.jpg)
A chaque assemblée générale de l'association vicoise La Bienfaisance, sa présidente, Christiane Georgen-Trépout termine la réunion par une note culturelle dont elle a le secret.
L'an dernier, en lien avec le voyage de l'association à la cité du vin de Bordeaux, elle a choisi de conter à l'assemblée l'histoire de la Bacchante vicoise.
Cette année, le thème de son exposé lui a été inspiré par la visite de chanteurs et musiciens ukrainiens en août à qui elle avait fait les honneurs de la mairie .
En ce dimanche 26 novembre, elle a donc choisi de nous parler des Marianne(s) vicoises !
Nous la remercions de partager son exposé avec nos lecteurs.
Le drapeau et Marianne font partie des symboles de la République Française : Liberté, Egalité, Fraternité.
Sept symboles caractérisent la République :
1/ le Drapeau Français.
2/ la Marseillaise de Rouget de Lisle.
3/ la Marianne.
4/ la Fête Nationale du 14 Juillet.
5/ le Sceau appelé Grand Sceau de France représentant la Liberté et la Justice « Au nom du Peuple Français »entouré des mots Liberté,Egalité,Fraternité.
Le ministre de la justice est également le Garde des Sceaux.
6/ le Coq avant d'être la France notre pays s'appelle la Gaule du latin gallus = coq. La loi de 1791 qualifie le coq de symbole de la vigilance.
7 / le Faisceau du Licteur : sous l'empire romain, le licteur est un officier au service d'un grand magistrat ayant pour attributs deux instruments de punition : un faisceau de verges liées et une hache, verges pour les punitions mineures et hache pour la peine de mort. Il exécute les sentences.
A la Révolution, on réinterprète le faisceau du licteur qui représente l'union de la force des citoyens français réunis pour défendre la liberté.
Les trois Marianne vicoises :
Toutes les trois sont identifiables car signées : les bustes de Jean-Antoine Injalbert, la petite est dans la salle des commissions et la grande est dans la salle de réunion du conseil municipal, le buste d'Angelo Francia est dans la salle du conseil municipal.
Elles sont reconnaissables aussi parmi la collection de l'Assemblée Nationale et du Sénat.
Il n'y a jamais eu de buste officiel de la République, liberté totale est donnée aux sculpteurs de représenter Marianne comme ils l'entendent et aux maires d'acquérir le modèle de leur choix.
Cela explique l'extraordinaire diversité des bustes.
Le symbole Marianne :
Marianne est une allégorie ou symbole de la République Française.
Dès la Révolution de 1789, la volonté est d'affirmer le Nouvel Etat, changer de Régime, convertir le Peuple et instaurer une foi Républicaine.
De 1789 à 1792 va naître le principe des allégories de la Liberté, de la Nation, de la République.
C'est « en femme » que La Nouvelle République s'incarnera pour substituer une Femme-République à un Homme-Monarchie
On va procéder à un transfert religieux - dans le catholicisme, la Vierge Marie est la mère de tous.
La République se veut elle aussi la Mère de tous, elle est promesse d'émancipation et de prospérité.
Un prénom est donné à cette incarnation féminine : MARIANNE
Pourquoi Marianne ?
Ce prénom procède de la contraction des deux prénoms les plus répandus et les plus populaires, Marie et Anne, après Marie à cette époque.
L'origine est religieuse puisque Marie est la mère de Jésus et Anne est la mère de Marie.
La IIIe République :
Installation de la République :
Elle est la plus longue des cinq Républiques Françaises connues à ce jour, du 4 septembre 1870 au10 juillet 1940 soit presque 70 ans.
Deux jours après la défaite de Sedan le 4 septembre 1870 un gouvernement provisoire constitué de députés parisiens proclame La République au balcon de la mairie de Paris.
En 1875 La République se dote d'une Constitution et grâce à un amendement, le septennat devient impersonnel : le mot République (res publica= chose publique) entre incidemment dans la loi constitutionnelle.
Dans l'idéal républicain, la République est avant tout un Etat régi par des lois. L'intérêt public doit primer sur l'intérêt particulier : soumission de chacun à la loi dans le souci du bien de tous.
La République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. Ces principes viennent compléter et préciser les valeurs exprimées par la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Marianne triomphe :
Marianne est partout. Les mairies républicaines sont les premières à se doter d'un buste la représentant.
La poitrine de l'allégorie féminine se doit d'être volumineuse, généreuse : elle est promesse de prospérité .
Découverte à moitié, elle symbolise l'émancipation et la liberté.
Découverte entièrement, elle est promesse de liberté et d'égalité.
Des allégories vivantes se mettent en scène lors de la fête de la Déesse-Raison dès 1793 exaltant toutes les vertus civiques.
La IIIe République renoue avec le bonnet phrygien et la cocarde symboles forts de la Révolution.
Marianne se voit coiffée du « bonnet de la liberté », signe de ralliement à notre devise « Liberté, Egalité ,Fraternité »
Le bonnet symbole de libération, unit La République retrouvée avec les principes de la Révolution...
Les auteurs des Marianne vicoises : des sculpteurs reconnus de la IIIe République.
Le sculpteur Angelo Francia.
En 1875 Angelo Francia propose un buste désiré par le pouvoir , constitution oblige, qu'il nomme « La République » avec les symboles républicains bien affirmés .
Qui est Francia ?
Justin,Ange,Venance Francia est le fils d'un doreur italien réfugié en France.
Il naît à Rodez le 22 Août 1833 . Il exerce le métier de sculpteur dans un atelier parisien rue Rochechouart ce qui lui permet de se faire connaître et apprécier.
Il expose durant 15 ans de 1822 à1867 aux Salons de Paris avec succès. Il décède en 1884 en Seine-Val-de-Marne.
Pour le centenaire de la Révolution de 1789, c'est au concours de la ville de Paris qu'il présente son nouveau buste, sa 2e Marianne (celle de Vic) 14 ans après « la République ».
Cette Marianne est sélectionnée, elle plaît énormément. Elle remporte un immense succès et est largement diffusée.
Elle est coiffée d'un bonnet phrygien (symbole de liberté) Elle est revêtue de la cuirasse de Minerve, déesse de la sagesse, des arts et des sciences, de la dépouille du lion de Némée, symbole de la force et de la vertu.
Une couronne de chêne (force) et de laurier (victoire) retient la chevelure. Un faisceau de Licteur sépare le R et le F figurés sur le poitrail (la justice.)
Le sculpteur Jean-Antoine Injalbert .
Comme il a été dit précédemment, la mairie de Vic possède 2 bustes de la même Marianne du sculpteur Injalbert.
J.A Injalbert est né à Bézier en 1845,il est de 12 ans plus jeune que son collègue Francia.
Il est le fils d'un tailleur de pierres, orphelin de mère.
Il suit des études aux Beaux-Arts de Paris.
C'est en 1889 année centenaire qu'il obtient le Grand Prix à l'Exposition Universelle de Paris avec ce célèbre buste de Marianne qui connaît un immense succès et qui sera diffusé par wagons entiers dans toute la France .
L' Etat lui passe alors commande de trois bustes de grandeurs différentes déclinées en plusieurs matériaux de la dite Marianne.
Cela expliquant nos deux vicoises, la grande et la petite.
Marianne a les traits d'une jeune femme française de son temps, patriote avec son bonnet phrygien orné d'une cocarde .
Sur son poitrail, un épais collier couvert d'écailles rappelle la cuirasse qui rendait la déesse Athéna invincible.
Au centre, une gueule de lion rugissant renvoie au lion de Néméé vaincu par Hercule.
Injalbert est un artiste de grand talent très sollicité aussi bien à Paris qu'en province .On lui doit entre autres :
- quatre statues des piliers du pont Mirabeau à Paris (qui a peut-être inspiré G.Apollinaire.)
- les ornements du pont Birhakem.
- Une statue à l'éffigie de Molière à Béziers sa ville natale.
En 1874 il obtient le prix de Rome pour « La douleur d'Orphée »
En 1878 il expose le « Christ » à l'Exposition Universelle.
En 1905 il devient membre de l'Académie des Beaux-Arts.
Après avoir été décoré chevalier en 1887, officier en 1897 , il est fait Commandeur de la légion d'honneur en 1910 .
Si vous passez par Béziers vous pouvez visiter le musée Fayet et la villa Antonine où vous pourrez admirer nombre de ses œuvres.
"Nos trois Marianne vicoises ont été conçues au XIXe siècle durant la IIIe République .
En les comparant, on observe que leur style est différent (gréco-romain pour Francia et naturaliste pour Injalbert ) tout en commémorant le centenaire de la Révolution Française.
On peut être fier de posséder à Vic de telles œuvres même si elles ne sont que des reproductions ." a conclu la présidente Christiane Goergen – Trépout