Le pari de l’exotisme contre l’invasion silencieuse

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Amoureux de la nature s'il en est, Pierre Forêt nous régale régulièrement de ses belles photos et reportages sur Dame Nature.

Il passe aujourd'hui à la pratique dans son fief de Bezolles !

Haut perché dans l’ancienne seigneurie du Fezensac, Pierre Forêt  a mis au défi le dérèglement climatique et ses amplitudes thermiques en plantant des arbres  "exotiques".

Des espèces non européennes comme les érables du Canada ou d’Amérique du Nord ( mais sans le sirop ) afin de pallier la disparition progressive de nos arbres dits "conventionnels"

 Erable mon amour : le Liquidambar parfumé à la cannelle 

Les Indiens de la tribu de Cherokee en Amérique du Nord utilisent la résine de cet érable comme chewing-gum. Du liquide en barre en somme .

Comme la plupart des érables, cet arbre possède un feuillage flamboyant en automne avec ses feuilles palmées teintées d’or de rouge et d’orange.

Les arbres de la commune avaient souffert lors des tempêtes de l’année dernière, plusieurs pins maritimes étaient tombés sur l’ancienne aire pasturale du Padouen, à l’entrée du village fortifié, là où il y a près d’un siècle des moutons venaient pâturer.

Pierre Forêt a  donc pris l’opportunité, avec l’aval de la commune, d’introduire - à ses frais - des essences végétales autres que nos arbres classiques déjà mal en point en raison des insectes ravageurs ou des parasites tels que le carpocapse du chêne ou autres mineuses du marronnier et chancre coloré du platane.

 Invasion silencieuse : la mort fatale du chêne après les tunnels creusés par les xylophages 

 La mineuse au travail : en plein été la chenille fait tomber l’ensemble de feuilles du marronnier 

 Il a  choisi des essences mellifères afin d’attirer les insectes volants et les oiseaux,  ayant placé plusieurs nichoirs autour du parc.

Mais son choix s’est porté aussi sur des arbres aux vertus écologiques tel le Paulownia d’Asie.

 Arbre impérial : le Paulownia capture 4 fois plus de CO2 que les bois conventionnels  

Avec sa floraison spectaculaire - des corolles de plus de 6 cm de long apparaissent avant les feuilles - son bois est aussi excellent pour les planches de surf !

Ses feuilles remplies d’azote font également un excellent fourrage pour les bêtes.

Venu d’Iran cette fois-ci, " l’arbre de fer "  ou Parrotie de Perse l'a séduit. Les feuilles au bord ondulé ressemblent à celles du hêtre. Son bois est dur à travailler. Il a servi de base pour la création d’outils qui ont parfois plus de 2000 ans.

"J’adore son bouquet d’étamines rouge-incarnat qui naît directement sur le rameau" nous dit-il.

 Le "hêtre de Perse" où le vert , le rouge l’or et l’orange se mêlent sur la même feuille en automne 

Il aime bien aussi le chêne des marais avec ses feuilles à 5 et 7 lobes. Originaire de l’Est des Etats-Unis sa croissance est rapide : 10 m en 10 ans . Contrairement à son nom, il résiste bien à la chaleur. Il se teinte de rouge et de pourpre en automne.

 Résilience du sol : un paillis pour l’humus et retenir l’eau. Chêne des marais 

Il apprécie également le poirier à feuilles de Saule introduit du Caucase et son port étalé ainsi que l’érable argenté.

 Poire d’ornement : l’atout d’un poirier/saule 

Acer saccharinum wieri  : quand la feuille retourne ses atouts argentés au gré du vent d’autan ( érable argenté )

Sur ce parc entouré de vieux mûriers et de cèdres, Pierre a opté pour une plantation en quinconce avec des lignes un peu décalées de façon à aérer son parc et faciliter le repos de l’œil.

 Dans un sol pas très glorieux argilo-calcaire, il a  ajouté un peu de sang desséché et de corne broyée afin de nourrir le système racinaire.

La paille ou les copeaux de bois à la base du tronc serviront de rétention d’eau et habilleront le sol exposé aux UV violents.

Un sol bien couvert sans excès encouragera les micro-organismes souterrains lesquels échangeront avec les racines des arbres voisins dans le futur.

 Ses arbres sont jeunes ( à peine trois ans ) mais entourés d’essences adultes qui leur fourniront de l’ombre  

Plus que l’eau le "challenge" sera le vent. Pierre a fait le pari de ne pas poser de tuteur afin d’accélérer le processus d’encrage et d’inciter ses arbres à s’adapter rapidement contre le chaos climatique.

"Puissent mes "bébés" être solidaires entre eux  et contrer les obstacles sans fin d’un monde végétal en pleine évolution." conclut-il.

C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter !

Texte et photos : Pierre Forêt

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