Jour de Toussaint. Les familles viennent parfois de fort loin fleurir les tombes et caveaux du cimetière du Mas Vieux, remarquable par le nombre de mausolées et par sa chapelle rappelant les hommes qui ont marqué l’histoire de la ville.
Les registres paroissiaux révèlent l’évolution des lieux de sépulture de notre ville qui étaient au nombre de six.
Des travaux de terrassement, lors de la mise en place de la chaufferie de l’église Saint-Pierre, ont mis à jour des sépultures autour de l’église Saint-Pierre. D’ailleurs, dans le mur nord, est encore visible l’emplacement d’un enfeu pour recevoir un défunt.
La nef de l’église Saint-Pierre était réservée aux personnages importants religieux ou laïcs.
On enterrait aussi autour de l’église Sainte-Catherine dans le quartier des Capots encore justifiée par une découverte en 1995. Effectuant des travaux dans ce quartier, un artisan vida ses terrassements au dépôt d’ordures de la Coume d’Ambrin.
On y découvrit bras et avant-bras. La trouvaille finit à la gendarmerie ; on pensait déjà à une « affaire » mais une analyse permit de démontrer qu’il s’agissait d’ossements remontant au Moyen Âge.
Les congrégations de Notre-Dame et des Cordeliers acceptaient moyennant certaines sommes d’accueillir, dans leurs monastères, les dépouilles des personnes qui en avaient fait la demande par testament.
Les moines des Capucins avaient, eux aussi, le droit d’inhumer des civils.
En 1792, le maire Mieussens prit un arrêté dans lequel il ordonnait le transfert des défunts inhumés au couvent au cimetière du Mas Vieux qui avait déjà été ouvert, mais seulement à l’intention des petites gens.
À partir de cette date, ce sera le seul cimetière de la ville.
Lors des grands épidémies comme en 1653 (300 morts de la peste en six mois) et 1694 (400 décès enregistrés de juillet à décembre), on enterre sur place dans les fossés de la vile.
Les premiers caveaux apparaissent vers 1820, chacun avec des originalités dans l’architecture et la grandeur.
Ils resteront car aujourd’hui ces concessions sont rachetées avec le monument.
La chapelle du cimetière
C’est un monument remarquable. Elle a été construite en 1877 par Jean-Joseph Saint-Hilaire Drême, né à Vic, et qui fut président de la cour d’appel d’Agen où il mourut en 1895. Il avait acquis, à la ville, la concession de 100 mètres carrés sur laquelle s’élève la chapelle qui fut aussi son tombeau.
La tombe des Secret
Si les mausolées imposants attirent le regard des visiteurs, on peut aussi s’arrêter devant de modestes pierres tombales qui portent parfois dans leur épitaphe une histoire anecdotique, c’est le cas de la tombe des Secret.
Le Vicois, M.Secret, s’était exilé aux « îles sous le vent » où il avait fait fortune.
Il occupait d’ailleurs une maison à l’emplacement actuel rue de Rivière (entre l’ancienne pharmacie des Arènes et le café Lou Bar Ataclau). M. de Rivière voulait relier le cours Delom à la place de l’église et il expropria M.Secret pour percer la rue.
M.Secret était venu finir ses jours à Vic et il avait fait graver sur sa tombe l’inscription suivante : «Â côté de mon épouse Zoé, créole de l’île Maurice repose tel le dernier des Secret ».
Pierre Dupouy