Moments partagés autour de la table à l'Ehpad de Vic-Fezensac

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Alors que la tendance actuelle est à la disparition des traditions, à la robotisation de l'individu, il y a encore des gens qui sont attachés aux traditions, base essentielle de la vie.

C'est ainsi qu'à l'EHPAD de Vic-Fezensac, la directrice et son équipe avaient organisé récemment un petit-déjeuner gascon.

Au menu, le pâté que l'on étale sur le pain – bien sûr ce n'est pas le pain bis de nos campagnes mais on pouvait tout de même se faire de belles tartines - , le jambon et les œufs sur le plat, des œufs bien cuits au jaune brillant avec la petite couronne un peu grillée de blanc autour.

Charlotte arrivait avec les oeufs grésillant dans la poêle. On contemplait l'oeuf dans son assiette avant d'y tremper les mouillettes beurrées.

C'était un régal cette saveur retrouvée aujourd'hui disparue.

Je me souviens qu'il y avait une autre manière de cuire les œufs.

Dans la cendre chaude, mon grand-père enfouissait l'oeuf et et le laissait cuire un certain temps.

Puis on mettait l'oeuf dans le cocotier, chacun avait le sien. On enlevait un petit bout de coquille, un peu de poivre de sel et on trempait une mouillette de pain bis dans l'oeuf.

Quand on avait terminé, on curait bien l'intérieur avec une petite cuillère pour récupérer le blanc contre la coquille.

J'écrasais la coquille que je jetais aux poules par la fenêtre : elles étaient aussi à l'heure du déjeuner et adoraient cela.

J'aimais contempler le jaune coulant sur ma mouillette et il en tombait un peu sur mon vêtement.

Quand je passais devant chez ma voisine, elle me disait en patois : «  Tu as déjeuné ce matin ? » J'avais en effet une belle traînée sur ma veste !

Cet œuf sur le plat, cette ventrèche ou cette tranche de jambon grillée sur la braise, c'étaient des incontournables du petit- déjeuner gascon.

Le café accompagnait les mets. Mon grand-père avait un petit flacon d'eau de vie, il mettait dans sa cuillère à café quelques gouttes d'armagnac en disant : « Il n'y a pas de bon café sans armagnac ».

Je n'en connus le goût que plus tard.

Ces petits-déjeuners gascons faisaient partie des repères de la vie quotidienne.

Le mardi pour le patio des Couleurs et le vendredi pour le reste de l'établissement, l'équipe avait également  organisé un repas rassemblant les pensionnaires de la maison et les familles. Le repas était offert à deux membres de chaque famille.

C'est une excellente idée. Quand on est à l'EHPAD, les contacts sont limités et ce genre d'initiative est à saluer.

On se retrouve à table face à une personne que l'on reconnaît : « Vous, je vous ai connu à telle époque, à tel endroit... » et l'histoire commence !

C'est ainsi que déjeunaient à une table voisine des personnes qui avaient vécu dans leur jeunesse dans le même village et ne s'étaient jamais revus.

" Vous, vous avez dû me faire danser lors du bal du village", disait une dame à son voisin de table.

"Certainement mais vous ne m'en voudrez pas de ne pas m'en souvenir !" répondait-il.

Les souvenirs jaillissaient à chaque table.

A la fin du repas, une dame de 92 ans raconta la blague que lui avait faite son chef de service pour son départ à la retraite et elle provoqua les éclats de rire de tous les convives.

On ne rentrera pas dans les détails, le propos étant quelque peu grivois mais tellement drôle dans la bouche de cette dame respectable !

Les tables avaient été mises avec soin et un petit bouquet ornait chacune d'elles.

Le menu était soigné : floc à l'apéritif avec tarte aux tomates du jardin, salade de tomates et anchois, chipolatas et merguez à la plancha et pommes de terre sarladaises, fromage, clafoutis aux fruits et café.

Un repas qui a ravi les palais mais surtout un moment de partage apprécié par tous.

Certains ont noté sur un bout de nappe en papier des numéros de téléphone pour rester en contact.

Voilà des gens qui vont se revoir !

Il est important de savoir retrouver des moments simples comme partager un repas, des moments que l'on a tendance à oublier.

Avec l'ordinateur, les portables, on ne se voit plus. C'est pourtant si important de se voir pour communiquer.

Il y tellement de choses que l'on ne peut dire sans se voir.

Félicitations à toute l'équipe de l'EHPAD de Vic-Fezensac pour ces moments de convivialité si appréciables.

Pierre DUPOUY

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