C’est un 14 juillet inédit que nous vivrons cette année sans feu d’artifice ni bal populaire…
Autrefois, on fêtait le 14 juillet dans les villages... mais pas dans tous, seulement dans ceux qui avaient un conseil municipal républicain.
Un ouvrier agricole à la retraite nous disait : « Je me souviens très bien de la leçon d’histoire sur le 14 juillet et surtout qu’on avait coupé la tête à un Louis - je ne sais plus lequel… -, de toutes façons, avec la tête, était tombée la royauté ! »
Cette année était une année exceptionnelle, le conseil municipal étant républicain dans sa totalité.
On mettait en place un programme, d’abord, les petits drapeaux tricolores dans les ruelles, puis le bal populaire avec un orchestre de musiciens républicains (accordéon et clarinette) juchés sur une estrade branlante entre deux comportes.
Un tonnelet de vin blanc était mis en perce.
Le boulanger du village qui avait changé d’opinion pour une soirée, fabriquait de délicieux gâteaux, des sortes de tartes sur lesquelles il écrivait avec du caramel « 14 juillet ».
Cette année exceptionnelle au niveau des élections se devait d’avoir un exploit dans le village : un apprenti charpentier grimpa par l’intérieur au sommet du clocher et y accrocha un énorme drapeau tricolore !
Se produisit aussi un incident !
Les mères qui chaperonnaient leurs filles au bal, se plaignaient d’être mal assises sur une planche.
La carillonneuse du village prit une initiative pour les soulager ; elle alla chercher dans l’église une douzaine de chaises paillées (pas les prie-Dieu).
Cela vint aux oreilles du conseil paroissial qui convoqua la carillonneuse pour une leçon de respect.
Elle nous confia plus tard que, lors de la graèro (collecte de blé pour son salaire de carillonneuse) dans certaines maisons, le sac revint vide, dans d’autres avec une mesure beaucoup plus restreinte !