Les premiers Chrétiens ne s’intéressaient pas à la naissance du Christ, mais seulement à sa mort et à sa résurrection. C’est le pape Libère qui, en 354, officialisa la Nativité dans la nuit du 24 au 25 décembre. Croyants ou non, petit rappel des faits, concernant les personnages de la crèche.
Quand, dans les années 747 à 749 de Rome, l’empereur romain César-Auguste décida de faire recenser tous les habitants, Marie était presque au terme de sa grossesse. Chaque personne, pour se faire recenser, devait se rendre dans sa ville natale. Marie et Joseph habitaient à Nazareth, en Galilée, mais ils étaient originaires de Bethléem, en Judée. Ils firent donc la route de 150 km qui séparent les deux villes, à pieds ; Marie, certainement juchée sur le dos d’un âne.
Luc, dans son Évangile, laisse supposer que Joseph et Marie étaient logés chez des connaissances à eux. Mais il était hors de question que l’accouchement ait lieu dans la chambre d’amis. Joseph et Marie sortirent se mettre à l’abri dans une étable. Et pour réchauffer le nouveau-né, il fût placé dans une mangeoire, krippia (« mangeoire » en francique), dont, au XIIIe siècle, dériva le mot « crèche ».
L’âne et le boeuf
D’après Luc, Jésus naquit dans une étable dans le village même de Bethléem, et non en rase campagne. Puis, selon Justin de Naplouse (apologète et philosophe chrétien du IIe siècle), l’Enfant Roi aurait vu le jour dans une grotte ; ce qui ne contredit pas forcément Luc, car, nombreuses étaient les grottes de calcaires qui servaient d’étable.
Selon l’Évangile du Pseudo-Matthieu (écrit apocryphe du VIIe siècle), c’est un ange qui invite Marie à entrer dans une grotte qui sera baignée d’une lumière miraculeuse durant l’accouchement. Marie quittera la grotte deux jours plus tard pour aller dans une étable y déposer son enfant dans une mangeoire.
Cette version du Pseudo-Matthieu regroupe celle de la grotte et celle de l’étable. Mais elle ne sera pas adoptées par les Chrétiens.
En ce qui concerne les deux animaux de la crèche, l’âne et le bœuf, la liturgie cite deux textes de prophètes ; celui d’Isaïe (1,3) : « Le bœuf connaît son possesseur et l’âne, la crèche de son maître » ; et celui d’Habacuc (3,2) : « Seigneur, vous vous manifesterez entre deux animaux ».
Le rôle essentiel des bergers
Autre animal que l’on peut retrouver dans nos crèches, bien que non cité par les Évangiles, la brebis, ou l’agneau. Ce dernier peut être assimilé, par métaphorisme, à l’Enfant Jésus. Mais plus justement encore, la brebis représente les bergers. Car Dieu, par humilité, a voulu que ce soit des bergers qui fussent les premiers témoins de la naissance du Messie. En ce temps-là, les bergers avaient mauvaise réputation ; ils passaient pour fourbes, voleurs, menteurs… et le fait qu’ils eussent pour rôle de propager la bonne nouvelle, les éleva de leur condition, et en quelque sorte les « lava » de cette réputation. Les bergers furent les premiers chrétiens de l’Histoire. Cette scène des bergers adorant l’Enfant dans la mangeoire a inspiré de nombreux peintres au travers des siècles, tels que Sandro Botticelli, Caravage, Nicolas Poussin, Greco, Pierre Paul Rubens, Rembrandt, Georges de La Tour, Jean-Honoré Fragonard…
Les Rois Mages
Sous l’influence de longues études du théologien Origène, au IIIe siècle, le nombre de trois fut décidé en ce qui concerne les mages. Origène les nomma Abimélech, Ochozath et Phicol. Ce n’est qu’au VIe siècle qu’ils reçurent leurs noms traditionnels de Gaspard, Melchior et Balthazar. Le nombre de trois, qui fut adopté au Ve siècle, correspond au dogme de la Trinité. Il symbolise aussi les trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet. Chacun des mages représentent à la fois un âge de la vie et un des trois continents connus à l’époque. Gaspard, la jeunesse et l’Asie ; Balthazar, l’âge mûr et l’Afrique ; Melchior, la vieillesse et l’Europe.
Le titre de « mage » signifie qu’ils étaient, soit prêtres, soit savants, soit astrologues, soit sorciers, soit devins ; ou un peu tout ça à la fois. Les Évangiles ne disent pas d’où chacun venait, sinon de l’Orient, et où ils se rencontrèrent. Guidés par une étoile, ils arrivent à Jérusalem où le peuple, par l’entremise des bergers, est déjà au courant de la naissance du Messie. Sur les conseils des princes des prêtres, les mages se dirigent vers Bethléem, car, d’après le prophète Michée, c’est là que devait naître le Messie. Mais avant de reprendre leur chemin, les rois mages sont priés par le roi de Judée, Hérode, de repasser par Jérusalem à leur retour, afin de donner des informations plus précises sur ce Messie. Mais après avoir salué Jésus, Marie et Joseph à Bethléem, les rois mages, avertis en songe des desseins d’Hérode, ne passèrent pas à Jérusalem en rentrant chez eux.