Pendant le confinement, du moins au début, le gel hydroalcoolique, pourtant indispensable pour se protéger du virus, demeurait introuvable.
Il fallut donc se résoudre à en fabriquer avec de l’alcool, des huiles essentielles et de la crème adoucissante... avec des résultats plus ou moins heureux…
Nous étions "en guerre"…
Pendant la guerre de 39-45, c’était le savon qui manquait ; alors, on le fabriquait...
Nous avons retrouvé des recettes ….
Pour 1 kg de graisse : 3 litres d’eau, 250 g de soude caustique, 220 g de résine, 20 g d’alun, 20 g de talc
Chauffer l’eau et la graisse ensemble.
Mettre la résine à fondre dans le mélange chaud eau et graisse, puis ajouter la soude caustique juste avant l’ébullition.
Faire cuire tout doucement 3 heures en remuant, en ajoutant l’alun et le talc après 2 heures de cuisson.
Au bout des 3 heures de cuisson, verser le mélange chaud dans des récipients métalliques (souvent des boîtes à biscuits en fer blanc) pour qu’il refroidisse.
Couper le bloc obtenu en carrés ou rectangles.
La graisse utilisée était de la graisse de vache, car la graisse de porc était trop précieuse en alimentation.
Comme pour le gel hydroalcoolique, la qualité du savon obtenu n’était pas toujours optimale.
Lorsque la réaction chimique fonctionnait bien, le savon était brun clair et de consistance correcte.
Mais parfois le mélange ne prenait pas et le savon était tout poreux et léger.
On ajoutait parfois au mélange un peu de sable fin pour que le savon soit un peu rugueux ; c'était l'ancêtre des produits exfoliants.
Nous avons retrouvé aussi un récit du landais Pierre Grocq qui raconte ses souvenirs d’enfance :
« Nécessités de la guerre : il faut se faire du savon. Et c’est toute une histoire. Qui demande de la recherche, du savoir-faire et quelques matières premières difficiles à se procurer.
Heureusement, à Labenne, il y a une suifferie et le corps gras ne manque pas. Une usine de produits résineux et pas de difficultés pour se procurer de la colophane. Plus difficile est la fourniture en soude caustique. Il se trouve par chance qu’il existe, à Mougerre, l’usine des produits chimiques où travaillent la majorité des Basques du coin. Alors, pour la soude, il n’y a qu’à prendre le vélo et s’en aller à Saint-Pierre où justement on manque aussi de savon, mais où la liqueur de résine est introuvable, et faire le nécessaire échange de ce qu’on a et ce que l’on n’a pas.
Le tout mijote dehors dans une chaudière, sur un trépied. Le même qui, en d’autres occasions, sert à faire des boudins.
On a le goût et le savoir des herbes, dans la famille et on a ajouté à la pâte ce qu’il faut d’arômes cueillis sur la dune ou dans les bois, ce qu’il faut pour transformer la vague émulsion mijotante en quelque chose qui ait de l’odeur et, allez donc savoir, des vertus désinfectantes.
Car à cette époque, la gale règne et mange les mains et les pieds. (…)
Gale et savon nouveau confondus, il nous fallait passer au bain et à la brosse dure pour étrenner la cuvée nouvelle (…) »
Alors peut-être mettrez-vous à profit votre week-end pour fabriquer votre savon naturel !