«Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom),
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
Faisait aux Animaux la guerre.»
Ce commencement des « animaux malades de la peste du fabuliste Jean de la Fontaine, illustre bien l’imaginaire lié à ce fléau.
En cette belle journée de septembre, nous étions 20 ou 30 brigands dans une bande, la bande en question était la société archéologique de Condom en la salle des cadets de Gascogne. Le Docteur Marc-Antoine Hennet, ancien pharmacien du centre hospitalier de Condom, promu pour la soirée grand apothicaire, coiffé de sa faluche, a présenté sa planche sur la peste. Ayant égaré le support de sa conférence, c’est sans support que l’exposé fut conduit. Internet fournit les images nécessaires aux explications. Après quelques rappels aux allures d’enseignement de sciences naturelles sur les microbes, les maladies et leurs transmissions, il présenta une biographie succincte d’Alexandre Yersin. Un génie national trop méconnu, venu des Alpes suisses, inventeur du dangereux bacille en 1894, bienfaiteur de ce qui deviendra le Vietnam, mais aussi explorateur, éleveur bovin et équin, géographe, botaniste qui a acclimaté l’hévéa et le quinquina en Indochine et fondé la ville de Da Lat.
S’ensuivit alors une description des épidémies ayant touchées l’Europe. La peste de Justinien au Ve siècle après Jésus Christ, puis celle initiée par le siège de Caffat en 1346 par les Mongols, qui ravagera l’Europe sous le nom de peste noire jusqu’en 1722. Le récit particulier à la Gascogne de l’effroyable année 1653 servit également de démonstration que le bon sens plus que la connaissance de la maladie permettait de faire reculer l’épidémie. Hygiène, urbanisme, nutrition, passeports sanitaires, quarantaines, ... Les mesures prises par les autorités ont fait mouche. Le fléau était, il est vrai, d’une particulière gravité : plus 30 % des patients atteints de la peste bubonique en mourraient. La peste pulmonaire, maladie secondaire de la première est mortelle dans 100 % des cas.
La conclusion titrée : « la peste dans nos mémoires » proposait un petit tour de l’art, de la présentation de cette familiarité avec la mort qui était commune au Moyen-âge et à la Renaissance, des œuvres littéraires et filmiques. Enfin, il fut question de l’autorité. En effet, en ces temps de pandémie, nous voyons bien que le postulat de Michel Foucault dans « surveiller et punir » est juste. La peste y est présentée comme un moyen autant qu’une cause de contrôle. Ce n’est pas l’épisode Covid 19 qui contredira la thèse du philosophe.