Adèle n’est pas joufflue !

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La restauration de la chapelle de la vierge de Gabarret

Les chapelles latérales de l’église Saint-Luperc de Gabarret, ainsi que les fonds baptismaux étaient décorés par des fresques réalisées durant la guerre de 1939-1945.

Si les fresques de la chapelle de Saint Joseph et des fonds baptismaux sont restées en bon état, celle de l’autel de la vierge, Notre Dame de la Paix, était bien dégradée  par l’humidité. Les  teintes étaient fanées, il y avait des coulures et des moisissures, certaines parties de la fresque étaient très atténuées (laissant entrevoir  les formes du dessin), des parties du fond étaient détachées et laissaient apparaître les pierres…

Dans les années 2 000, comme c'était mon ancien métier, on me demanda de la restaurer. Il fallait repeindre le plafond, les murs et évidemment la fresque détériorée en respectant le travail de l’artiste et son esprit.

J’ai donc repris mes pinceaux et mes couleurs et j'entrepris bénévolement ce chantier.

Pour les paroissiennes, très attachées à cette chapelle et aux prières adressées à la Sainte Vierge, c’était l’occasion de venir assister aux travaux, de bavarder entre elles et avec moi.  

Je redessinais et donnais des couleurs  au visage d’une jeune fille, quand Jeannine me dit :

« Mon pauvre Monsieur Portes, vous avez sérieusement loupé ma copine Adèle, elle n’était pas joufflue, mais justement elle était mince ! »

C’est ainsi qu’elle m’a appris que les personnages qui étaient sur les fresques étaient des personnes adultes ou des enfants  du village.  Elle m’indiqua que la jeune fille dessinée à droite, c'était elle, que le papi au chapelet à la main, était le cordonnier du village…  

Une page d’histoire vraie et très locale me fut ainsi révélée.

Par la suite, une légende circula dans le Gabardan, ainsi que dans certains livres d’histoire sur les églises du  Gabardan présentant l’artiste  Marie Baranger (1902-2003), comme une  artiste juive et belge, qui s’était réfugiée dans les Landes, notamment dans le Gabardan, et qu’elle aurait peint ces fresques chrétiennes en reconnaissance des catholiques et curés qui l’avaient cachée des Allemands.

Cette artiste a réalisé des fresques à Gabarret, Arx, Baudignan, Lubbon, Betbezer d’Armagnac, Poyanne…  

En fait, Marie Baranger est née le 26 février 1902 à Angoulême. Elle entra en 1927, aux Ateliers d'art sacré et exécuta sa première fresque en 1933, en l’église de Migné-Auxances, dans le Poitou. À cette même époque, elle seconde l’artiste Marthe Flandrin qui réalise sa fresque sur Catherine de Sienne pour l’église du Saint-Esprit. Avec son frère Pierre Baranger, elle fonda l’Association « Art et Louange ».  Elle entrera en 1944 dans le tiers-ordre franciscain.  En 1949, Rome l’a chargée de préparer l’exposition missionnaire prévue en 1950. C’est l’époque de ses grands voyages à travers l’Afrique, et c’est pourquoi,  en 1965, elle est conviée en qualité d’experte, à participer aux travaux du Concile Vatican II. 

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