Traditions - Lous Aguillounes

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Ils ont aujourd'hui barbe fleurie et rhumatismes qui les clouent au coin du feu, ceux qui le matin du jour de l'an prenaient bâton et besace pour aller dans la campagne offrir leurs vœux du nouvel an. Au gui l'an neuf d'où l'appellation de leur groupe lous Aguillones.

On prétendait que l'origine venait des Gaulois qui coupaient le gui, plante du bonheur pour eux.

On ne venait pas pourtant frapper aux portes pour y recevoir seulement la branche de gui porte-bonheur. Les paroles des chansons entonnées précisaient bien qu'on attendait tout autre chose.

Sur un papier jaune et grignoté par les souris, nous avons retrouvé en occitan quelques bribes de ces couplets et refrain : 

Tres coumpagnous sont arribats 

Daouant la bosto porte

per demanda l'aguillonné

Messious que bous en prego

Trois compagnons sont arrivés devant votre porte pour demander l'aguilloné messieurs on vous en prie

Au refrain: Gran diou seignou l'aguilloné que quaou bailla aus coumpagnous 

Grand Dieu Seigneur l'aguilloné il faut donner aux compagnons

Se nous derat un paou de blat, enta hé lou pan ségnat 

Si vous nous donnez un peu de blé, nous ferons le pain béni

Si nou derat un paou de hario, aram la coco de Marie

Si vous nous donnez un peu de farine, nous ferons le gâteau de Marie

Aci que bouho lou ben darré,  daoubrets la porto dou graet

Ici souffle le vent de derrière ; ouvrez la porte du grenier.

Aci que bouho lou ben dou sud, daoubrets la porto dous escuts

Ici souffle le vent du sud, ouvrez la porte des écus.

Aci que bouho lou ben dou nord, daoubrets la porto dou tresor

Ici souffle le vent du Nord, ouvre la porte du trésor.

Si après l'aubade de demande, les hôtes sont généreux, on les remercie par les couplets suivants :

De brabos gens, qu'aouen troubat l'aguilloné que nous en dat

De braves gens nous avons trouvés, ils nous ont donné l'aguilloné

Que diou bous gardo la maisoun  dambé les gens que geguen soun

Que Dieu garde la maison et les gens qui sont dedans

Quand les gens visités faisaient la sourde oreille, ou même chassaient les aguillones, il y avait pour eux quelques anathèmes colorés comme ceci :

Sé nous volets arrès douna, péis pourrets qu'en anirem cagua

Si vous ne voulez rien nous donner dans vos poireaux nous irons ch...

Lous que nous baillera arrè a l'infer qu'anguérant tout dret 

Ceux qui ne nous donneront rien, à l'enfer iront tout droit

Par contre, si victuailles et monnaie étaient tombées dru, on souhaitait : "que le bon dieu vous donne autant de bœufs que les poules feront d'œufs" ou pour flatter le maître de maison particulièrement réputé pour ses ardeurs de coureur de jupons, on chantait "que le bon dieu vous donne autant de filles qu'il y a de moucherons dans votre chai", ce qui forcément ne plaisait pas à son épouse.

Ils avaient un panier car on leur donnait des œufs beaucoup plus que de la monnaie.

Ils vendaient ces œufs à l'épicier du village et les mères fabriquaient la coco de Marie.

Pierre DUPOUY
Pierre DUPOUY
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