Vocation: libraires.
Il n’y a pas très longtemps qu’ils sont venus s’installer dans la bastide du jazz. Pourtant, ils sont déjà très familiers des marciacais. Aux gens du coin, plus besoin de les présentés. Des nouveaux venus dans un petit village, on les identifie vite. Surtout que la surprise est de taille: ils ont ouvert une librairie en 2020. Et aujourd’hui, on n’imaginerait plus Marciac sans eux et sans “La Chouette qui lit”.
Richard et Gaelle, les libraires de Marciac, sont très actifs dans la vie culturelle du village. Il y a quelques semaines, ils étaient là pour soutenir les Amis de l’Astrada qui se manifestaient un jour de marché pour se faire entendre et protester contre la mise en pause forcée des salles de spectacles, des cinémas,… Richard et d’autres comparses avaient lu a hautes voix des extraits de poésie devant le petit cortège revendicatif. (voir article)
Une belle vitrine rue Saint Pierre
En quelques mois, “La chouette qui lit” est devenue l’un des établissements incontournables de Marciac. Très accueillants, nos libraires ont vite conquis le cœur des marciacais. Ils se sont installés au n°2 rue Saint-Pierre. Et les passionnés de lecture y ont trouvé leur caverne d’Ali Baba. A peine franchie la porte de la boutique, le client potentiel se retrouve entre des centaines de livres exposés au regard dans un cadre cosy. Nouveautés éditoriales, polars, livres de cuisines, Bd, essais, il y en a pour tous les goûts, il n’y a que l’embarras du choix. Et cette petite terrasse sur le trottoir devant la vitrine est une invitation à la quiétude de ce coin du Gers: un thé ou un café pour se poser tranquillement un moment et discuter de littérature, pourquoi pas, ou bien de l’effervescence du festival de jazz tant attendu ou de la réouverture des terrasses dont on a été privé ces derniers temps. Pour l’instant, la climatologie n’est pas trop de la partie, mais comme l’a dit la Comtesse de Ségur: “Après la pluie vient le beau temps”, et il ne fait aucun doute que cette petite terrasse aura du succès aux premiers rayons de soleil.
Les 16èmes rencontres littéraires de Nogaro.
Nos libraires marciacais se sont associés à d’autres librairies du Gers, pour participer aux 16èmes rencontres littéraires de Nogaro. La librairie Corbel à Eauze et la librairie “La Litote” à Vic-en-Bigorre participent donc à cet évènement. Des rencontres d’auteurs auront lieu dans de nombreuses médiathèques du Gers: Fleurance, Lombez, Panjas, Plaisance, Riscle, et Pujaudran.
De quoi s’agit-il?
C’est une invitation à la lecture pour les jeunes – et les moins jeunes-, pour découvrir de nouveaux auteurs et récompenser un premier roman. Les lycées de Nogaro, de Mirande et de Condom proposent à leurs élèves de participer à la lecture des ouvrages sélectionnés et à participer au processus d’élection des finalistes de chaque édition. Derrière cette initiative, un professeur de français du lycée de Nogaro : Éric Busson. Installé à Beaumarchés, il est à l’origine de ce prix littéraire “Jeune Mousquetaire”. En 2005, il crée l’association “Un livre dans la poche”. Et avec l’aide d’autres amateurs de littérature, lycéens pour la plupart, il organise depuis lors des rencontres entre le public lecteur et des écrivains en herbe voués à un futur prometteur. Le participation n’est pas exclusives des lycéens. Tout un chacun peut lire puis voter pour les ouvrages en lice. “L’objectif est de toucher un public le plus large possible”. Éric Busson est aussi impliqué dans la junior-association Hallucinés qui organise notamment des débats autour de films choisis au cinéma de Nogaro.
Une première marraine de prestige.
C’était Anna Gavalda qui fut la marraine de la première édition en 2005. En 1992, lauréate de “La Plus Belle Lettre d’amour”, concours organisé par France Inter, cette professeur de français obtint en 2000 le Grand Prix RTL-Lire pour son premier recueil de nouvelles “Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part” publié par Le Dilettante. Ce livre rencontra un énorme succès avec des traductions en 27 langues et des ventes cumulées à 1885000 exemplaires. Les romans suivants sont aussi des succès de librairies (“Je l’aimais”, “Ensemble, c’est tout”).
“Un livre dans la poche”.
Ce prix Jeune Mousquetaire a donc été créé en 2005 via la junior-association “Un livre dans la poche”. Pour l’auteur de premier roman finaliste de ce concours littéraire, la récompense est un chèque de 1000 euros offert par la commune de Nogaro. Un site web de l’association www.prixjeunemousquetaire.fr dresse notamment la liste de tous les lauréats, ainsi que des présidents qui se sont succédés depuis 2005.
Cette année, la junior association “Un livre dans la poche” a un bureau composé de Célia Kindts et de Lili Saint-Jean -qui coprésident- et de Neven Charrier qui gère le côté trésorerie. Aux côtés d'Éric Busson, ils ont concocté une belle manifestation pour cette année 2021.
L’organisation.
- En août, présélection d’une vingtaine de premiers romans.
- De septembre à octobre: le comité de lecture choisit les cinq romans qui seront en compétition. Demande d’exemplaires auprès des éditeurs; première rencontre avec le président et remise des livres en compétition.
- D'octobre à mai: lecture des cinq romans par les jurés et le public.
- Mai: délibérations et remise du prix en présence du président et du lauréat.
Des rencontres littéraires à Marciac.
C’est dans ce cadre, que les passionnés de lecture de Marciac et des environs auront la possibilité de rencontrer à “La Chouette qui lit”, certains des auteurs et autrices invités à l’édition de cette année 2021. Pour rappel, l’édition de l’an passé avait dû être suspendue en raison de la pandémie du covid19. Mais en décembre 2019, donc avant la crise sanitaire, Akli Tadjer, qui devait en présider le jury, était intervenu au collège de Marciac. Les élèves de 3ème du collège Aretha Franklin avaient découvert “Le Porteur de cartable”, ouvrage sur la guerre d’Algérie, vu de Paris à travers les yeux d’un enfant.
Les rencontres à ne pas manquer à “La chouette qui lit”:
- · Mercredi 2 juin, à 10h: François-Henri Soulié
- · Mercredi 2 juin, à 18h: Romain Slocombe (président de cette édition des 16èmes rencontres littéraires de Nogaro”)
- · Jeudi 3 juin, à 18h: Christian Niemiec et Ludovic Manchette.
- · Vendredi 4 juin, à 10h: Maylis Adhémar.
François-Henri Soulié (mercredi 2 juin à 10h).
Tout comme Emmanuelle Favier, Caroline Laurent, ou encore Vincent Lahouze, cet auteur fait partie des invités des Rencontres Littéraires de Nogaro. Il interviendra notamment le vendredi 4 juin à la mairie de Nogaro, pour un atelier rencontre avec Maylis Adhémar sur le thème de “La Littérature contre les conservatismes”. Son dernier roman, Angélus, a remporté le prix France Bleu en septembre 2020. C'est un roman foisonnant qui emporte le lecteur au XIIe siècle, en Occitanie, sur les traces de trois personnages qui ne se connaissent pas mais qui vont se retrouver liés par des meurtres à la mise-en-scène macabre. François-Henri Soulié est aussi dramaturge, scénariste, metteur en scène et comédien.
A 68 ans, il n’en est donc pas à son premier roman, puisqu’il est aussi l’auteur du roman policier “Il n’y a pas de passé simple”, aux éditions du masque, qui fut lauréat du prix du premier roman au festival international du film policier de Beaune en 2016. Depuis, il a aussi publié “un futur plus que parfait”, “Le présent n’a plus le temps”, “Impératif imprévu”, ou encore “Le Songe de l’astronome”, “La Conspiration du globe”, et “Ils ont tué Ravaillac”.
Maylis Adhémar (vendredi 4 juin à 10h).
A 35 ans, elle est l’auteure de “Bénie soit Sixtine”, un premier roman qui ne tarie pas d’éloges dans les nombreux articles que l’on peut lire dans la presse, et plébiscité par de nombreuses médiathèques et librairies. Coup de cœur de Gaelle Paty qui a vraiment adoré ce roman: “Une très belle écriture, un souffle littéraire remarquable, j’ai dévoré ce livre!!”.
Maylis nait dans le Tarn en 1985, dans une famille catholique traditionaliste. Puis à 18 ans s’émancipe de ce milieu. Des études d’histoire, quelques voyages en Chine ou en Argentine, et des stages divers dans des rédactions: elle vit depuis 2010 à Toulouse, où elle exerce en tant que journaliste indépendante. Marquée par la radicalité religieuse dans laquelle elle a passé toute sa jeunesse, Maylis trouve dans l’écriture de ce premier roman une sorte d’exutoire pour trouver sa voie. Pour ceux qui aimeront cet étonnant premier roman de Maylis, à noter qu’elle est actuellement sur un nouveau projet littéraire ayant pour thématique le monde agricole. Milieu qu’elle connait bien également, puisqu’après un bac agricole elle avait envisagé de devenir bûcheronne.
Christian Niemiec et Ludovic Manchette (jeudi 3 juin à 18h).
Caractéristique assez surprenante: deux auteurs pour le roman “Alabama 1963”. Cela s’explique par les liens qui unissent les deux écrivains. Christian et Ludovic sont traducteurs. Ils adaptent les dialogues de séries et de films (souvent américains) de l’anglais vers le français. Et cela fait douze ans qu’ils travaillent ensemble. De par leur carrière de traducteurs, ils sont très imprégnés par la culture américaine. Ils sont ainsi les heureux auteurs d’ “Alabama 1963”, l’un des premiers romans qui ont été retenus par les lecteurs pour la phase finale de sélection au Prix Jeune Mousquetaire 2021. Et ils ont déjà conquis de nombreux lecteurs. Ludovic Manchette est natif de Nancy, a grandi dans la Meuse. Mais c’est du Morbihan où lui et Christian sont installés à Plouhinec, qu’ils amèneront du soleil sur la terrasse de “La chouette qui lit” jeudi prochain. Fruit de beaucoup de recherches, et d’un long travail d’écriture à quatre mains, ce livre évoque bien évidemment l'Amérique triomphante de Kennedy et le problème du racisme tristement toujours d’actualité. Pour rappel, c’est le 28 août 1963 que Martin Luther King prononça son célèbre discours “I have a dream” devant le Lincoln Memorial à Washington.
Romain Slocombe (mercredi 2 juin à 18h)
Eric Busson est très heureux d’avoir Romain Slocombe comme Président de l’édition 2021 des Rencontres Littéraires de Nogaro. Celui-ci compte parmi les grands noms de la littérature française contemporaine. Né le 25 mars 1953 à Paris, Romain Slocombe est un écrivain, réalisateur, traducteur, illustrateur,… très prolifique: il est l’auteur d’une trentaine de romans, auxquels il faut ajouter des bandes dessinées, etc. Ses œuvres abordent principalement le Japon et la période de la Seconde Guerre mondiale. Richard Tostain présente dans sa boutique une belle sélection d’ouvrages de cet invité d’honneur, dont l’un des thèmes de prédilection est la période de l’occupation nazie, avec son personnage phare Sadorski: un inspecteur collabo antisémite. De sa carrière littéraire, on retiendra aussi, par exemple, la parution au cours des années 2000 de quatre romans formant la tétralogie “La Crucifixion en jaune”. En 2011, c’est “Monsieur le Commandant” qui est publié: succès littéraire qui lui vaut de recevoir le prix Nice Baie des Anges pour cette “confession” d’un collaborateur français en proie à ses contradictions...
Des ouvrages de tous ces auteurs sont actuellement disponibles à La chouette qui lit.
Le Prix Mousquetaire du premier roman 2021:
(Voir article du Journal du Gers de Roland Houdaille du 8 octobre 2020)
La sélection 2021
Cinq premiers romans ont été sélectionnés pour le Prix 2021 qui sera décerné le vendredi 4 juin à 16h30 au cinéma de Nogaro. Sont en lice:
- · Juliette Adam avec “Tout va me manquer” aux éditions Fayard.
- · Maylis Adhémar avec “Bénie soit Sixtine” aux éditions Juillard.
- · Marcia Burnier avec “Les Orageuses”, aux éditions Cambourakis.
- · Christian Niemec et Ludovic Manchette avec “Alabama 1963” aux éditions Cherche-Midi.
- · Laurent Petitmangrin avec “Ce qu’il faut de nuit” aux éditions Manufacture des livres.
Qui sera le lauréat qui recevra les 1000 euros offerts par la mairie de Nogaro? Rendez vous vendredi 4 juin à 16h30 au cinéma de Nogaro.
Nicolas Hamon
