Les fées existent-elles encore en 2020 ?

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La réponse avec François Macé !

Les fées existent-elles encore en 2020 ?

Ecrivain et journaliste, François Macé - à qui nous avions consacré un article,  https://lejournaldugers.fr/article/45921-un-ecrivain-parmi-nous -  a  mené son enquête.

Ses conclusions sont irréfutables les fées existent bel et bien !

Il nous offre ci-dessous le conte qui en est la preuve !

L'Informe à Tics et l'aviateur 

Les contes commencent systématiquement par « Il était une fois… » Et pourtant…

Aujourd’hui, les Gnomes, les Elfes, Trolls et Farfadets ne fréquentent plus les hommes… Le croit-on habituellement…

J’ai la conviction que l’un d’eux vit dans mon ordinateur. Sa présence m’est perceptible, par de nombreuses facéties. Parfois, je ne retrouve pas les touches du clavier sous mes doigts, elles se dérobent et sont remplacées par d’autres lettres… L’ordonnancement de mes fichiers est quelquefois perturbé… J’ai surnommé ce lutin invisible mais bien présent « L’informe à tics ».

Je l’imagine le visage couvert de boutons.

J’ai l’habitude d’écrire tardivement sur ma machine, sauf la veille de Noël. L'an passé, comme à l’accoutumée, je me suis rendu à la messe de minuit.

Durant ce temps, à mon insu, jaloux de ma foi soudaine, mon hôte a tapé cette histoire dans mon ordinateur.

Elle me révèle l’étrange destinée d’un ami pilote d’avion… Celui-ci a disparu corps et bien depuis deux ans. Son métier lui donnait l’occasion de parcourir le monde à bord de petits appareils biplans de tourisme tout blancs. A l’issue de leur construction, il les livrait à leurs riches propriétaires.

Le Yéti est un grand gars, tout est long dans sa physionomie. Néanmoins, il reste très élégant dans sa combinaison de vol bleue…

Le regard toujours triste. Il marmonne toujours « y-es-tu ? » d’où le surnom de Yéti.

Un matin, il décolle d’un aérodrome ibérique sans tour de contrôle, aux commandes de l’un de ces avions blancs vers le Danemark.

Le moteur ronronne depuis une heure, le ciel s’obscurcit. Bientôt un violent orage secoue l’avion en tous sens… Les papiers et cartes posés sur le siège libre à sa droite volent dans un profond désordre.

Ses mains se crispent sur le manche à balais. Un énorme éclair  zèbre le pare-brise dans la pénombre ambiante.

Tout à coup, il perçoit à la place droite un être étrange. Très laid, le nez couvert de pustules purulentes. Une chemise verte en lambeau l’habille. Le Yéti écarquille les yeux.

La noirceur du ciel l’empêche de distinguer l’intérieur de l’habitacle.

La pluie ruisselle sur les ailes de l’avion, bientôt son regard ne peut percevoir plus loin que le capot du moteur qui ronronne.

Soudain, ce dernier émet un hoquet, tousse puis s’arrête. Le silence angoissant remplace la sécurité de la mécanique. Les doigts du Yéti courent sur les manettes… Une sueur froide descend le long de son dos...Une autre lueur lui permet d’observer plus nettement l’inconnu…

D’un timbre haut-perché, son étrange passager lui ordonne : " VA A DROITE… "

Mécaniquement, le Yéti s’exécute toujours secoué comme un fétu de paille dans un torrent. « TOUT DROIT ! »

Peu à peu, le calme revient. Si ce n’est le mortel silence du moteur. Une clairière ensoleillée lui apparaît au centre d’une sombre forêt. L’avion atterrit, roule puis s’immobilise.

A ce moment, l’être le dévisage. Un autre, plus petit, assis sur le prolongement du tableau de bord, tourne la tête vers lui, et d’un ton nasillard lui adresse la parole.

Il est doté d’une paire d’ailes translucides.

« Dis-moi le Yéti… »

« Oui… »

Ne sachant s’il rêve ou s’il délire… Le Yéti ouvre la portière de l’avion et descend. Une bouffée d’air frais l’accueille…

Machinalement, il attrape sa caisse à outils attachée derrière son siège et se dirige vers le moteur pour commencer à ôter les capots. Il veut comprendre pourquoi cet engin refuse de fonctionner.

« Ne te fatigue pas ! Ton moteur n’est pas en panne ! » lui lance l’affreux petit bonhomme.

« Bon, toi le Troll, ça va ! » rétorque le Yéti.

Contrarié, le personnage pince les lèvres.

« Je ne suis plus un Troll… Maintenant, j’appartiens à la famille des Droll… »

En soulevant le capot supérieur, le Yéti l’interroge :

« C’est quoi la différence ?

- La sorcière, la Marmandox, tu connais ? »

- Non, c’est une émission de télévision ? 

- C’est l’ennemie de la Fée Mélusine ! Elle m’a jeté un sort ! Autrefois, j’étais haut comme un sapin… »

Le moteur est couvert d’huile noirâtre. Un bouchon s’est dévissé lors de la séance de voltige à proximité du nuage d’orage.

Soudain, une autre voix très douce l’interpelle :« Beau jeune homme… »

Il se tourne. Son regard croise une femme divinement belle. Très grande, ses cheveux blonds habillent la mousseline de sa grande robe blanche.

La vision de la jolie femme, l’empêche d’avoir une analyse sereine des faits.

« Je suis la Fée Milbisous… Nous avons besoin de toi… »

Sans en dire plus l’apparition tourne le dos… Le sortilège commence. Le Yéti a une envie incroyable de lui faire des bisous… Instinctivement, il la suit du regard, puis lui emboîte le pas.

Elle s’arrête pour lui parler :« Je suis désolée, mais les fées et les humains ne peuvent pas se faire des bisous… »

Triste, il s’approche.

Perfide, le Droll lui murmure :« Elle te ment… »

La fée s’assoit face au Yéti qui l’imite.

« Autrefois, j’ai été une femme qui aimait les hommes, trop peut-être… Un jour je suis tombée amoureuse d’un bûcheron très pauvre… Ma famille, très riche, ne m’a pas permise de l’épouser… Eperdue de chagrin, je me suis jetée dans le lac au pied du château… Au lieu de me noyer, je me suis transformée en grue… Et depuis, je guette son passage… Parfois, une fois l’an, vers la Noël, la grâce m’est accordée de me transformer de nouveau en femme pour tenter de séduire un homme…»

Le Yéti n’en croit pas un mot. Cette femme est folle ou une fieffée menteuse…

Il lui envoie un sourire. Milbisous l’imite et se rapproche de lui… Il sent l’odeur de son corps. Un peu âcre, comme une senteur de volaille mouillée…

L’esprit en ébullition, il se penche vers la joue gauche, toute blanche, de la fée… Il lui plante un bisou sur la joue…

Une sensation bizarre l’emporte. La première chose qu’il distingue près de lui est un oiseau gris orné d’une aigrette jaune.

Ce dernier se tient sur une patte posée sur le fond froid d’un lac.

Le Yéti, se trouvant très bas, pour distinguer ainsi l’oiseau, se penche et s’observe. Lui aussi est devenu une grue. Il tente de hurler de rage. Seuls des cris longs et plaintifs lui échappent.

Tous les ans vers l’automne, le Yéti tente de retrouver son aérodrome ibérique, il espère vaincre ainsi le maléfique sortilège…

Son vol est accompagné d’une troupe considérable et bruyante qui l’encourage… Ce sont les amoureux d’un jour de Milbisous…

L’histoire pourrait s’arrêter là…

Un jour son vol le conduit à survoler l’aérodrome d’Amiens. Fatigué et curieux, il quitte le vol des amoureux de Milbisous. Il aperçoit un avion qu’il ne connaît pas. Il marche sur ses grandes pattes d’échassiers.

Il circule sur le parking entre les avions.

"Tiens ! Celui-là est sale ! il aurait besoin d’être lavé !"

Une belle femme voit l’oiseau. Pas timide, comme d’habitude, le Yéti se dirige vers elle. Elle l’attrape et le porte à hauteur de ses yeux.

Avant de le reposer par terre, elle lui plante un bisou sur le plumage.

Le Yéti sent une douce chaleur l’envahir. Soudain, ses yeux sont en face de ceux de la dame. Elle recule apeurée. Le Yéti se tient devant elle, debout dans une combinaison de pilote verte…

Le sort est levé… Le bisou d’une autre femme a fait partir le sort…

"On me croira jamais…"  marmonne-t-il.

Déjà un cercle de curieux se forme autour de lui.

"Vous n’avez jamais vu un pilote ? Qu’est ce qu’on mange ! Y’en avait assez des vers de vase…"

François Macé dit MCE.

Illustrations : Image-titre, François Macé,  images d'illustration, Pixabay

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