Histoires d'autrefois : le jardin "extraordinaire" du grand-père

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C’était une bande de terre bordée par une haie, un petit ruisseau et deux mares.

C’est là que mon grand-père Albert passait la majeure partie de son temps.

Il pelle-versait des carrés de terre pour chaque type de légume.

Il semait haricots, carottes, pois, fèves. Il achetait au marché des centaines de plants de choux.

Je n’approuvais guère car il me mobilisait pour arroser.

Il tolérait difficilement que j’aille picorer dans les fraisiers. « C’est pour tout le monde », disait-il.

Le long de l’allée centrale poussaient des arbres fruitiers, pêchers, pruniers, poiriers.

Il était très fier lorsqu’il pouvait porter sur la table la première tomate qui avait rougi dans ses sillons.

Entre des morceaux de bois, il entretenait les fines herbes, persil, thym, romarin, de la bourrache pour les tisanes en hiver.

L’ail était aussi une plantation des plus conséquentes ; quand il arrivait à maturité, il en faisait de longues tresses, l’ail entrant dans beaucoup de plats.

Dans le ruisseau ou diverses rigoles, il cultivait le cresson.

En plus de son travail de la terre, il menait un combat contre les insectes prédateurs avec des moyens naturels sans produits toxiques.

Il tendait des pièges aux courtilières qui ravageaient ses tomates en plaçant sur leur passage des boîtes de conserve remplies d’eau de pluie.

Il capturait aussi les frelons grâce à des bouteilles remplies d’eau sucrée qui faisaient office de nasses.

Il y a aujourd’hui prescription, c’était en 1940, le grand-père avait récupéré des graines de tabac.

La plantation ne pouvait se faire qu’avec l’autorisation de l’administration.

Mon grand-père avait semé deux rangs de maïs dont les tiges montaient très haut et dans cette cachette, il avait semé le tabac.

Il eut des plants à larges feuilles qu’il traitait secrètement dans la grange.

Le tabac devenait « le gris » dont il était privé.

Avec la machine à couper les herbes de la volaille, il découpait les « manoques » (paquets de plans). Le tabac finissait dans un pot coupé en fins morceaux.

On pouvait rouler des cigarettes comme avant la guerre.

Il partageait ce trésor avec le curé d’un village qui venait tous les mois s’approvisionner….

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