Revenons sur nos pas : la médecine du temps d’avant…

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A la lecture d'un ouvrage sur les pratiques médicales du temps jadis dans les Landes, me sont revenues en mémoire  quelques histoires locale sur la médecine d’autrefois…

Revenons sur nos pas...

La pharmacie des « simples »

Petiton, personnage atypique qui habitait à Pruadère, était le pharmacien des « simples » (herbes curatives).

Au plafond de sa cuisine, se balançaient des bouquets de plantes ramassées pour la plupart dans la nuit de la Saint-Jean, avant le lever du jour et cueillies en marchant à reculons.

Aucun bouquet ne portait une étiquette mais il suffisait d’expliquer à Petiton en criant très fort – il était sourd - ce dont on souffrait et il attrapait avec une branche fourchue, du millepertuis, de l’herbe de Saint-Jean, du fenouil, de la verveine, de la sauge et pour cette plante, il ajoutait : « Celui qui a de la sauge dans son jardin évite la mort »

Si l’herbe nécessaire se trouvait toute l’année dans la nature, il sortait de son tiroir une feuille de papier jaunie avec le nom de l’herbe à aller cueillir et il précisait s’il fallait utiliser les fleurs, les feuilles ou les racines.

Un jour, je gardais les vaches près de sa maison ; une trop grande consommation de prunes avait provoqué de violentes coliques. Je vais consulter Petiton, il ouvre une armoire et attrape une bouteille couleur armagnac d’un lointain millésime. « Une cuillerée et tu seras guéri »

Quand il verse le liquide dans la cuillère, je vois que « la potion magique » contient une vipère. J’absorbe tout de même la dose et demande l’explication à Petiton : « Je fais glisser la vipère vivante dans l’eau de vie, elle y crache son venin et cette mixture est un remède efficace pour les malaises intestinaux », me dit-il.

Effectivement, effet psychologique ou effet du produit, mon mal au ventre disparaît !

Médecin : la formule de l’abonnement

Le médecin de ma famille proposait à sa clientèle la formule « abonnement ».

Ma grand-mère allait chaque année à la Toussaint payer l’abonnement. Cela permettait d’avoir pour l’année les consultations gratuites en cabinet.

Lorsque le médecin se déplaçait pour une visite à domicile, on payait le kilométrage.

Comme la famille était très satisfaite de ses services, pour la Noël, on lui apportait une dinde ou un foie gras.

Les verrues

Jean-Louis, le "tueur de cochon" était aussi un spécialiste des verrues.

Quand vous arriviez chez lui, il commençait par vous dire que votre cas était très grave mais qu'il parviendrait à vous  débarrasser de vos verrue grâce à son talent de guérisseur.

Il partait ensuite dans sa grange chercher une poignée de sarments qu'il brûlait dans la cheminée puis il récupérait les cendres qu'il glissait dans une poche, laquelle poche était placée dans une musette que le patient devait porter sur son dos.

Puis il fallait le suivre à un carrefour de 4 chemins. Là, il répartissait les cendres sur les 4 chemins - les 4 points cardinaux – puis il prenait le patient sur le dos et faisait 4 fois le tour du carrefour en prononçant des prières incompréhensibles.

« Après-demain, tu n'auras plus de verrues, »affirmait-il... Effectivement, elles disparaissaient... 

Les soins dentaires

Je ne l'ai pas connue mais on m' a maintes fois raconté son histoire !

Il s'agit de la Bartherotte dont on attendait la venue pour la foire du 16 août en cas de maux dentaires. Son arrivée dans son magnifique carrosse à 4 roues était annoncée par les musiciens sur l’impériale.

La Bartherotte était née à Vicdessos en Ariège en 1875. Confiée à l’assistante sociale, elle fut placée chez un guérisseur – arracheur de dents où elle profita de l’apprentissage du métier de « dentiste ».

Elle partit sur les foires pour vendre des chansons et des complaintes.

A Riscle, elle fit la connaissance d’un forain nomade, Bartherotte, prestidigitateur et arracheur de dents. Elle l’épousa et, sur les conseils de son mari, elle adopta son métier. Très adroite, avec son aimable minois, elle voit son commerce prospérer.

Quand son mari meurt, elle a un solide capital qui lui permet de faire fabriquer à Toulouse par les carrossiers Milis et Motel une imposante voiture d’un coût de 600 francs qui sera tirée par un attelage de superbes chevaux.

Elle faisait étape dans les villes, les jours de foire et de marché, parfois à la sortie des messes et proposait ses services.

Les deux premières dents étaient arrachées gratuitement. Le patient entrait dans la voiture, la Bartherotte opérait après avoir donné un « anesthésiant ». Elle arrachait les dents avec une sorte de pied de biche ou un crochet.

A l’extérieur, l’orchestre de 4 musiciens dont l’élément principal était la grosse caisse, jouait tandis que la Bartherotte sortait sur l’estrade avec à la pointe d’une épée, une dent arrachée.

Pierre DUPOUY

Photo-titre : Pruadère la propriété dont  Petiton occupait une aile, photo de Pierre Delinière 

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