Inquiétudes et colère au collège Gabriel Séailles

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L'année prochaine se prépare dans nos établissements scolaires du Gers et déjà de nombreuses inquiétudes agitent les équipes enseignantes.

En effet les moyens en heures ont été considérablement réduits par le rectorat, notamment dans nos petits établissements en milieu rural.

C'est pourquoi l'équipe du collège Gabriel Séailles de Vic a rédigé une lettre ouverte à ceux qui nous gouvernent que nous publions ci-dessous :

 

Lettre ouverte à ceux qui nous dirigent

Par l'équipe enseignante du collège Gabriel Séailles de Vic-Fézensac :

« Le premier rempart de notre République, c’est l’école. (…) L’égalité des chances, doit non seulement être un idéal mais aussi une réalité. »

Jean Castex, discours de politique générale, 15/07/2020.

Six mois se sont écoulés depuis cette prise de parole. Six mois, cela parait être hier... Souvenons-nous ... 

C'était l'époque où nos élus territoriaux et nos supérieurs hiérarchiques venaient nous voir, nous féliciter même du travail accompli lors du confinement. I

lls nous ont écoutés, attentifs et débordants d'empathie, échangeant avec nous sur la nécessité d'une vigilance accrue pour l'année à venir afin de minimiser l'impact du confinement sur la scolarité des élèves.

Ils ont assisté à la reprise des cours dans notre collège... Certains même avec émotion, le regard humide... « C'est extraordinaire... Bravo pour ce que vous faites... ».

Puis le couperet est tombé quinze jours plus tard : fermeture d'une classe de troisième !

De qui se moque-t-on ? Que fallait-il lire alors derrière ces sourires de façade ? Et quelle leçon en tirer ?

Doit-on ajouter l'enseignement de la duplicité en cours d'éducation morale et civique afin de mieux préparer nos chères têtes blondes à ce qui les attend ?

La « réalité » évoquée par monsieur le Premier Ministre n'est pas celle de l'égalité des chances.

Son confrère, Jean-Michel Blanquer vient de nous le prouver en opérant un tour de vis funeste pour l'année à venir.

À la rentrée 2021, pour un effectif plus important, le rectorat nous annonce 12 h d'enseignement en moins devant élèves.

Trois classes de quatrième seront regroupées en deux classes de troisième à 31 collégiens.

Les moyens supplémentaires alloués habituellement pour dédoubler les ateliers artistiques, les sciences expérimentales, les langues, n'ont pas été renouvelés.

31 élèves par classe pour apprendre une langue.

31 élèves par classe pour réaliser une expérience en chimie.

31 élèves par classe pour manipuler du matériel en toute sécurité.

La ruralité a aussi ses problèmes, même si elle les vit dans le silence, sans émeutes ni voitures brûlées.

La précarité existe aussi dans nos campagnes confrontées à la difficulté d'accès au numérique et à la culture.

Comment accepter alors la menace qui pèse sur les enseignements optionnels que sont l'occitan, le latin et la chorale ?

Comment maintenir le dispositif « Devoirs faits » instauré à la rentrée 2019 selon les directives ministérielles, alors que les moyens ne sont pas reconduits ?

Comment assurer la prise en charge individualisée des élèves, prônée par le ministère de l'Education nationale ?

Comment soutenir nos élèves en difficulté qui représentent plus de 20% de l'effectif de notre établissement ?

Il est des domaines où la logique comptable ne peut être reine. Les économies incohérentes finissent par donner des additions salées qu'il faudra payer un jour.

L'école de la République doit ouvrir les esprits, former les citoyens et les penseurs de demain.

Mais c'est un travail long qui nécessite du temps et des conditions favorables.

On ne peut impunément donner la priorité à l'école, s'émouvoir du meurtre de Samuel Paty et en même temps sacrifier ce bel outil de la République !

Le collège de Vic Fezensac n'est malheureusement pas le seul à être impacté par ces mesures drastiques.

Alors, même si nos ministres ont la mémoire bien courte et oublient bien vite leurs propos, remémorons-nous ces paroles de Jules Ferry : « Entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes, j'en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j'ai d'intelligence, tout ce que j'ai d'âme, de cœur, de puissance physique et morale, c'est le problème de l'éducation du peuple."

 

Si vous le souhaitez, vous pouvez apporter votre soutien aux enseignants et parents d'élèves du collège de Vic-Fezensac qui s'inquiètent pour l'avenir de l'éducation et de la culture en milieu rural en signant la pétition dont le lien est ci-dessous :

http://chng.it/NfrhzwDJz4

 

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