à l'odeur et quelquefois on le voyait rentrer dans une haie de 2 mètres, écarter les branches avec son bâton et ressortir avec une importante récolte de mousserons. Il les mettait ensuite non pas dans un panier mais dans la poche arrière de son veston de chasse au cas où il rencontrerait quelqu'un qui lui demanderait s'il avait trouvé des mousserons.

«  Oh non, cette année, avec la sécheresse, on n'en trouve pas »,  disait-il alors que sa poche en était pleine !

Ces mousserons étaient excellents en omelette ou à la poêle pour accompagner une viande.

Les mousseronnières étaient très convoitées et quand elles étaient découvertes, certains indélicats ne se gênaient pas pour profiter de l'aubaine !

Petiton, mon voisin écologiste avant l'heure,  aimait me raconter « l'affaire des mousserons »

« Tu te souviens que j'avais une mousseronnière derrière la grange. Chaque année, j'avais une belle récolte dont on se régalait en omelette ou pour accompagner de la viande.

Eh bien une nuit, on me les a volés !

En allant me coucher, j'ai surpris une personne partir en courant. Je décidai alors de me venger.

Je pris du pétrole, celui qu'on met dans les lampes, ce pétrole qui sent mauvais.

Je me suis équipé d'une paille et d'une aiguille.

Sur les chapeaux des mousserons, j'ai fait un petit trou et j'ai versé une goutte de pétrole. J'ai répété cette opération sur tous les mousserons.

Cela me faisait de la peine car ces mousserons, on aurait pu s'en régaler !

La nuit suivante, on revint me voler mes mousserons et le lendemain, je trouvai des traces de pas et il ne restait que les queues des champignons.

Je ne pouvais qu'imaginer les conséquences de mon acte.

Mais rapidement, les langues se délièrent et j'appris que mon voleur avait dû jeter non seulement les champignons mais aussi la tranche de veau qui les accompagnait.

A cette époque-là, le veau, c'était très cher et on en achetait rarement !

C'est ainsi que je connus l'identité de mon voleur.

Je peux t'assurer qu'après cela ma mousseronnière put prospérer ! »

La guerre des mousserons connaît aujourd'hui l'armistice.

Aujourd'hui, les agriculteurs du haut de leur tracteur ne voient plus les mousseronnières.

De toute façon, il n'y en a plus car tout est labouré y compris les "prats campès".

L'époque est révolue où les mousserons après la pluie d'automne sortaient partout dans les ronds de sorcières....

Pierre DUPOUY

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