Jacques Lapart raconte Lupiac à ses habitants

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« Du Moyen-Âge à Napoléon, du castelnau à la commune »

   Marcel Aio a organisé la venue de Jacques Lapart

Jacques Lapart, l'historien bien connu, président de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers (SAHLSG), est venu le 20 mars 2024 à Lupiac présenter le résultat de ses recherches sur l'histoire du village (1).

    Jacques Lapart au micro dans la salle des fêtes

Il commence par raconter une anecdote sur son premier contact en tant que jeune doctorant avec Lupiac en 1981. Un habitant lui raconte qu'il a trouvé des pièces de l'Antiquité romaine en tamisant de la terre pour ses pots de fleurs ! Il en montre quelques unes à un spécialiste à Toulouse, qui est très intéressé, mais préfère prendre l'avis d'un spécialiste parisien du Cabinet des médailles.

   Découverte du "trésor" (document projeté par Jacques Lapart)

Ce dernier se dit, lui aussi, passionné par cette découverte, mais pour une raison surprenante : ces pièces sont de la fausse monnaie moyenâgeuse de plusieurs siècles du Moyen-Âge ! C'est une trouvaille exceptionnelle ! Jacques Lapart écrit alors plusieurs articles sur cette trouvaille.

Pas de documents sur l'origine de Lupiac

   On voit que tout autour de Lupiac, il n'y a pas de carrés rouges, donc pas de site archéologique connu (carte projetée par Jacques Lapart)

Ni l'Antiquité, ni l'époque gallo-romaine n'ont laissé de site archéologique connu à ce jour qui permettraient d'en savoir plus sur l'origine du village.

Comme dans toute la région autour de Lupiac. Quant au nom « Lupiac », il n'a rien à voir avec les loups. Il s'agit de la villa de Lupius, nom romain relativement répandu (Loupiac en Gironde et Loupian dans l'Hérault, par exemple).

Quelques documents au Moyen-Âge

    Lupiac comme castelnau possible (document projeté par Jacques Lapart)

Lupiac est probablement un castelnau (2) aux XIIe et XIIIe siècles, après avoir été une villa que le comte Odon de Lomagne veut fortifier en 1090.

   Exemples de tours-portes (document projeté par Jacques Lapart)

Puis en 1160, Odon VI de Lomagne concède une charte de coutumes à la villa de Lupiac, qui dépend de la châtellenie de Batz.

En 1287, le damoiseau Garsie-Arnaud de Batz reçoit les paroisses, territoires et le fief noble de Batz des mains du comte Bernard VI d'Armagnac, après maintes péripéties.

Il y a plus de documents au XVe siècle

Jacques Lapart cite :

  • en 1487, Lupiac est parmi les villes qui doivent payer un impôt spécial pour constituer la dot de Marie d'Armagnac, qui épouse le duc d'Alençon,

  • en 1472, le roi Louis XI donne le comté de Fezensac à Imbert de Baternay, avec Vic, Lupiac, Castillon etc.,

  • en 1484, le roi rend à Charles, dernier comte d'Armagnac, les terres de sa famille, mais les capitaines de places fortes sont nommés par le roi,

  • en 1489, le roi veut réunir le Fezensac et ses villes, comme Vic et Lupiac, à la couronne de France ; il possède le Fezensac ; le comte Charles d'Armagnac meurt en 1497 ; après un long procès, les terres d'Armagnac sont données à son cousin Charles, duc d'Alençon, époux de Marguerite d'Angoulème ; celle-ci, devenue veuve,épouse Henri d'Albret.

XVIe siècle : guerres de religion

Dans la région, on se souvient notamment du massacre au château de Lassalle, lors d'un repas de noces.

Et, pour l'ambiance, voici un extrait du volume 7-8 du bulletin de la Société archéologique du Gers :

Un siècle difficile : le XVIIe

Un siècle froid, humide, avec de mauvaises récoltes et des épidémies de peste presque partout en Gascogne. À quoi se sont ajoutées la hausse des impôts, la Fronde (guerre civile) et des révoltes de paysans.

   Document projeté par Jacques Lapart

Et ce n'est pas tout : il y a le passage des armées vers l'Espagne : il faut les loger et les nourrir gratuitement :

     Document projeté par Jacques Lapart

 

Il reste un seul monument de l'époque de l'enfance de d'Artagnan : cette pietà, sculpture en bois peint, inscrite aux Monuments historiques en 1996. Il a fallu ôter la peinture blanche dont elle avait été recouverte au XIXe siècle :

Au XVIIIe siècle : une enquête sur Lupiac pour l'intendant du roi

Le conférencier montre un rapport d'enquête sur Lupiac :

      Document (en 3 parties) projeté par Jacques Lapart

Sous la Révolution

Jacques Lapart : « Comme ailleurs, les idées de changement de 1789 sont accueillies favorablement, avec prudence par les petits nobles, avec enthousiasme par des fils de bourgeois instruits, qui ont fréquenté les collèges et lu « les philosophes ».

Une nouvelle administration se met en place, Lupiac devient chef-lieu de canton pendant une dizaine d'années ». La période de 1793-1794 est terrible : « tentative de déchristianisation et poursuite des prêtres « réfractaires. Emprisonnement des « suspects », prêtres et nobles ».

Grande fête de l'Être suprême à Peyrusse-Grande (…), longue procession avec tambours, guirlandes, chants etc., en partant de Lupiac.

1796, tentative de révolte menée par Druilhet, l'ex-curé de Margouët : 3 000 séditieux (?) assiègent Lupiac… Avec l'annonce de l'arrivée d'une armée républicaine, tout se calme et 20 habitants de Margouët viennent faire soumission... »

Les maisons du centre de Lupiac au XIXe siècle et la future mairie

Le conférencier montre qu'au nord de la place centrale, les maisons sont plus grandes qu'au sud. Elles étaient habitées par des bourgeois enrichis par le commerce.

Et c'est ainsi que la maison de la famille Labric (qui n'était pas un château) est devenue la mairie de Lupiac. Le rachat par la mairie était lancé depuis 1941, mais, à la fin de la guerre, il n'avait pas encore abouti et Jacques Lapart n'a pas pu trouver l'acte de vente. En manière de plaisanterie, il feint de se demander si la municipalité squatte le bâtiment...

   Plan du Lupiac actuel

Conclusion

Jacques Lapart explique qu'il n'a pas eu la possibilité d'étudier en détail Lupiac pendant le XIXe et le XXe siècle. Mais l'existence de nombreux documents bien archivés par l'administration créée par Napoléon, assure aux futurs chercheurs une matière vaste et détaillée.

(1) À la demande de Marcel Aio, responsable du club Au Fil du temps, qui fait partie de l'association D'Artagnan chez d'Artagnan de Lupiac. (2) Un castelnau (de l'occitan castèl nòu, du latin castellum novum : château neuf) est un village ou une ville fondée au Moyen-Âge à proximité d'un château. À l'origine, un castelnau est un bourg castral, une ville ou un village, fondé à partir du XIe siècle, à proximité d'un château et dont les habitants étaient sous la protection du seigneur.

N.B. - Sur la photo du haut de page, Jacques Lapart projette des images du faux trésor. 

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