La morue voyageuse....

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Nous revenons aujourd'hui sur un épisode rapidement relaté du point de vue de Grenouillette dans le conte que nous lui avions consacré il y a quelques jours, celui de la morue voyageuse....

Jean-Louis était un personnage qui vivait seul, n’ayant pas trouvé chaussure à son pied.

Il vivait seul dans une maison au sommet de la colline battue par les vents.

Il était économe et achetait un produit qui était à l’époque bon marché, la morue, mais la morue salée que l’épicier vendait dans une barrique.

On l’achetait entière ; on la suspendait dans la cuisine mais pour la consommer grillée, à la poêle ou en brandade, il fallait d’abord la faire dessaler et pour la faire dessaler, il fallait la mettre dans l’eau pendant un certain nombre de jours.

Jean-Louis eut une idée géniale.

Au pied de sa colline, coulait un petit ruisseau d’une propreté remarquable qui ruisselait sur des cailloux, la Mouliaque.

Il eut l’idée d’accrocher sa morue à un piquet planté dans le sol au milieu du ruisseau et ainsi l’eau dessalait la morue.

Des garnements de la vallée de l’Osse, qui rentraient de l’école non par la route mais par les champs, suivaient un soir  le cours de la Mouliaque.

Un d’entre eux s’écria tout à coup : « Hé ! Il y a une morue dans l’eau ! »

Tous descendirent et virent qu’elle était attachée par une ficelle. Avec le courant qu’il y avait, ils se dirent qu’elle pourrait faire encore un beau voyage…. Et ils coupèrent la ficelle.

La morue s’en alla, emportée par le courant. Les galopins la suivirent depuis la rive jusqu’à ce qu’elle arrive dans l’Osse dont la Mouliaque était un affluent.

La morue disparut dans les remous d’une eau argileuse.

L’opération ayant réussi, les compères décidèrent de la renouveler à l’occasion.

Tous les soirs, ils passaient au même endroit où Jean-Louis avait fait un petit escalier pour descendre dans la rivière.

Un soir, enfin, celui qui était en tête cria : « Eh les gars, il y en a une, il y en a une ! »

Tout de suite, tous se précipitèrent dans la rivière. C’est alors que Jean-Louis sortit d’une haie armé de branches très flexibles qui ne poussent qu’au bord des rivières et il se mit à frapper les dos, les cuisses…

Le plus jeune du groupe s’accrocha à une touffe d’herbes pour tenter de fuir, mais la touffe d’herbes s’arracha et le petit tomba dans la rivière. Jean-Louis en profita pour lui donner une bonne raclée sur les cuisses dont il garda longtemps les traces.

Nous rentrâmes à la maison – et oui, je faisais partie du groupe de chenapans…

Mais nos malheurs n’allaient pas s’arrêter là.

En effet, Jean-Louis avait enfourché sa bicyclette et s’était rendu dans chacune de nos familles.

Nous avions déjà été suffisamment rossés et les parents ne sortirent pas la gaule d’osier qui sert à dompter les fauves, mais nous partîmes au lit, vers 17 h, sans avoir dîné.

Je me souviens que ma grand-mère m’avait en cachette donné une pomme.

Non content d’avoir informé nos parents, Jean-Louis avait aussi raconté l’histoire à notre institutrice rencontrée chez le boulanger.

De retour à l’école, elle nous convoqua pour nous tenir ce discours : « Puisque le soir, en sortant de l’école, vous avez le temps de faire des bêtises, vous ne sortirez plus à 16 h mais à 17h »

Et pendant une semaine, elle nous garda une heure de plus .... avec du travail à faire bien entendu, de la conjugaison, des divisions compliquées…

Bref, on paya cher l’opération de la morue....

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