Une grue en mode puissance " V " !

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"Quand la grue témoigne du dérèglement climatique", voilà comment on pourrait aussi intituler le texte et les photos que nous offre Pierre Foret, notre ornithologue attitré !

Avez-vous déjà entendu son «  krrrou «  roulé ?... De nuit comme de jour ?...

Et oui c’est bien la «  Grus grus « ! La grue cendrée.

Grues en sous-bois 

Son cri de contact puissant audible à plus de 3000 m d’altitude anime nos vallons depuis maintenant un mois . Un record grâce à cet hiver printanier et à un certain dérèglement climatique.

Elle ne fait pas le printemps non plus vu le retour à la normale de l’hiver ces derniers jours.

C’est simplement qu’elle migre avec des vents chauds venus d’Espagne et du Maghreb depuis le début de l’année. Des vents porteurs manifestement. Tous aussi avantageux pour les oies cendrées ou autres cigognes.

Un vol en V qui permet à la grue de changer de place dans la lignée afin de bénéficier du courant ascendant de celles du peloton à l’avant. Une économie de vol de plus de 30% en altitude !

Une stratégie qui permet également une meilleure vision contre les obstacles ou les rapaces.

J’ai observé récemment un «  ballet migratoire «  en V et en Y ( elles aiment les consonnes ) de trois groupes distincts pour ensuite n’en former qu’un. Et de cercler les contreforts de l’ancienne Seigneurie de Bezolles dans le Fezensac avant de mettre le cap Nord en direction des pays scandinaves et leurs lieux de nidifications.

La LPO et Faune France ont noté un «  couloir impressionnant «  de grues cendrées la semaine dernière sur un axe Pays-Basque/Ardennes .

Un comptage migratoire des grues n’est cependant pas encore officiel. Mais elles seraient déjà plus de 10.000 à avoir franchi la barrière des Pyrénées depuis la péninsule ibérique.

Atterrissage de grues 

Le pic de migration est habituellement prévu au début du mois de mars. Mais avec le réchauffement climatique les oiseaux migrent de plus en plus tôt ou simplement restent sur place. C’est le cas notamment de l’Elanion blanc à l’œil rouge. Ce rapace fut pendant longtemps un «  visiteur d’été «  après avoir passé l’hiver en Afrique subsaharienne. Ou encore comme notre fameux Pouillot véloce et ses strophes monosyllabiques avec son "tsip tsap tsip tsap " .

La grue cendrée est aussi sédentaire. Elle retourne de moins en moins dans ses quartiers d’hiver en Espagne pour se plaire dans sa zone d’hivernage au pied du Piémont. Mais aussi en Occitanie les  pieds dans l’eau au lac de Puydarrieux, une réserve «  Natura 2000 » des Hautes-Pyrénées gérée par ce département .

Elle  aime ces plaines céréalières où elle se nourrit de graines mais aussi d’insectes. La LPO du Gers en avait compté près de 10.000 l’année dernière.

Un lieu remarquable proche d'Auch où il fait bon se retrouver à l’aube ou au crépuscule. Et dont les amateurs de grues se feront l’écho des «  krrou «  ou autres «  karr » roulés dans un chorus infernal mais si mélancolique.

Un quarteron de grues

Texte et photos : Pierre Foret que l'on remercie pour ce partage 

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