Lous aguillounès du Nouvel An

20181226173716u72V-image(postpage).jpg

C’était une coutume fort ancienne, mais qui avait disparu.

Elle fut remise à l’honneur par le gouvernement de Vichy. Le maréchal Pétain, dans son programme sur le retour à la terre, pensait que le folklore revenu, les gens reprendraient le travail de la terre.

Les aguillounès étaient des jeunes qui allaient chez les voisins leur souhaiter la bonne année. Ils avaient au bras un panier, ce qui signifiait qu’il fallait peut-être leur donner des étrennes. Les étrennes consistaient en œufs, farine et sucre - qui serviraient à faire la "coco" (le gâteau de Marie) - ou quelques piécettes.

Le terme "aguillounès" a différentes origines. Il contient le mot "gui", plante sacrée que les druides gaulois coupaient avec la faucille d’or selon les pages d’histoire du Cours Moyen.

Mais le terme vient plutôt de "l'aiguillade", ce bâton terminé par un aiguillon qui servait à activer les attelages de bœufs ou à enlever la terre du soc lorsqu’on labourait une terre humide qui collait à la charrue.

Les jeunes se rassemblaient par groupes de 5, 6 ou 7, se chaussaient de soques cloutées, mettaient leur grand manteau blanc sur 2 ou 3 tricots car à cette époque, les hivers étaient froids, le sol était gelé, parfois couvert de  neige.

Arrivés devant la maison, ils frappaient, les gens ouvraient et ils entraient.

« Nous sommes Lous Aguillounès » disaient les jeunes qui se mettaient à chanter, souhaitant à la famille une bonne année sans oublier qu’une étrenne était attendue.

« Donnez-nous de la farine, chantaient-ils, nous ferons la Coco à Marie ou du pain béni »

Quand quelques pièces tombaient dans le panier, les aguillounès étaient bien contents au moment des comptes car, avec cet argent, ils allaient chez l’épicier du village.

Les aguillounès s’amusaient avec quelques couplets des chansons. Quand on savait que le mari était coureur de jupon, on lui chantait qu’on lui souhaitait pour l’année autant de filles qu’il y avait de mouches dans le chai. Cela ne plaisait pas à la patronne de la maison... On ne chantait cela qu’une fois qu’elle avait donné ses étrennes.

Il y avait aussi des gens qui ne répondaient jamais quand on frappait à la porte.

Là aussi, un couplet les concernait : « Vous ne voulez rien nous donner, eh bien, nous irons chier dans vos poireaux » ou bien «  Ceux qui ne donnent rien, en enfer iront tout droit ».

Les gens ouvraient les fenêtres, mais c’était pour insulter les aguillounès qui partaient en courant.

Avec la monnaie récoltée, une petite fête était organisée ; on achetait quelques bonbons… et même un paquet de cigarettes, soi-disant destiné au papa... mais que les aguillounès fumaient en cachette...

Publicité
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles