Deux montagnards de sinistre figure apparurent à Mazous traînant derrière eux trois loups enchaînés. Venant de Miélan, un des trois loups subitement brisa ses liens et s’enfuit dans la campagne.
La première créature vivante que rencontra le loup, se fut un pauvre chien. Attaquer le chien et le mettre en pièces fut l’affaire d’un bref moment. Apercevant un homme, le loup abandonna sa proie et se rua vers l’homme.
Mais cet homme était connu dans tout le pays pour son intrépidité. Canuse, c’était son nom, avait été soldat en Algérie. Il avait appris, dit-on, des Arabes, la manière de dompter les lions et les tigres du désert. En voyant le loup courir vers lui, il entoura sa main d’un mouchoir et fixa le regard du loup. Le loup marqua un temps d’arrêt comme étonné de cette ferme contenance. Mais de son instinct féroce, il s’élança sur Canuse. Enfonçant sa main dans la gueule du loup, l’homme lui arracha la langue. Le loup ne tarda pas à expirer.
Voyant son animal mort, un des deux montagnards entre dans une fureur telle qu’il se rua sur Cannuse. Il avait un gourdin, Canuse n’en avait pas. Dans la lutte Canuse brisa le bâton. Canuse fit rouler le montagnard terrassé dans la poussière. Canuse dut livrer une troisième bataille avec le second montagnard qui subit lui aussi le même sort que son compagnon.
Canuse avait aussi bon cœur. Il transporta les deux blessés chez lui, les soigna, les hébergea et les nourrit jusqu’à complète guérison. On assure que les deux autres loups ont apprécié aussi cette hospitalité.
Depuis cette action d’éclat, le brave Canuse est devenu dans la contrée l’objet d’une reconnaissance générale.