Jeudi 3 décembre 2020, le centre d’enfouissement des déchets du Houga, appartenant à Trigone (1), est le théâtre d’un exercice de cadres des sapeurs-pompiers du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) d’Auch. Le but de l’exercice est d’entraîner les officiers du SDIS à circonscrire et à maîtriser un feu de gaz (méthane) dans un centre d’enfouissement des déchets. Rappelons que les centres d’enfouissement sont bardés de tuyauteries destinées à récupérer le méthane qui émane naturellement des déchets en fermentation.
Enseignements de l’exercice
À la fin de l’exercice, le commandant Jean-Christophe Claverie, directeur de l’exercice (« commandant des opérations de secours » - COS), répond volontiers à nos questions.
25 officiers participent à l’exercice (aucun sous-officier). Chaque trimestre, les officiers du SDIS se rejoignent pour un exercice de cadres (2) sur un site sensible. Cette année, un départ de feu dans le centre d’enfouissement de Pavie a donné lieu à situer l’exercice, sans attendre, dans un centre d’enfouissement de Trigone.
Ces exercices permettent aux participants de visiter des sites sensibles, de mesurer les risques et de découvrir :
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leurs exploitants (ici Trigone) ; ceux-ci présentent les infrastructures de leurs sites,
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les élus locaux et le Plan de sauvegarde de leur ville.
Dans cet exercice, les fumées toxiques pouvaient s’étendre jusqu’au Houga et même jusqu’à Luppé-Violles.
Le meilleur moyen de stopper les fumées est de circonscrire l’incendie, mais, si elles ne sont pas trop montées en altitude, on peut utiliser des lances « queue de paon » qui génèrent un écran d’eau.
Dans la réalité, les sapeurs-pompiers se seraient préoccupés, en plus, de faire confiner les habitants de la zone menacée chez eux ou de les faire évacuer.
Déroulement de l’exercice
À 14 heures, les participants arrivent sur une corniche de terre où celle-ci recouvre une ancienne zone d’enfouissement qui domine l’actuel terrain d’enfouissement. Celui-ci a une surface de plusieurs hectares, dont une partie est régulièrement recouverte de terre. Il y a deux torchères dont une est éteinte. Au milieu du terrain, un compacteur (3) est « menacé par le feu ».
Le camion Poste de commandement (PC) arrive. Il est rapidement opérationnel et équipé d’un groupe électrogène. Son antenne est déployée et des officiers l’occupent.
Puis c’est le tour d’un drone qui décolle et reconnaît le terrain en transmettant ses vidéos au PC sur un écran également visible de l’extérieur.
À 15 heures, le commandant des opérations de secours apprend de Trigone que 4 000 m³ d’eau sont disponibles immédiatement et qu’une pelle mécanique va arriver dans une demi-heure pour évacuer le compacteur. On ne sait pas s’il reste encore du gaz dans les tuyaux (qui ont été fermés).
À 16 heures, compte tenu des données recueillies, trois officiers sont chargés d’établir un point de situation par écrit et de faire des prévisions sur l’évolution du sinistre à 1 heure et à 2 heures. Compte tenu de la pression du gaz dans les tuyaux et de la force du vent qui conditionne la distance d’expansion de l’incendie et des fumées.
16 h 30 : fin de l’exercice.
Des professionnels de santé participaient à l’exercice. Mission : prendre soin des sapeurs-pompiers.
(1) Trigone est le service public du Gers chargé du traitement des déchets des ménages des habitants du Gers, de la production et de la distribution d’eau potable et de l’assainissement collectif et non-collectif. (2) Un exercice de cadres est destiné à entraîner les cadres à prendre des décisions, à rendre compte et à réagir aux incidents fictifs introduits par le commandement. Il n’y a pas d’exécution réelle. (3) Le compacteur en question est une sorte de tracteur-bulldozer avec des rouleaux compresseurs armés de dents en guise de roues. Il est destiné à casser les déchets et à les tasser.