À l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale, la Société archéologique du Gers et les écrivains publics du Gers se sont associés pour vous faire découvrir la chronologie des événements marquants de la Grande Guerre, tels qu’ils ont été vécus par les Gersois, au travers des grandes batailles qui l’ont émaillée. Chacun d’eux sera l’occasion d’un article qui en reprendra les grandes lignes et s’appuiera sur des portraits d’hommes, soldats gersois, morts ou disparus. L’idée de cette série est de leur rendre hommage, pour qu’à travers eux, le sacrifice de tous ceux de 14 ne soit pas emporté par l’oubli, même cent ans après.
IL Y A CENT ANS :
Printemps 1917, la troisième bataille de Champagne
Le Printemps revient dans le Gers… mais le retour des beaux jours ne signifie toujours pas celui des soldats ni celui de la paix. La guerre se poursuit, entre le va et vient des hommes : ceux qui partent, ceux qui reviennent parfois, pour une permission ou une convalescence mais aussi, malheureusement trop souvent, ceux qui ne reviendront pas. Les nouveaux mobilisés sont de plus en plus jeunes : les enfants d’août 1914 deviennent brutalement des hommes, des soldats. On ne peut qu’imaginer la détresse et la douleur des mères, des anciens, impuissants mais lucides face à ce carnage. Cela finira-t-il donc un jour ? Car sur le front, nos soldats gersois continuent de tomber… Et ce printemps 1917 ne fait pas exception, avec plus de 200 soldats gersois tués entre le 1er janvier et le 15 avril, auxquels s’ajouteront bientôt ceux qui vont tomber au cours de la bataille des Monts de Champagne.
LA BATAILLE DES GEANTS
Depuis l’automne 1914, les Allemands occupent les hauteurs du nord de la Marne, tandis que les Français se trouvent dans les plaines du sud. Le massif de Moronvilliers constitue un modèle de fortification reliant les monts entre eux : mont Cornillet, mont Blond, mont Haut, mont Perthois, le Casque, le Téton, mont Sans-Nom. Ces monts offrent une vue imprenable sur les arrières français. Sous certains d’entre eux sont creusées d’importantes galeries souterraines pouvant abriter un bataillon.
En 1917, le haut commandement français envisage la prise de cette forteresse de craie, en complément des offensives menées sur le Chemin des Dames et en Artois. L’offensive est lancée le 17 avril au matin, sous la neige, après sept jours de préparation. Deux kilomètres séparent alors les tranchées françaises du sommet de ces monts.
Les résultats de la première journée sont décevants, mais la première ligne allemande est franchie. Le 20, les Français parviennent sur les hauteurs mais doivent ensuite faire face à de terribles contre-attaques. Les soldats français parviennent à s’accrocher tant bien que mal à leurs positions, face aux Allemands qui utilisent notamment le tunnel du Cornillet pour faire parvenir en première ligne des renforts en relative sécurité.
Le 20 mai, nouvel assaut est lancé par l’armée française et un obus endommage le tunnel et, dans l’après-midi, les zouaves prennent le Cornillet dont les pentes sont totalement dévastées. L’offensive sur les Monts de Champagne s’arrête sur cette « victoire » française (environ 6 000 Allemands sont prisonniers).
Cette bataille, qui aura duré près d’un mois, fut qualifiée par les Allemands de « Bataille des Géants ». Après-guerre, la zone est totalement dévastée et plusieurs villages ont été rayés de la carte : Moronvilliers et Nauroy.
PORTRAIT : François BALESTER
François Balester est né le 20 octobre 1885 à Castet-Arrouy, fils de Laurent Balester et Marie Candelon. Il est ensuite domicilié à Lectoure où il est métayer. Mobilisé en août 1914, il est incorporé au 9ème Régiment d’Infanterie, basé à Agen. Avec ses camarades, il participe aux grands épisodes de cette guerre, la bataille de Bertrix où il connait son baptême du feu puis la Marne, la Champagne, Roclincourt en 1915, Verdun en 1916.
Début 1917, le 9ème Régiment d’Infanterie est de nouveau présent en Champagne et participe à l’offensive de Moronvilliers. François Balester décède le 28 avril 1917, tué à l’ennemi sur le Mont-sans-Nom et est inhumé dans un cimetière voisin. Son nom est ensuite transcris sur le monument aux morts de Lectoure.