Dimanche matin, il régnait une bonne odeur de grillades, de ventrèches et de veau du célèbre « betet « de Solomiac, élevé sous la mère. Une vague capable de retourner l’estomac d’un peloton de végans.
Dans le ruedo, deux cent cinquante sociétaires d' « Esprit du Sud 32" taillaient avec leur Opinel ou leur Laguiole occitan de larges tranches. On déjeunait à la manière de chez nous. Le rouge ou rosé de nos coteaux complétait ce solide casse-croûte.
C’était la manière gourmande et occitane de lancer le débat face aux "contre tout". Les responsables locaux, Bernard Pupin et Marcel Garzelli, accueillaient Bernard Cartier (chambre d'Agriculture), Christian Laforet, président des productions animales et vice-président du groupe Vivadour, partenaire du poulet du Gers avec Pierre Buffo, le président de la fédération de la chasse du Gers, et d’autres responsables des différentes sections d’Esprit du Sud 32, Robert Frairet, Mme Dalla Barba, conseillers départementaux, Michel Espié maire de Vic, André Cabanne, président du club taurin vicois.
Chaque intervenant détailla les opérations menées contre leur production avec bien souvent des interventions musclées de destruction. Dans le Nord, des bouchers-charcutiers doivent appeler la police en renfort pour servir leur clientèle; des marchés de foie gras, confits sont perturbés. Un exemple de la tolérance de ces gens-là : en Espagne, un producteur de jambon a dû enlever une image de toro sur ses produits s’il voulait continuer à les mettre à l’étalage.
Le président de la fédération de la chasse a démontré combien son organisme a sauvé de catégories de la faune sauvage par sa réglementation. Quant à la tauromachie, l’opposition s’essouffle, on n’a peut être plus les moyens de financer les braillards.
Le dimanche où s'est tenu le meeting Esprit Sud 32 à Vic et à Condom, une trentaine d’ enfants jouaient dans une arène avec de petits taurillons landais.
A l’heure de l’apéritif, Romain Clavé affronta un toro du Lartet et lui tourna cinq écarts. Dans un, la corne fit trembler les broderies du boléro. Il souhaitait démontrer que la confrontation d’un homme et d’une bête sauvage était un sport montrant tout le courage des Gascons, profondément enraciné puisqu’on courait déjà le toro au 16e siècle.
Les traditions sportives, culturelles ou gastronomiques ont des bases solides.
Après la réunion, quatre cents convives se sont retrouvés pour déguster du poulet du Gers, élevé en plein air, élevé en plein Gers !
Pierre Dupouy