"Macron nous a insulté et cherche à nous discréditer" fustige Lionel Candelon de la Coordination Rurale

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Le président de la Coordination Rurale du Gers revient sur les évènements de ce week-end et sur la crise agricole.

Le président de la Coordination Rurale du Gers, Lionel Candelon, était très remonté hier, suite à la tentative d'Emmanuel Macron d'assimiler son organisation syndicale à une officine d'extrême droite.

"C'est très grave. C'est de la diffamation. Je porterai plainte si l'échelon national ne le fait pas. On ne peut pas ainsi tenter de détourner l'attention des vrais problèmes des agriculteurs. Notre syndicat est apolitique et seule la cause des agriculteurs nous importe".

Dans le collimateur du Président Candelon : Emmanuel Macron mais aussi Marc Fesneau qui sont ainsi accusés d'avoir diffamé et rapporté des propos mensongers. "La campagne des européennes n'autorise pas tout" pointe la Coordination Rurale.

Une semaine chaotique pour le Président de la république

Déjà la polémique sur la participation des Soulèvements de la terre au Salon de l'Agriculture avait mis le feu aux poudres. Et la colère des agriculteurs était loin d'être retombée lorsque qu'Emmanuel Macron a fait son apparition au salon samedi matin.

Celui-ci a été contraint de multiplier les discussions avec les organisations syndicales, retardant de plusieurs heures l'ouverture officielle du rendez-vous annuel.

Si la Coordination Rurale incarnée par ses bonnets jaunes était bien visible autour du chef de l'Etat, la colère paysanne était menée tous-azimuts, et le mécontentement était général, comme le confirmaient les prises de paroles de l'ensemble des syndicats agricoles.

Bras de fer autour de l'année fiscale blanche et les prix planchers 

Les organisations syndicales ont tenté d'arracher une année fiscale blanche et des prix planchers au Président de la république. Celui-ci a été acculé; il a été contraint de faire de nouvelles concessions, pour calmer la colère paysanne.

Si des solutions peuvent être trouvées sur les baisses de fiscalité et les reports de mensualités liées aux prêts agricole, Lionel Candelon est plus sceptique concernant les prix planchers. "Ils n'arriveront pas à le faire, c'est impossible" estime t-il. Pour lui, il serait préférable de mieux contrôler la chaine de valeur (intermédiaires entre les agriculteurs et les étals dans les magasins), par exemple en imposant une redistribution des profits des coopératives ou en contrôlant et en sanctionnant davantage les intermédiaires et les centrales d'achats.

Par ailleurs, Investir à taux zero est une nécessité pour beaucoup d'agriculteurs alors que de nouvelles normes sont encore apparues récemment concernant le stockage du fumier.

Mais Lionel Candelon indique que faire des chèques ne réglera pas tout. Il faut s'attaquer aux causes de la crise.

"Les lois Egalim sont illisibles"

Le président Candelon estime que les lois Egalim sont des usines à gaz. "Personne n'y comprend rien, c'est du charabia, les règles y sont plus complexes les unes que les autres". Il faut simplifier tout ça et engager une vrai distribution juste entre paysans, intermédiaires et réseaux de distribution.

"Pourquoi accepte-on que les agriculteurs vendent aussi souvent à perte ? Alors que la vente à perte est interdite par la loi je le rappelle".

Refuser la concurrence déloyale des produits importés

"La Coordination Rurale demande depuis des décennies que les traités et accord internationaux ne défavorisent pas les agriculteurs français, soumis à des normes beaucoup plus restrictives" souligne Lionel Candelon.

Ici, comme sur beaucoup d'aspect les discussions sont européennes, et tous les pays ne sont pas forcément alignés pour faire plier la Commission Européenne. L'Allemagne qui a une industrie très puissante, serait plus encline à sacrifier ses agriculteurs pour vendre davantage de produits transformés à plus forte valeur ajoutée.

"La Coordination Rurale revit dans le Gers"

Lionel Candelon se félicite que la CR revive dans le Gers. "On a commencé à reconstruire un réseau et le syndicat va réunir plus d'une centaine d’agriculteurs. C'est du jamais vu" se félicite-il..

Il indique que si le Gers compte 8 000 agriculteurs dans le Gers, plus de la moitié est désabusée et ne vote pas aux élections professionnelles.

Un contexte difficile dans le département

Le Président Candelon souhaite un plafonnement du prix du GNR (Gasole Non Routier) à 1€ le litre (il est actuellement autour de 1.15€) pour donner de l'oxygène aux agriculteurs.

Les agriculteurs doivent en outre faire face à des coûts d'intrants (nourriture cheptels, engrais....) se trouvant à des sommets.

Lionel Candelon fait un rapide point de situation pour les principales filières du département: 

Blé-Colza : "Dans le Gers, on n'a pas semé la moitié de ce qui devait être semé, à cause de la météo : ça aurait pourtant du être fait entre aout et novembre. Ce qui annonce une année très difficile pour les rendements. En parallèle, les intrants engrais ont presque doublé à 500-600€ la tonne, du jamais vu. En parallèle le prix de vente est très bas. 

Elevage : Pour les canards et bovins, "on ne sait plus ou aller" entre les maladies telles que la grippe aviaire et la MHE (Maladie Hemorragique Bovine). Le prix du caneton a doublé ainsi que le coût de production (doublement en deux ans). Comptez 350€ la tonne d'aliments pour l'élevage de type canetons et poulets.

Le marché ukrainien a par ailleurs explosé la filière poulet.

Foie gras: Avec des prix à 50-60€ le kilo, il est devenu un produit de luxe. Et le marché va s’effondrer lorsque le prix reviendra à niveau plus habituel déplore la CR.

Viticulture:  La météo et le climat sévit durement depuis 3 ans entre les épisodes de grêle, et la favorisation des maladies. "Certains par manque de trésorerie ont décidé d'arracher leurs vignes et de se reconvertir dans le bois ou les céréales" déplore Lionel Candelon.

L'action du préfet saluée par la Coordination Rurale

"Depuis que Laurent Carrié est arrivé nous avons une très bonne relation avec la préfecture. J’ai son portable. S'il devait changer, nous irions manifester pour demander à le conserver" indique Lionel Candelon. Il juge que le préfet est exemplaire. "Il se bat pour faire avancer les dossiers. J’en ai connu des préfets. Lui, il est à 2000% engagé pour l’agriculture gersoise".

 

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