Marguerite Dilhan

Photo_2023-02-21_181035.jpg

L’ONU a décrété le 8 mars journée internationale de la femme. Miélan s’enorgueillit d’avoir été le berceau d’une femme d’exception.

Pour évoquer Marguerite Dilhan à Miélan, il nous faut consulter sa généalogie familiale. En effet, c’est son grand-père Jacques Dilhan qui s’est installé à Miélan avant 1866, nommé percepteur, avec son épouse Julie et leur fils Ferdinand. Natif de Montestruc, il décède à Colomiers en 1882. Son épouse Julie, originaire de Nougaroulet, s’éteint à Montestruc. De leur mariage est né Ferdinand en 1842.

Ferdinand épousa Antoinette Cécile Valérie Ponsan le 27 décembre 1875 à Semboues, native du lieu.

Ferdinand Dilhan décéda en 1892 à Toulouse à l’âge de 50 ans. Son épouse, atteinte elle aussi de tuberculose, meurt deux ans plus tard, âgée de 38 ans.

Ils ont eu trois filles : Julie Marguerite née le 17 septembre 1876 à Miélan, décédée à Toulouse le 3 mars 1956 à Toulouse âgée de 80 ans ; Florentine née à Miélan en 1880, Gabrielle née en 1888 à Lézignan Corbières.

Jacques Dilhan, arrivé à Miélan, apparaît dans le recensement de population de 1866, avec son épouse Julie et leur fils Ferdinand. Il est mentionné percepteur des contributions indirectes. Il a en charge le négoce du tabac. La famille habite rue nationale (aujourd’hui avenue du 11 novembre) non loin de la rue Réthourie. Dans le bâtiment, l’entrepôt de tabac est alors au rez de chaussée. L’appartement est situé à l’étage. Jacques Dilhan quitte Miélan, muté dans d’autres agglomérations. Il est remplacé par Mr Mazières en mars 1880.

Ferdinand exerce la profession de voyageur de commerce, notamment pour des livres et des vins. Le couple quittera Miélan pour s’installer dans l’Aude, à Lézignan Corbières où naitra leur troisième fille Gabrielle. Ferdinand est alors employé dans une imprimerie.

Marguerite fréquente l’école laïque de filles. En 1887 elle est reçue au certificat d’études primaires et au concours pour l’obtention de bourses scolaires pour poursuivre ses études en lycée.

La famille va s’installer à Toulouse où Ferdinand Dilhan trouve un emploi dans une imprimerie. Ils font la connaissance d’un couple Ernest Barutel et sa femme, conseiller de préfecture. Mr et Mme Barutel vont soutenir Valérie puis ils s’occupent des trois jeunes filles. Ils organisent le baptême de Gabrielle que ses parents auraient souhaiter fêter en famille dans le Gers. C’est Marguerite qui est marraine de sa petite sœur.                                

Accompagnées par leur famille de Semboues, en particulier le grand-oncle Luro, les trois filles pourront faire des études. Marguerite, aidée aussi par son tuteur Ernest Barutel poursuit ses études à Toulouse. Elle obtient en 1899 le baccalauréat. Boursière, elle put s’inscrire en faculté de droit. Pendant quatre années, elle fut l’unique jeune femme dans l’amphithéâtre. En 1902, licenciée en droit, elle obtient le prix Ozenne Delourme qui récompense les étudiants en Droit les plus méritants.

Marguerite Dilhan prête serment comme avocate au barreau de Toulouse le 13 juillet 1903.

Après Olga Balachowski-Petit et Jeanne Chauvin, en décembre 1900, elle est la troisième femme à prêter serment.

Très vite, elle a le privilège d’être désignée pour défendre une femme accusée de meurtre devant la cour d’assises de Toulouse. Le 26 novembre 1903, elle devient la première avocate française à plaider devant un jury de cour d’assises.

Le jour du procès, le prétoire est comble pour une affaire banale mais c’est une femme qui va présenter sa plaidoirie. La femme accusée de meurtre n’est finalement condamnée qu’à une peine légère pour coups et blessures. Marguerite Dilhan reçut les félicitations de ses confrères et de la cour.

Toute la presse parle d’elle y compris à l’étranger tels ces articles publiés dans Freie Presse für Elsass-Lothringen, (Presse libre pour l'Alsace-Lorraine, sous la domination de la Prusse) ou encore dans Novoe vremja, (Nouvelle heure) à Saint Pétersbourg.

Marguerite Dilhan aura à plaider pour défendre des causes difficiles. Elle saura convaincre les jurés.

Elle est aussi très certainement la première femme à plaider devant un tribunal militaire en 1908. Elle défend deux soldats l’un pour vol, l’autre pour désobéissance devant le conseil de guerre de la 17eme armée.

La presse relate en détails chaque affaire qu’elle plaide. Elle est toujours citée Mademoiselle Dilhan, jamais Maitre. A une personne qui lui posait la question, elle répondra « Ces messieurs se défendent ainsi. Çà leur passera le jour où les femmes seront plus nombreuses ».

Marguerite Dilhan ne s’est pas contentée de plaider en Cour d’assises. Elle a accompagné des ouvriers devant le conseil des Prudhommes, des soldats en conseil de guerre, et des personnes au tribunal d’instance. Elle apporte son soutien dans des démarches administratives aux réfugiés espagnols de la Retirada.

Fervente catholique, elle est fortement engagée dans les associations de bienfaisance : la Ligue contre la tuberculose infantile, la Goutte de lait, la Société de patronage des libérés par le travail, les Violettes d’Eve.

Marguerite Dilhan est promue chevalier de la Légion d'honneur en 1933, puis officier de la Légion d'honneur en 1949.

Marguerite Dilhan s’éteint le 3 mars 1956, elle avait 80 ans. Ses obsèques ont lieu le 6 mars 1956 en la basilique Saint-Sernin de Toulouse, en présence de nombreux membres du Barreau et de Monseigneur Saliégequi qui était son ami. Tout le conseil de l'ordre des avocats de Toulouse était présent.

La ville de Toulouse a donné son nom à une rue non loin de la gare de Saint Martin du Touch et apposé une plaque à l'adresse de son cabinet, au 2 bis rue Gatien Arnoult.

Une rue de Miélan, dans le lotissement Lagrange, est à son nom. La dénomination en l’honneur de Marguerite Dilhan fut décidée sous le mandat de Louis Lacoste, maire, à la demande de Guy D’Aries, conseiller municipal, par délibération municipale le 29 juin 2006.

Dans le Gers, également, la commune de Saramon a choisi de donner le nom de Marguerite Dilhan à une de ses rues.

Photo principale : Audacieuses, ces femmes qui font l’Histoire. Extrait de l’exposition virtuelle du Conseil Départemental de Haute Garonne. 8 mars 2021.

Mielan recette buraliste 2.jpg
Mielan recette buraliste 2.jpg
Publicité
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles