Le système Neste, géré aujourd'hui par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne, assure depuis 1860 la réalimentation en eau de l'ensemble des rivières nées sur le plateau de Lannemezan, hors du massif pyrénéen, qui irriguent les quatre cinquièmes du territoire gersois, mais aussi une partie du Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne et de la Haute-Garonne.
Ce système dépend de la collecte des eaux, provenant de la fonte des neiges au printemps, orientée vers une série de lacs artificiels dans le massif pyrénéen, pour un volume annuel utilisé de 220 Mm3.
Redistribué par le canal de Neste ouvert à Sarrancolin, ce stock d'eau répond à plusieurs besoins : l'eau potable pour 280.000 habitants, la salubrité des zones agglomérées, l'activité agricole, la vie aquatique, l'activité industrielle, le tourisme et les loisirs, sans oublier la production électrique.
Dans cinq à dix ans, lorsque le changement climatique aura pour conséquence de réduire l'enneigement hivernal, une année sur trois, voire une année sur deux, quel usage devra être restreint ? Probablement pas l'eau potable qui ne représente d'ailleurs que 10 % du prélèvement, mais qu'en sera-t-il de l'activité agricole ou industrielle, du maintien de la vie aquatique, du tourisme ou de la dilution des rejets des villes ?
À ces questions, il est temps que les décideurs politiques esquissent les priorités qui, selon les choix, modifieront profondément la vie et les paysages gersois. Elles ne peuvent en tout état de cause, rester trop longtemps sans réponses, sauf à attendre à y être en plein dedans et décider alors en urgence.
Michel Sanroma