Quand les poules noires de Gascogne s'invitent à l'EHPAD de Vic-Fezensac...

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Depuis quelques temps, on voyait dans le parc de l'hôpital des ouvriers s'affairant à installer un joli poulailler grillagé avec tout le confort nécessaire !

Les locataires n'ont pas tardé à arriver, il s'agit de trois poules noires de Gascogne qui ont pris possession de leur nouveau logement il y a quelques jours  dans le froid hivernal.

Ces poules ont été données par Trigone qui les fournit pour réduire les déchets alimentaires.

D'un noir bleuté, ces poules sont courtes sur pattes mais rondelettes.

Cette variété de  poule est appréciée pour ses œufs et leur grosseur et aussi pour la finesse et l'abondance de sa chair.

Que l'on se rassure, les trois poules de l'EHPAD ne finiront pas dans une marmite !

Comme l'explique Charlotte l'animatrice, « elles sont là pour nous débarrasser des épluchures et surtout pour le plaisir des résidents chargés de s'en occuper. »

Elles se sont bien adaptées, malgré le froid, un premier œuf a été récupéré dans le nichoir deux jours après leur arrivée !

La poule au pot d'Henri IV

On raconte que cette poule gasconne était celle qui permettait de confectionner la fameuse poule au pot d'Henri IV.

Comme beaucoup d'espèces historiques, cette race a été menacée par l'industrialisation de l'agriculture et la création de nouvelles races plus adaptées à l'élevage en batterie.

C'était sans compter sur l'obstination de quelques éleveurs en particulier en Astarac qui se sont lancés dans le maintien de cette race

En 2003, l'association « La poule gasconne » à Masseube avait consacré son grand retour.

Moins de 10 ans plus tard, cette association déposait la marque « Noire d'Astarac-Bigorre », prélude à la structuration d'une véritable filière.

Depuis fin 2015, une société commerciale, la SICA Noire d'Astarac-Bigorre vend la production volaillère de plusieurs éleveurs qui proposent  une volaille haut de gamme et respectueuse de l'animal qui s'élève en liberté et a besoin de temps pour arriver à maturité.

En 2014, Trigone propose aux foyers gersois d'accueillir chez eux deux poules noires pour détourner les bio-déchets alimentaires des sacs poubelle : « En adoptant 2 poules, vous réduirez en moyenne vos déchets de 12 kg par mois tout en récoltant 30 œufs sur cette même période ! »

De la poule aux poussins

Ces trois poules au pelage noir bleuté et lustré sont très belles mais elles n'auront jamais la joie d'avoir autour d'elles une couvée de petits poussins...à défaut de coq.

Cette histoire de coq me fait penser au travail de ma grand-mère lorsqu'elle mirait les œufs.

Lorsqu'une glousse, la clouque, était habituée à couver ses œufs et à les réchauffer de ses plumes, elle devenait une machine à poussins.

Ma grand-mère prenait les œufs dans un panier et se rendait dans une pièce obscure aux volets fermés. Au milieu de la pièce, sur la table, était placée une bougie.

Là commençait la sélection. Elle disposait deux paniers, un pour les bons œufs, l'autre pour les mauvais.

Elle présentait l'oeuf face à la flamme, si elle voyait à l'intérieur un semblant de poulet, c'était un bon.

Quand on voyait à travers certains oeufs, elle les déposait avec colère à côté.

Parfois, elle les repassait pour vérifier que parmi les œufs éliminés, elle ne s'était pas trompée.

Je me souviens d'une séance où le résultat n'était pas bon à son goût.

« Six sur douze seulement sont bons ! Les poules ont fait leur travail mais c'est le coq qui n'a pas fait le sien ! » me dit-elle.

« Ce coq, je m'en doutais, depuis quelques temps, à part chanter sur le fumier, il n'a pas l'air très intéressé par les poules ! Je vais le changer et en acheter un autre chez la voisine qui ne sera pas du même sang.

Le vétérinaire m'a expliqué que ce changement de sang pouvait donner un coq plus gaillard. » rajoute-t-elle.

Elle se rend aussitôt chez Gabrielle qui possède trois coqs.

Elle revient avec un coq sous le bras et le lâche dans la cour.

Les volailles sont un peu étonnées, une bête nouvelle ? Puis elles se remettent à gratter le sol.

Le coq a aperçu le groupe des poules noires et il se dirige vers elles.

« Tu vois, celui-là, il va nous faire des poussins ! » me dit-elle.

Je n'ai jamais su si le pourcentage de poussins obtenu avec le nouveau coq était supérieur au précédent mais ce que je sais, c'est que le coq qui avait manqué à sa fonction de reproducteur finit en coq au vin !

Pierre DUPOUY

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