Le mot de Gilles: congrès du P.S

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Rien de mieux que la stratégie de 'l’essuie-glace"

 ·Le réchauffé est une catégorie qui y fonctionne beaucoup moins bien que dans la cuisine française où il fait merveille. 

Bien que n’en étant pas membre, j’essaye de suivre un peu le débat du Parti socialiste qui va tenir son congrès.

J’ai déjà une bonne raison, c’est que lors des dernières élections, lorsque c’était possible, j’ai voté à chaque fois pour eux, à la présidentielle comme à la législative, il m’a semblé qu’il n’y a pas eu de deuxième tour…

Et puis, j’y ai beaucoup d’amis.

Et je suis frappé par la difficulté qu’a ce parti de sortir du « corner » profond dans lequel l’a enfoncé le quinquennat précédent.

Si j’observe la proposition politique de chacun des quatre candidats je ne vois pas ce qui peut, cette fois-ci, extraire ce parti de cette situation :

– Stéphane Le Foll propose à ce parti de retrouver sa superbe, sa capacité de regarder tout le monde de très haut, de façon à n’avoir aucun allié, pour se consacrer à la macrompatibilité qui est sa nature profonde. Mais, en dehors de quelques barons de cette nouvelle SFIO minorée, les gens qui sont sensibles à cette posture ont tendance à préférer l’original à la copie, Castaner à Le Foll, Macron à Hollande ;

– Olivier Faure, favori absolu des médias, propose de reprendre le train-train du discours du Parti socialiste pendant le quinquennat Hollande, en y ajoutant quelques réflexions originales et de qualité faites par certains de ses soutiens, réflexions qu’on s’accroche comme des boucles d’oreilles pour faire plus chic à une soirée, mais qui ne constituent en rien son programme. Il s’agit de faire comme si rien ne s’était passé, de façon à retrouver un tout petit peu d’oxygène, et vendre celui-ci à ce pauvre Macron qui aura eu bien des difficultés à la fin de son quinquennat, et lui permettre de s’en sortir en monnayant cela au meilleur prix. Mais malheureusement, le projet est tellement transparent que s’il enthousiasme assez l’appareil, et les éditorialistes, il ne dégage pas dans la société française un espace nouveau ;

– Luc Carvounas veut, lui, revenir au Parti socialiste des grandes victoires locales des années 2000 contre Sarkozy, et Chirac avant lui, où avec un discours qui promet une politique de gauche, dont on ne sait ne pas bien le contenu et dont on a vu par la suite qu’il n’existait pas, va permettre de reprendre le train-train en s’appuyant sur la dynamique de « l’essuie-glace ». Mais il est lesté par son soutien aux initiatives les plus flamboyantes de Manuel Valls, et s’il a reconquis une véritable légitimité par son vote parlementaire contre le gouvernement Macron–Philippe, elle est encore trop récente pour convaincre qu’il serait le bon berger dans cette perspective traditionnelle de « gagner le congrès à gauche » ;

Ce n’est pas dans le rétroviseur que se joue l’avenir

– Emmanuel Maurel voudrait revenir encore plus loin en arrière, aux années 90 où le Parti socialiste a représenté, malgré son lourd échec de 93, une alternative à la politique de droite de Juppé, inspirée par Bruxelles, au point de l’emporter en 97. Il a pour lui la crédibilité de s’être opposé aux dérives les plus nettes du quinquennat précédent, mais ce qui est le grand problème de ce parti, auquel aucun des quatre ne répond, il n’y répond pas plus : ça n’est pas dans le rétroviseur que se joue l’avenir. Sans rupture clé, le Parti socialiste n’a aucune chance de reconquérir les catégories populaires qui se sont enfuies, et il ne peut plus s’appuyer sur les catégories gagnantes de la globalisation qui lui ont donné leur voix alors, car elles ont maintenant un meilleur champion à travers Macron. Cette rupture nécessaire, elle ne doit pas se faire avec le passé, elle doit se faire dans des propositions d’avenir, qui doivent notamment dire en priorité comment sortir de l’enfer qu’a construit la Commission européenne, qui prend dans ses serres, en otage, la politique des gouvernements nationaux. Jusqu’ici la seule échappatoire qu’ont vue les catégories populaires est à l’extrême droite, à laquelle ils ont remis le pouvoir, à l’Est et leurs suffrages à l’Ouest.

Je le disais plus haut, j’ai dans ce parti des amis que je considère comme des gens honnêtes et sincères, et qui se trouvent dans les quatre camps du congrès qui vient. Mon propos n’est pas d’étriller leur champion. Il est de leur envoyer un message pour l’avenir.

Il faudrait au Parti socialiste un grand « aggiornamento », mais l’appareil de ce parti et les barons de cette SFIO délabrée n’y sont pas prêts, chacun des quatre candidats essaie à sa manière de se concilier ce qui reste, malheureusement la politique ce n’est pas la cuisine. Le réchauffé est une catégorie qui y fonctionne beaucoup moins bien que dans la cuisine française où il fait merveille.

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