La directrice de l'Hôpital de Vic-Fezensac, Sandrine Lambert, et son équipe ont décidé d'ouvrir d'avantage l'établissement sur l'extérieur en proposant par exemple des repas à thème en fonction des saisons et des événements.
C'est ainsi que mardi dernier, les résidents ont dégusté un « repas de la chasse » avec au menu, Floc, velouté de champignons, terrine de lapin, civet de cerf pommes vapeur et millasson.
A l'heure de l'ouverture de la chasse, ce menu a eu pour effet de faire remonter les souvenirs autour des tables.
La période étant à la chasse à la palombe, il fut bien entendu beaucoup question de palombières !
« Moi je construisais ma palombière au sommet d'un chêne et c'était la cabane la plus haute du canton !
Il fallait être leste pour grimper au sommet, monter les planches et construire une cabane.
Aujourd'hui, on suit des formations pour réaliser ce travail !
Mais on était peut-être plus prudents à l'époque ! »
« Moi, j'avais une palombière en dur. Dans notre équipe, il y avait un maçon qui nous avait proposé de remplacer les planches par des briques et on avait même une cheminée !
Notre cabane était sur le sol car on chassait au filet. »
Aussitôt, à la table voisine :
« Au filet ! C'est du braconnage ça ! On attrape des dizaines et des dizaines de palombes d'un coup ! »
Et la discussion animée - mais dans la bonne humeur- se poursuivait entre adeptes du filet et partisans du fusil sans que les deux partis ne parviennent à s'accorder
Chacun y allait donc de sa petite histoire.
Mais on revenait toujours au sujet principal des histoires de palombière, le repas !
C'était, et c'est toujours, en effet un moment fort de la journée.
Après l'apéritif local, c'était foie gras pour graisser un peu les dents.
« Nous on mangeait du civet de lapin et même du lièvre. Tu te souviens quand on en avait tué 5 au cours de la saison ?
C'était Honorine qui préparait le civet. C'était une excellente cuisinière.
Quand on soulevait le couvercle de la marmite, une odeur extraordinaire envahissait la pièce », disait un résident à un convive, ancien voisin.
Ensuite on dégustait souvent la côte à l'os que l'on faisait griller dans la cheminée ou sur le gril à l'extérieur.
Les discussions s'animaient, cela allait du problème économique du moment aux exploits sportifs de l'équipe du coin.
On terminait par un pastis gascon maison.
Après le dessert, c'était le café et l'armagnac que l'on apportait dans différentes bouteilles selon les millésimes.
On dégustait le breuvage dans la tasse encore chaude du café pour qu'il dégage toutes ses saveurs
On en goûtait un, puis un autre et les convives décernaient un prix pour chacun ; à chaque fois, c'était un bon fond de tasse qui était dégusté !
Si certains regagnaient après le repas leur poste de surveillance, d'autres se jetaient sur un fauteuil et ne voyaient dans l'après-midi des palombes qu'en rêve !
Une histoire savoureuse connue de beaucoup d'anciens fut bien entendu racontée par un convive.
C'était un soir d'automne, le café des sports était plein car l'UAV qui jouait à domicile avait gagné.
On s'attardait derrière les apéritifs ou les bières.
Arrive le propriétaire de l'établissement en tenue de chasse et un sac sur le dos.
« Quelle journée de chasse aujourd'hui ! »
Il vide le sac dans la salle et une quinzaine de palombes en tombent devant les yeux ébahis des clients du bar.
Parmi eux, des chasseurs qui n'avaient rien vu de la journée, un peu jaloux tout de même, lui disent : « Eh bien, tu as dû en voir toi des palombes aujourd'hui ! »
« Des palombes, à un moment donné, il y en avait tellement au-dessus de la palombière que l'on ne voyait plus le ciel !
Alors, quand tu tires là-dedans, il en tombe forcément ! » répond-il, pas peu fier.
A ce moment-là, sa femme ouvre la porte et lui dit :
« Dis-donc Yvan, tu avais oublié ton fusil aujourd'hui, il est toujours accroché au-dessus de la cheminée ! »
Yvan ramassa alors ses palombes et regagna sa cuisine. On ne le revit plus de la soirée.
On racontait que le lendemain, pour lui faire payer son mensonge, on lui fit plumer toutes les palombes !
Les Vicois racontent qu'à partir de ce jour, il ne parla plus jamais de chasse !
Pierre DUPOUY
Crédit photo : F. Sabathé