Aujourd’hui, l’ours est au centre des débats animés par les bergers pyrénéens ; il est en effet un animal prédateur pour leurs élevages de brebis.
Dès la fin du XVIIIe siècle, l’ours était pourtant le gagne-pain des Ariégeois, en particulier dans les vallées de l’Alet et du Garbet.
Ces vallées étaient très peuplées, d’où une précarité qui conduisait la population à s’expatrier vers l’Espagne pour effectuer des travaux agricoles.
Les Ariégeois constatèrent alors que des bohémiens pouvaient tirer parti de l’ours en donnant des spectacles.
Ce métier remonte sûrement au Moyen Âge où un ours accompagnait les troubadours dans les soirées au château.
C’est, semble-t-il, un habitant d’Ustou (vallée d’Alet) qui dressa le premier ours et s’engagea sur les chemins.
L’ours était muselé par une solide muselière de fer et tenu par un épais cordage.
Le montreur d’ours choisissait le jour où il y avait du monde sur la place du village (sorties de messes, foires et marchés) pour présenter son spectacle.
Il se signalait par des grelots et l’ours se dressait à côté de l’homme, ce qui était particulièrement impressionnant !
Les gens faisaient cercle autour de l’homme et de la bête.
L’ours effectuait des numéros et faisait la quête en présentant le chapeau du dompteur.
Si la monnaie était trop rare dans le chapeau, le montreur menaçait de lâcher la bête ; les spectateurs fouillaient alors dans leurs poches à la recherche d’autres piécettes.
Le montreur retournait alors son chapeau et estimait ce que lui avait rapporté son spectacle.
Dans les villages, il était accueilli par les paysans qui lui offraient de la soupe, quelques légumes pour l’ours et de la paille pour se faire un dortoir.
Beaucoup d’Ariégeois partirent avec leur ours en Amérique où les attendaient quelques voisins déjà exilés.
Cette promenade des ours dura jusqu’à la fin de la guerre de 14 où les animaux furent confiés à des cirques ou des zoos.
Illustrations : cartes postales anciennes