Mémoire et éducation artistique, signé ART BOSS

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Les forces de la voix

Le vendredi 26 janvier, 100 élèves de terminales du lycée Bossuet de Condom ont bénéficié d’une lecture musicale par la cie La complète, autour de l’œuvre de Charlotte Delbo "le convoi du 24 janvier", financée par l’association ART BOSS.

C’est juste avant le 27 janvier - journée nationale de mémoire des génocides et de prévention des crimes contre l’humanité, que les deux artistes (Juliette et Etienne) sont venus dans la salle de conférence du lycée invités par l’équipe d’histoire -géographie.

Ils ont assisté à la lecture de 13 témoignages, portraits de femmes déportées sur les 230 du "convoi du 24 janvier", portraits recueillis par l’une d’entre elles, Charlotte Delbo, une parmi les 49 rescapées.

Touchés et époustouflés par la force de la voix, les lycéens ont retenu la force de l’écriture synthétique mais aussi la prouesse de la comédienne. Avec une économie de moyens, dans une grande sobriété, elle a su faire varier la voix, le souffle, l’intensité pour nous donner à voir la réalité des camps, la déportation de masse, pour restaurer un peu de l’intégrité de ces femmes.

Une performance qui repose sur un dispositif réduit et efficace favorisant l'écoute et l'expérience sonore. Très intéressant dans un moment où l'on est habitué à investir davantage le spectacle dans son versant visuel. Une attention au rythme du son et des mots d'un texte qui reste dans une expression factuelle de l'histoire. Ce qui nous touche ici, c'est cet aperçu des expériences des camps transmises qui préfère l'échelle humaine, la petite histoire dans ses élans positifs et comme négatifs.

La représentation propose ici une création sonore mixée en live, musique contemporaine, électronique qui vient -en décalage avec le contexte de la Seconde Guerre mondiale, soutenir le rythme, la voix et proposer les sensations de froid, de peur, d’oppression avec parfois en échos des paroles enregistrées.

Les silences étaient aussi très forts.

Nous sommes ressortis impressionnés de voir tout ce que l’on peut transmettre par la seule lecture, en quelques minutes.

Ensuite, les comédiens ont pris le temps d’échanger avec les élèves et d’expliquer le travail colossal de Charlotte Delbo dans sa collecte de témoignages, dans son enquête sociologique, dans son éditorialisation, et proposer de revenir sur leur processus de création.

En guise de piste pour réfléchir, en guise de proposition sur la transmission des mémoires, en guise de trace laissée à chacun pour grandir en humanité, voici 50 minutes données intensément- chacun des 230 prénoms nommés- pour ne pas oublier.

 

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